CHAPITRE II CLARIFICATION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA
LITTERATURE
2.1 Clarification des concepts
Durkheim (1955) conseille de définir toujours les
concepts afin de les démasquer de la confusion qui caractérise le
sens commun. Aussi, voudrions-nous à présent proposer des
définitions aux concepts de travail.
2.1.1 L'échec scolaire
L'échec scolaire se définit d'abord comme un
dysfonctionnement dans le déroulement de la scolarité. Il
consiste en un redoublement ou l'arrêt de la
scolarité.1(*)
C'est aussi le revers éprouvé par quelqu'un qui
voit ses calculs (scolaires) déjoués ses espérances
trompées. C'est l'insuccès.2(*)
Dans le cadre de notre étude, nous ignorerons à
dessein l'aspect redoublement ou abandon pour ne garder que le non-admission
à un examen notamment le BEPC.
2.1.2 Examen scolaire
Un examen est une épreuve que l'on réalise
afin de tester ses connaissances sur une matière donné.
Aussi le terme d'examen a un lien avec le concept
d'évaluation, qui veut dire estimer, apprécier ou calculer la
valeur de quelque chose. En ce sens, on appelle tests d'évaluation aux
examens scolaires.
Ainsi au sens large et par extrapolation les examens de fin de
cycle sont aussi des évaluations visant à juger si
l'élève est capable de passer au cycle supérieur.
2.1.3 Performance scolaire
Degré de réussite scolaire, jour après
jour, fondée sur une progression de l'élève dans les trois
dimensions qui s'apprennent à l'école que sont les
matières enseignées, les attitudes et comportements constructifs
de la compréhension du monde.
Cependant par rapport à notre sujet nous voulons par
performance la capacité d'un élève à montrer qu'il
maitrise tel ou tel matière car en partie sa réussite aux examens
dépendra beaucoup de ses performances élevées dans des
matières comme les maths et le français.
2.1.4 Contexte familial
Le contexte familial ne peut avoir son sens si on le
définissait ensemble. Le mieux c'est de voir mot en mot pour ensuite
donner la notion.
Ainsi le premier mot qui est contexte signifie un ensemble des
circonstances dans lesquelles se produit un fait.
Quant au second mot familial est un adjectif qui est relatif
à la famille ou qui se rapporte à la famille.
Ainsi le contexte peut tout simplement signifie comme les
moments où un événement survient et qui est intimement
lié à la famille.
Par rapport à notre thème nous voudrions lier
par exemple l'échec au BEPC à la famille de
l'élève.
*1 Dictionnaire petit Robert 2000
*2 Idem
2.2 La revue de la
littérature
Dans un travail de mémoire, le rôle de la revue
de la littérature consiste à faire le point des connaissances
acquises sur un sujet. Pour se faire il faut inventorier les études
déjà réalisées dans ce domaine. Les documents
écrits (ouvrages, articles site web etc.) que l'étudiant à
exploiter sont censés avoir un rapport avec le sujet choisi.
Dans le cadre de cette revue, plusieurs documents ayant trait
à la question d'échec scolaire d'abord et d'échec aux
examens, aux facteurs d'échec aux examens, à la stratégie
adoptée pour y remédier aux échecs ont servi pour faire
l'état de la question en rapport avec le sujet. Pour le cas
précis de cette recherche, les thématiques ci-dessus
évoquées sont regroupées en trois grands thèmes qui
sont ; échec scolaire et motivation, échec scolaire et
contexte familial et social et culturel échec scolaire et programme.
La perception que l'élève a de sa
compétence : si l'élève ne se sent pas capable de
réussir, s'il n'a pas confiance en lui, il ne sera pas motivé
pour faire les efforts voulus. Plus l'enfant est sûr de sa
réussite il réussit.
La considération que l'élève a de la
valeur d'un apprentissage. L'enfant ne peut apprendre qui cela a du sens pour
lui, s'il apprend des choses qui l'intéressent et s'il sait à
quoi cela va lui servir.
La perception du contrôle que l'élève
exerce sur un apprentissage : l'enfant qui pense qu'il ne contrôle
pas ce qu'il apprend, qu'il n'a aucune responsabilité dans ses
réussites ou ses échecs, ne peut pas non plus être
motivé.
