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Les facteurs d'échec des filles au BEPC: cas du CEG5 de Zinder


par Ari Maman Bedeimi
Universite André Salifou de Zinder - Master en sciences de l'éducation option statistique et planification en education 2019
  

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CHAPITRE II CLARIFICATION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE 

2.1 Clarification des concepts 

Durkheim (1955) conseille de définir toujours les concepts afin de les démasquer de la confusion qui caractérise le sens commun. Aussi, voudrions-nous à présent proposer des définitions aux concepts de travail.

2.1.1 L'échec scolaire 

L'échec scolaire se définit d'abord comme un dysfonctionnement dans le déroulement de la scolarité. Il consiste en un redoublement ou l'arrêt de la scolarité.1(*)

C'est aussi le revers éprouvé par quelqu'un qui voit ses calculs (scolaires) déjoués ses espérances trompées. C'est l'insuccès.2(*)

Dans le cadre de notre étude, nous ignorerons à dessein l'aspect redoublement ou abandon pour ne garder que le non-admission à un examen notamment le BEPC.

2.1.2 Examen scolaire

Un examen est une épreuve que l'on réalise afin de tester ses connaissances sur une matière donné.

Aussi le terme d'examen a un lien avec le concept d'évaluation, qui veut dire estimer, apprécier ou calculer la valeur de quelque chose. En ce sens, on appelle tests d'évaluation aux examens scolaires.

Ainsi au sens large et par extrapolation les examens de fin de cycle sont aussi des évaluations visant à juger si l'élève est capable de passer au cycle supérieur.

2.1.3 Performance scolaire 

Degré de réussite scolaire, jour après jour, fondée sur une progression de l'élève dans les trois dimensions qui s'apprennent à l'école que sont les matières enseignées, les attitudes et comportements constructifs de la compréhension du monde.

Cependant par rapport à notre sujet nous voulons par performance la capacité d'un élève à montrer qu'il maitrise tel ou tel matière car en partie sa réussite aux examens dépendra beaucoup de ses performances élevées dans des matières comme les maths et le français.

2.1.4 Contexte familial

Le contexte familial ne peut avoir son sens si on le définissait ensemble. Le mieux c'est de voir mot en mot pour ensuite donner la notion.

Ainsi le premier mot qui est contexte signifie un ensemble des circonstances dans lesquelles se produit un fait.

Quant au second mot familial est un adjectif qui est relatif à la famille ou qui se rapporte à la famille.

Ainsi le contexte peut tout simplement signifie comme les moments où un événement survient et qui est intimement lié à la famille.

Par rapport à notre thème nous voudrions lier par exemple l'échec au BEPC à la famille de l'élève.

*1 Dictionnaire petit Robert 2000

*2 Idem

2.2 La revue de la littérature 

Dans un travail de mémoire, le rôle de la revue de la littérature consiste à faire le point des connaissances acquises sur un sujet. Pour se faire il faut inventorier les études déjà réalisées dans ce domaine. Les documents écrits (ouvrages, articles site web etc.) que l'étudiant à exploiter sont censés avoir un rapport avec le sujet choisi.

Dans le cadre de cette revue, plusieurs documents ayant trait à la question d'échec scolaire d'abord et d'échec aux examens, aux facteurs d'échec aux examens, à la stratégie adoptée pour y remédier aux échecs ont servi pour faire l'état de la question en rapport avec le sujet. Pour le cas précis de cette recherche, les thématiques ci-dessus évoquées sont regroupées en trois grands thèmes qui sont ; échec scolaire et motivation, échec scolaire et contexte familial et social et culturel échec scolaire et programme.

La perception que l'élève a de sa compétence : si l'élève ne se sent pas capable de réussir, s'il n'a pas confiance en lui, il ne sera pas motivé pour faire les efforts voulus. Plus l'enfant est sûr de sa réussite il réussit.

La considération que l'élève a de la valeur d'un apprentissage. L'enfant ne peut apprendre qui cela a du sens pour lui, s'il apprend des choses qui l'intéressent et s'il sait à quoi cela va lui servir.

La perception du contrôle que l'élève exerce sur un apprentissage : l'enfant qui pense qu'il ne contrôle pas ce qu'il apprend, qu'il n'a aucune responsabilité dans ses réussites ou ses échecs, ne peut pas non plus être motivé.

