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Etude de caractéristiques socio-sanitaires associées au diabète de type 2 dans la ville de Lubumbashi. cas du centre diabétologie Mellitus/CEDIA


par Ibrahim Mulolo Makenga
Institut supérieur des techniques médicales de Lubumbashi  - Licence 2022
  

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3. La neuropathie diabétique

La neuropathie diabétique est la forme de neuropathie la plus fréquente des pays occidentaux. C'est une complication plutôt tardive, elle touche la plupart des malades après 15 ou 20 ans de diabète. Il existe différents facteurs de risque de la neuropathie diabétique. Les deux principaux facteurs sont : la durée du diabète (on estime sa prévalence à 50 % chez les diabétiques dont la maladie évolue depuis plus de 20 ans) et le mauvais équilibre glycémique du diabète (TOTH C. et al, 2003).

D'autres facteurs de susceptibilité individuelle interviennent également, parmi eux : (Nejmeddine K.et al, 2020) :

· L'âge, la majorité des neuropathies diabétiques surviennent après l'âge de 50 ans ;

· Le sexe masculin ;

· La grande taille (en raison de la longueur des fibres nerveuses) ;

· Un tabagisme ou un alcoolisme associé ;

· Des facteurs nutritionnels (carences vitaminiques, dénutrition) ;

· L'hérédité peut augmenter le risque de survenue des neuropathies.

Le diagnostic de la neuropathie diabétique repose sur l'examen clinique, en particulier l'interrogatoire qui se base sur le questionnaire DN4. C'est un outil simple dont le but est de rechercher la présence de douleurs neuropathies chez le patient. D'autres critères moins spécifiques comme les plaintes fonctionnelles dues aux troubles du transit ou la dysfonction érectile sont à prendre en considération.

L'examen des pieds à l'aide d'un test au mono filament est systématique. Il s'agit d'un fil de nylon rigide que l'on applique en appuyant doucement jusqu'à ce qu'il se plie, sur la face plantaire des pieds. On évalue ensuite le résultat en fonction du nombre d'applications détectées par le patient. De plus, un ECG est réalisé annuellement au minimum chez tout diabétique. (GIN H., 2002) Le respect strict de l'équilibre glycémique du diabète reste à l'heure actuelle le seul traitement préventif spécifique de la neuropathie réellement efficace car l'hyperglycémie abaisse le seuil de la perception douloureuse. L'arrêt de la consommation éventuelle de tabac et d'alcool ainsi que la supplémentation en vitamine B permet de réduire les risques d'apparition ou d'aggravation des complications neuropathiques. Le traitement symptomatique des douleurs neuropathiques passe par l'utilisation d'antalgiques classiques mais aussi de certains antiépileptiques (gabapentine, prégabaline) et de certains antidépresseurs (fluoxétine, paroxétine) (JEANNE S.et al, 2012).

b.Macro angiopathies

Les macros angiopathies regroupent les atteintes vasculaires des artères musculaires de moyen et gros calibre (> 200 microns). Elles sont dues à la sclérose des vaisseaux (athérosclérose) secondaires à un dépôt à l'intérieur des vaisseaux, appelé plaque d'athérome. Ce dépôt entraîne un rétrécissement des artères qui va être à l'origine de nombreux signes cliniques. Les macros angiopathies se distinguent dans le diabète par leur précocité (athérosclérose accélérée), leur plus grande fréquence et leur sévérité (par exemple, les infarctus du myocarde sont plus souvent mortels). Parallèlement aux progrès des traitements hypoglycémiants et anti-infectieux, l'athérosclérose est devenue la principale cause de décès des diabétiques, bien avant les comas métaboliques et les complications infectieuses (BERTIN E., 2000).

Les artères qui vont être les plus touchées se situent : (BERTIN E., 2000)

§ Au niveau du coeur, ce sont les artères coronaires qui se bouchent (coronaropathie), entraînant l'angor ou angine de poitrine avec un risque d'infarctus du myocarde multiplié par 3 chez les patients diabétiques. Différents examens vont permettre de détecter ces complications coronaires, parmi lesquels un ECG de repos, une épreuve d'effort tous les 3 ans ou encore une coronarographie (avec injection de produits de contrastes iodés) ;

§ Au niveau des artères des jambes, le risque de développer une artérite oblitérante des membres inférieurs (AOMI) avec ses complications de gangrène pouvant aboutir à l'amputation est multiplié par 10 chez le diabétique. Ces artérites apparaissent en général vers l'âge de 35 ans, leur apparition étant favorisée par le tabac et un régime riche en lipides et en glucides. Le dépistage se fait à l'aide d'une échographie de Doppler des artères des membres inférieurs ou d'une artériographie.

§ Au niveau des artères du cou, le risque majeur est la survenue d'un accident vasculaire cérébral (AVC), avec toutes les séquelles que cela implique comme l'hémiplégie par exemple. Le diabète de type 2 est un facteur prédictif majeur d'AVC dont le risque est multiplié par 3. Ce risque relatif est encore plus important chez la femme ou le sujet jeune.

L'étape du dépistage des macros angiopathies consiste à identifier les facteurs de risque cardiovasculaire (VALESIN et COSSON E., 2014) :

ü L'âge (> 50 ans chez l'homme et > 60 ans chez la femme) ;

ü La durée du diabète : au-delà de 10 ans, le risque s'accroît et ce de façon très marquée si le diabète a été mal contrôlé ;

ü Les antécédents familiaux d'accident cardiovasculaire précoce : infarctus du myocarde, AVC ou mort subite avant 55 ans chez le père ou chez un parent du 1er degré de sexe masculin ; infarctus du myocarde, AVC ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou chez un parent du 1er degré de sexe féminin ;

ü Le tabagisme (tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans) ;

ü L'obésité (IMC > 30 kg/m2) ;

ü La sédentarité (manque d'activité physique régulière) ;

ü La consommation excessive d'alcool (plus de 3 verres de vin par jour chez l'homme, et 2 verres par jour chez la femme) ;

ü L'hypertension artérielle, traitée ou non, favorise l'artérite, l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral LDLc< 1,9 g/L est réservé aux patients sans aucun facteur de risque additionnel, dépourvus de micro angiopathies et dont le diabète évolue depuis moins de 5 ans.