2.2.1 La revue au plan théorique
Une revue de la littérature est avant tout soutenue par
des écrits théoriques. Il s'agit en effet dans le cadre de ce
travail de mettre en relief les théories explicatives de l'échec
en général mais de l'échec aux examens. Ainsi nous allons
en ce qui nous concerne parlerdes grandes théories qui expliquent
l'échec scolaire comme la reproduction sociale, le déterminisme,
les théories socio cognitivistes etc.
2.2.1.1 La théorie de la reproduction
sociale
Cette théorie a surtout un fondement sociologique. Elle
se définit comme une pratique sociale relative à la famille, qui
consiste à maintenir une position sociale d'une génération
à l'autre par la transmission d'un patrimoine, qu'il soit
matériel ou immatériel. Ce phénomène connu se
traduit aujourd'hui par le fait par exemple qu'un fils d'ouvrier a plus de
chance de devenir ouvrier que de quitter sa classe sociale et de même
qu'un fils d'un cadre aura plutôt tendance à devenir cadre
à son tour que de changer de classe sociale.
En effet plusieurs auteurs ont étudié ou disons
qui est à la base de cette théorie.il s'agit entre autres de Karl
Marx, qui s'intéressait particulièrement à l'accumulation
et à la reproduction du capital.
Le phénomène de la reproduction sociale est
étudié aussi par Pierre Bourdieu et Jean Claude Passerons dans
les héritiers, paru en 1964. Ils montrent par l'exemple des
étudiants et comment la position sociale des parents constitue un
héritage pour les enfants, certains héritant de bonne position
sociale ; d'où les héritiers (tandis que d'autres au
contraire sont les déshérités.)
Quant à Raymond Boudon dans l'inégalité
des chances, parues en 1973, il étudie la mobilité sociale des
étudiants et montre que le facteur le plus important de
l'inégalité scolaire est la demande d'éducation, autrement
dit l'ambition scolaire des étudiants et de leurs parents, l'origine
sociale apparaissant comme un facteur de second rang.
En effet pour ces auteurs l'un est influencé par son
milieu dans sa réussite ou son échec scolaire. Cela voudrait dire
que les enfants dont les parents sont pauvres risquent de finir pauvre comme
leurs parents.
2.2.1.2 La théorie du
déterminisme
Le déterminismeest une théorie philosophique
selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont
causés par leurs antécédents. C'est en effet Claude
Bernard (1813-1878) qui a introduit le terme du
« déterminisme » dans le vocabulaire
scientifique.
Plusieurs auteurs ont aussi étudié la
théorie du déterminisme. Pour Claude Bernard, le
déterminisme est la condition de la compréhension scientifique et
de l'étude expérimentale de la nature, il soin de distinguer cet
usage de terme de celui qui a pu en être fait en philosophie où il
est pour lui synonyme de négation du libre arbitre ou du fatalisme.
Considéré comme le père de la sociologie
moderne Emile Durkheim place le fait social au coeur de la discipline,
considérant celui-ci comme l'objet même de la sociologie. Le fait
social se caractérise, entre autres par son extériorité et
surtout par son pouvoir coercitif.
Pour Pierre Bourdieu qui a créé le concept
d'habitus envisage selon un paradigme holiste par déterminisme social,
permet d'établir une première rupture avec son acceptation
héritée du fait social. En effet l'habitus constitue certes une
matrice des comportements qui favorise la reproduction sociale.
2.2.1.3 Les théories
sociocognitives
La théorie sociocognitive, utilisée en
psychologie de l'éducation et communication, pose qu'en partie
l'acquisition des connaissances d'un individu peut être directement
liée à l'observation d'autrui dans le cadre des interactions
sociales, d'expériences et en dehors de l'influence des
médias.
Aussi ces théories sociocognitives sur
l'éducation prônent le primat des facteurs culturels dans la
construction des connaissances. Cela veut dire que des considérations
d'ordre culturel ont un impact sur la réussite ou l'échec de
l'enfant.
Parmi l'application de la théorie sociale cognitive, on
trouve de travaux basés sur le concept d'auto-efficacité que
Bandura a défini, en particulier des travaux deCompeau et Higgins sur
l'effet d'auto-efficacité technologie sur l'apprentissage et
l'appropriation des outils numériques.
2.2.2 La revue au plan empirique
La revue de la littérature au plan empire implique les
travaux des auteurs, revues ou mémoires qui ont parlé du
thème de notre recherche ainsi que de tous les concepts qui se
rapprochent également du thème. Il le dire il nous avait
été facile d'avoir des écrits qui cadrent
spécifiquement de notre thème.