2.2.1 La revue au plan théorique

Une revue de la littérature est avant tout soutenue par des écrits théoriques. Il s'agit en effet dans le cadre de ce travail de mettre en relief les théories explicatives de l'échec en général mais de l'échec aux examens. Ainsi nous allons en ce qui nous concerne parlerdes grandes théories qui expliquent l'échec scolaire comme la reproduction sociale, le déterminisme, les théories socio cognitivistes etc.

2.2.1.1 La théorie de la reproduction sociale

Cette théorie a surtout un fondement sociologique. Elle se définit comme une pratique sociale relative à la famille, qui consiste à maintenir une position sociale d'une génération à l'autre par la transmission d'un patrimoine, qu'il soit matériel ou immatériel. Ce phénomène connu se traduit aujourd'hui par le fait par exemple qu'un fils d'ouvrier a plus de chance de devenir ouvrier que de quitter sa classe sociale et de même qu'un fils d'un cadre aura plutôt tendance à devenir cadre à son tour que de changer de classe sociale.

En effet plusieurs auteurs ont étudié ou disons qui est à la base de cette théorie.il s'agit entre autres de Karl Marx, qui s'intéressait particulièrement à l'accumulation et à la reproduction du capital.

Le phénomène de la reproduction sociale est étudié aussi par Pierre Bourdieu et Jean Claude Passerons dans les héritiers, paru en 1964. Ils montrent par l'exemple des étudiants et comment la position sociale des parents constitue un héritage pour les enfants, certains héritant de bonne position sociale ; d'où les héritiers (tandis que d'autres au contraire sont les déshérités.)

Quant à Raymond Boudon dans l'inégalité des chances, parues en 1973, il étudie la mobilité sociale des étudiants et montre que le facteur le plus important de l'inégalité scolaire est la demande d'éducation, autrement dit l'ambition scolaire des étudiants et de leurs parents, l'origine sociale apparaissant comme un facteur de second rang.

En effet pour ces auteurs l'un est influencé par son milieu dans sa réussite ou son échec scolaire. Cela voudrait dire que les enfants dont les parents sont pauvres risquent de finir pauvre comme leurs parents.

2.2.1.2 La théorie du déterminisme

Le déterminismeest une théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents. C'est en effet Claude Bernard (1813-1878) qui a introduit le terme du « déterminisme » dans le vocabulaire scientifique.

Plusieurs auteurs ont aussi étudié la théorie du déterminisme. Pour Claude Bernard, le déterminisme est la condition de la compréhension scientifique et de l'étude expérimentale de la nature, il soin de distinguer cet usage de terme de celui qui a pu en être fait en philosophie où il est pour lui synonyme de négation du libre arbitre ou du fatalisme.

Considéré comme le père de la sociologie moderne Emile Durkheim place le fait social au coeur de la discipline, considérant celui-ci comme l'objet même de la sociologie. Le fait social se caractérise, entre autres par son extériorité et surtout par son pouvoir coercitif.

Pour Pierre Bourdieu qui a créé le concept d'habitus envisage selon un paradigme holiste par déterminisme social, permet d'établir une première rupture avec son acceptation héritée du fait social. En effet l'habitus constitue certes une matrice des comportements qui favorise la reproduction sociale.

2.2.1.3 Les théories sociocognitives

La théorie sociocognitive, utilisée en psychologie de l'éducation et communication, pose qu'en partie l'acquisition des connaissances d'un individu peut être directement liée à l'observation d'autrui dans le cadre des interactions sociales, d'expériences et en dehors de l'influence des médias.

Aussi ces théories sociocognitives sur l'éducation prônent le primat des facteurs culturels dans la construction des connaissances. Cela veut dire que des considérations d'ordre culturel ont un impact sur la réussite ou l'échec de l'enfant.

Parmi l'application de la théorie sociale cognitive, on trouve de travaux basés sur le concept d'auto-efficacité que Bandura a défini, en particulier des travaux deCompeau et Higgins sur l'effet d'auto-efficacité technologie sur l'apprentissage et l'appropriation des outils numériques.