ü LDLc< 1,6 g/L chez les patients présentant 1 seul facteur de risque additionnel.

ü LDLc< 1,3 g/L chez les patients présentant au moins deux facteurs de risque additionnels à un diabète évoluant depuis moins de 10 ans ;

ü LDLc< 1 g/L chez les patients ayant une atteinte rénale ou un diabète évoluant depuis plus de 10 ans et au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire. Ces patients ont un risque supérieur à 20 % de faire un événement coronarien dans les 10 prochaines années ;

ü L'association entre risque vasculaire et augmentation même modérée de la glycémie est démontrée. Cependant, même un contrôle correct de la glycémie et de la tension ne permet pas à lui seul de prévenir ce risque. L'application de règles hygiéno-diététiques comprenant la lutte contre la sédentarité et le surpoids, la pratique d'activité physique régulière.

c.Le pied diabétique

La survenue d'une plaie du pied est une complication redoutée par les patients diabétiques. Le pied diabétique a la particularité d'être une association entre les micro angiopathies et les macro angiopathies. Trois mécanismes sont impliqués : la neuropathie avec perte de la sensibilité, les blessures passant alors inaperçues, l'artériopathie, qui expose à une ischémie des plaies retardant la cicatrisation et l'infection, favorisée par le déséquilibre glycémique. Au cours de sa vie, un diabétique sur dix subira au moins une amputation d'orteil. Au moins la moitié pourrait être évitée : la prévention est primordiale pour éviter la survenue de plaie du pied (RICHARD J., 2009).

Les manifestations du pied diabétique sont différentes et varient en fonction de la personne et de la gravité du diabète. Parmi les symptômes les plus courants de cette complication, on retrouve (Ha VAN G.et al, 2011) :

§ Picotements ou sensations de petites décharges électriques au niveau des pieds (particulièrement la nuit) ;

§ Sensibilité douloureuse et thermique réduite au niveau des pieds (neuropathie sensorielle) ;

§ Hyperkératose, cors, durillons et ampoules fréquentes entraînent un risque de fragilisation osseuse.

· Coupures et blessures cutanées résultant d'un dysfonctionnement du système cardiovasculaire. Elles entraînent un risque accru d'infections et d'ulcères hémorragiques, qui peuvent, s'ils ne sont pas pris en charge correctement, évoluer en gangrène en très peu de temps ;

· Cicatrisations difficiles causées par une maladie artérielle périphérique ;

· Déformations des pieds causées par une diminution de la capacité musculaire. Cela peut entraîner un changement de posture qui entraine une répartition du poids sur différents points du pied ;

· Altérations de la couleur des pieds dues à des problèmes circulatoires au niveau des membres inférieurs ;

· Pieds constamment froids ;

· Infections bactériennes et fongiques du pied, plus fréquentes en raison de l'excès de glucose dans le sang qui affecte le système immunitaire.

Tout patient diabétique doit avoir chaque année un test au mono filament. Si le patient ne ressent pas à 2 reprises la pression du mono filament, il est à risque de plaie (MARTINI J., 2008).

En plus du contrôle régulier de la glycémie une hygiène soignée du pied est toujours indispensable pour prévenir et prendre en charge les symptômes du pied diabétique. Le pronostic des pieds diabétiques est globalement mauvais, les plaies récidivent souvent. Les mesures préventives concernent les patients à risque de pied diabétique, autrement dit ceux souffrant d'une obstruction des artères de la jambe et du pied (artérite des membres inférieurs) et ceux souffrant de neuropathie car celle-ci altère les sensations de douleur et modifie la sensibilité (MARTINI J., 2008).

Tout patient diabétique à risque podologique doit bénéficier d'un programme d'éducation thérapeutique pour recevoir une éducation spécifique pour la prévention des plaies du pied (BOUILLET B., 2020) :

v Ne pas marcher pieds nus ;

v Ne pas couper les ongles mais plutôt les limer ;

v Ne pas enlever les cors ou les callosités avec des instruments tranchants mais les poncer ;

v Ne pas utiliser de substances corrosives telles que des coricides ;

v Ne pas utiliser de bouillotte ou de coussin électrique pour se réchauffer les pieds ;

v Inspecter les pieds chaque jour, avec l'aide d'un miroir si nécessaire ;

v Vérifier l'absence de corps étranger dans les chaussures avant de les enfiler ;

v Laver les pieds chaque jour à l'eau tiède et les sécher soigneusement, surtout entre les orteils ;

v Hydrater les pieds quotidiennement en cas de sécheresse de la peau (crème hydratante) ;

v Recourir régulièrement à des soins de pédicurie auprès d'un podologue ;

v Porter des chaussures adaptées en cuir, larges, avec des semelles souples, sans brides ou lanières, sans coutures intérieures, et fermées ;

v Porter des chaussettes de coton, de laine, ou de soie ;

v Eviter les élastiques qui sert le mollet ;

La mise en décharge des plaies du pied diabétique jusqu'à guérison totale est une composante fondamentale de toutes les recommandations de prise en charge en association aux soins locaux. L'antibiothérapie n'est pas systématique, mais réservée aux plaies infectées cliniquement (LEPEUT M, 2016).

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