2.2.2 La revue au plan empirique

La revue de la littérature au plan empire implique les travaux des auteurs, revues ou mémoires qui ont parlé du thème de notre recherche ainsi que de tous les concepts qui se rapprochent également du thème. Il le dire il nous avait été facile d'avoir des écrits qui cadrent spécifiquement de notre thème.

Néanmoins nous avons pu avoir que nous avons regroupé en : échec scolaire et performance, échec scolaire et contexte familial, échec scolaire et contexte socio-culturel échec scolaire et considération psychologique etc. par ailleurs nous exposerons des travaux de mémoire qui ont étudié le thème de l'échec en général car l'échec et un tout.

2.2.2.1 L'échec scolaire et performance

Cette forme d'échec est liée intimement à la performance de l'enfant. En effet les notes comptent beaucoup dans la réussite ou l'échec de l'élève surtout s'il est nul dans des matières clés comme les maths, la physique ou le français.

Bernard Rivière, dans les jeunes et les représentations sociales de la réussite spécifique « la réussite scolaire correspond à la notion dite traditionnelle de performance exprimée par les résultats obtenus et l'ordre d'enseignement atteint ». Lareprésentationsociale de la réussite scolaire peut sembler alors limitée à la simple obtention des notes jugées bonnes.

Cependant l'auteur s'évertue aussi dans son livre à décrire la représentation de la réussite personnelle qu'il rattache à l'accomplissement de soi.

La réussite scolaire est liée à des valeurs traditionnelles orientées vers l'excellence et la performance, cependant il y sans doute des parallèles à faire entre la réussite scolaire et la réussite personnelle avec d'un côté l'idée selon laquelle la réussite scolaire (au sens du rendement scolaire) est le préalable de la réussite personnelle.

Par opposition à la réussite scolaire, l'échec peut êtreperçu comme une défaillance en termes de résultats scolaires. S'ensuit logiquement un sentiment d'incapacité acquise du fait de l'attribution de l'échec à des causes endogènes par exemple, le sentiment d'avoir une intelligence lente, des troubles de comportement ou encore une démotivationintrinsèque.

Chez beaucoup d'enseignants d'ailleurs, l'échec est lié à une cause propre au développement de l'enfant. Cependant des éléments périphériques gravitent autour de l'élève et viennent interagir avec lui.

Pour Perrenoud (2002) la réalité construite autour des représentations de la réussite ou de l'échec peut prendre une forme coercitive pour l'élève si l'école se limite à un rôle de juge en tranchant entre ce qu'elle considère être la réussite et ce qu'elle considère comme échec.

Pour Touré (2000) cependant la réussite et l'échec sont également la responsabilité partagée des acteurs qui créent ces représentations. Pourtant de ce constat, c'est à l'école de contribuer à développer une représentation claire du rôle respectif de l'élève et des enseignants face à la réussite scolaire.

2.2.2.2 Echec scolaire et contexte familial

Pare-Kaboré note que la structure de la famille, la classe sociale, le niveau économique, la dynamique sociale de la famille, les modes de prise en charge des enfants, le niveau d'instruction du père et de la mère, le statut du ménage, la taille de la famille, les commodités domestiques, les moyens financiers, les couts des fournitures, les frais de scolarité, les couts directs et les couts d'opportunité de la scolarisation des filles, etc. ont un impact direct sur la scolarisation des filles. (Paré-Kaboré 1995)

Chabert-MenagerG (1996) présente un ensemble de difficultés : la distance géographique entre le domicile et l'école, les difficultés qui font référence aux régions sous-développées du point de vue économique, aux ressources matérielles et humaine de l'école, aux influences négatives des environnements culturels à l'existence d'une population minoritaire.

Pour Bourdieu et Passeron (1964) se basant sur la théorie de la reproduction sociale pensent que la réussite ou l'échec scolaire de l'enfant est lié aux conditions sociales de leurs familles.

Il est évident que les défaillances de la famille, ses aspirations excessives ou au contraire, trop modestes, peuvent créer une source de difficultés importantes pour l'avenir de l'enfant.

Les élèves jouissent dans leur environnement familial des conditions de vie et d'une ambiance culturelle très différente. Tout favorise les élèves des milieux élevées dans la hiérarchie sociale. Confort du logement possibilité de s'isoler et travailler dans des bonnes conditions, aide dans le travail scolaire, conversations familiales en particulier. Là où la famille aide efficacement, il a peu d'échec. (Komivi OGOUWA)

Cependant lorsque les familles n'ont pas la possibilité de contribuer à l'éducation de leurs enfants dans le sens des travaux scolaires, le taux d'échec est plus fort. Plusieurs élèves ne comptent pas sur l'école, du fait qu'ils ne disposent pas du relais familial de la culture.

Eastman (1988) cité par Jimmy CALIXTE (2007) mentionne que les parents qui ont des aspirations scolaires réalistes, tendent à apporter une aide plus substantielle et significative à son enfant. Ces derniers interagissent mieux avec leurs enfants, les rassurent et les mettent en confiance. L'auteur souligne que ce type d'aspiration des parents favorise la réussite de l'enfant.

Borus et Carpenter toujours cité par Jimmy CALIXTE (2007) en abordant l'influence du niveau socio-économique des parents sont arrivés à la conclusion que les familles vivant sous le seuil de la pauvreté éprouvent souvent des difficultés à offrir leur soutien pour les devoirs et les leçons, cette incapacité augmente ainsi les risques d'échec et de redoublement des enfants vivants dans les milieux défavorisés.

2.2.2.3 Echec scolaire et contexte socioculturel

L'échec scolaire et contexte socioculturel renvoi à des facteurs sociaux et culturels qui favorisent l'échec scolaire en général et l'échec aux examens en particulier. Les facteurs sociaux font allusion à des éléments comme la scolarisation des parents, l'origine ethnique, la langue parlée à la maison, la composition familial le nombre d'enfants etc.

Les facteurs culturels quant à eux renvoient à des éléments comme la différence de culture de race ou à des phénomènes comme l'immigration etc.

Pour Ouattara Maimouna (2011) dans « la problématique du maintien des filles dans l'enseignement secondaire au Burkina Faso : état de lieux et efficacité de la politique en la matière, cas de la province du Kadiogo », met en lumière les facteurs principaux de la déperdition qui sont entre autres :

- La mauvaise gestion de la sexualité, la pauvreté, la situation précaire des parents ou de la famille.

- Concernant l'accès des filles à l'école les principaux motifs pour elle restent les pesanteurs socio-culturelles, l'insuffisance de l'offre éducative et le manque de moyens financiers.

Quant à Marc PILON dans « confiage scolaire en Afrique de l'ouest » (2003), fait une importante communication sur les conditions de scolarisation des filles sous tutorat en ville. La question de confiage scolaire en Afrique est ambivalente et complexe. Si le confiage est considéré dans d'autres circonstances comme moyen efficace de promotion de la scolarisation pour certains élèves, il constitue pour d'autres une pratique entravante voire annulant les efforts de scolarisation.

De plus l'école reste la seule et unique voie d'accès à la culture et cela tout au long de leur parcours ; elle serait la voie royale de la démocratisation de la culture. Si les élèves de milieu défavorisé sont peu réceptifs à cette culture, c'est par souci de protectionnisme vis-à-vis de cette nouvelle culture aliénante. A ce sujet Bourdieu est catégorique « pour les fils d'ouvriers, d'employés ou des petits commerçants, l'acquisition de la culture scolaire est acculturation » (BOURDIEU, PASSERON, 1964, p37).

Soutenant la thèse du rendement par l'obstacle linguistique, KI-ZERBO (2010) soutient que l'éducation en Afrique noire est en inadéquation quantitative mais surcout qualitative par rapport aux besoins et réalités socio-culturels de l'Afrique. En effet, l'éducation en Afrique est assimilationniste et vise à faire des Africains des Européens par la tête vue que le programme d'enseignement est basé sur celui de la puissance coloniale

De plus l'élève est un acteur principal dans le processus d'apprentissage et, par ricochet, dans la recherche des causes pouvant affecter sa performance scolaire. Des recherches démontrent que les facteurs individuels tels que l'âge, attitudes envers l'école, les antécédents scolaires et les responsabilités familiales de l'élève agissent sur ses résultats scolaires (Ayiga, 1997 ; Diallo, 2000).

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