Néanmoins nous avons pu avoir que nous avons
regroupé en : échec scolaire et performance, échec
scolaire et contexte familial, échec scolaire et contexte socio-culturel
échec scolaire et considération psychologique etc. par ailleurs
nous exposerons des travaux de mémoire qui ont étudié le
thème de l'échec en général car l'échec et
un tout.
2.2.2.1 L'échec scolaire et
performance
Cette forme d'échec est liée intimement à
la performance de l'enfant. En effet les notes comptent beaucoup dans la
réussite ou l'échec de l'élève surtout s'il est nul
dans des matières clés comme les maths, la physique ou le
français.
Bernard Rivière, dans les jeunes et les
représentations sociales de la réussite spécifique
« la réussite scolaire correspond à la notion dite
traditionnelle de performance exprimée par les résultats obtenus
et l'ordre d'enseignement atteint ». Lareprésentationsociale
de la réussite scolaire peut sembler alors limitée à la
simple obtention des notes jugées bonnes.
Cependant l'auteur s'évertue aussi dans son livre
à décrire la représentation de la réussite
personnelle qu'il rattache à l'accomplissement de soi.
La réussite scolaire est liée à des
valeurs traditionnelles orientées vers l'excellence et la performance,
cependant il y sans doute des parallèles à faire entre la
réussite scolaire et la réussite personnelle avec d'un
côté l'idée selon laquelle la réussite scolaire (au
sens du rendement scolaire) est le préalable de la réussite
personnelle.
Par opposition à la réussite scolaire,
l'échec peut êtreperçu comme une défaillance en
termes de résultats scolaires. S'ensuit logiquement un sentiment
d'incapacité acquise du fait de l'attribution de l'échec à
des causes endogènes par exemple, le sentiment d'avoir une intelligence
lente, des troubles de comportement ou encore une
démotivationintrinsèque.
Chez beaucoup d'enseignants d'ailleurs, l'échec est
lié à une cause propre au développement de l'enfant.
Cependant des éléments périphériques gravitent
autour de l'élève et viennent interagir avec lui.
Pour Perrenoud (2002) la réalité construite
autour des représentations de la réussite ou de l'échec
peut prendre une forme coercitive pour l'élève si l'école
se limite à un rôle de juge en tranchant entre ce qu'elle
considère être la réussite et ce qu'elle considère
comme échec.
Pour Touré (2000) cependant la réussite et
l'échec sont également la responsabilité partagée
des acteurs qui créent ces représentations. Pourtant de ce
constat, c'est à l'école de contribuer à développer
une représentation claire du rôle respectif de
l'élève et des enseignants face à la réussite
scolaire.
2.2.2.2 Echec scolaire et contexte
familial
Pare-Kaboré note que la structure de la famille, la
classe sociale, le niveau économique, la dynamique sociale de la
famille, les modes de prise en charge des enfants, le niveau d'instruction du
père et de la mère, le statut du ménage, la taille de la
famille, les commodités domestiques, les moyens financiers, les couts
des fournitures, les frais de scolarité, les couts directs et les couts
d'opportunité de la scolarisation des filles, etc. ont un impact direct
sur la scolarisation des filles. (Paré-Kaboré 1995)
Chabert-MenagerG (1996) présente un ensemble de
difficultés : la distance géographique entre le domicile et
l'école, les difficultés qui font référence aux
régions sous-développées du point de vue
économique, aux ressources matérielles et humaine de
l'école, aux influences négatives des environnements culturels
à l'existence d'une population minoritaire.
Pour Bourdieu et Passeron (1964) se basant sur la
théorie de la reproduction sociale pensent que la réussite ou
l'échec scolaire de l'enfant est lié aux conditions sociales de
leurs familles.
Il est évident que les défaillances de la
famille, ses aspirations excessives ou au contraire, trop modestes, peuvent
créer une source de difficultés importantes pour l'avenir de
l'enfant.
Les élèves jouissent dans leur environnement
familial des conditions de vie et d'une ambiance culturelle très
différente. Tout favorise les élèves des milieux
élevées dans la hiérarchie sociale. Confort du logement
possibilité de s'isoler et travailler dans des bonnes conditions, aide
dans le travail scolaire, conversations familiales en particulier. Là
où la famille aide efficacement, il a peu d'échec. (Komivi
OGOUWA)
Cependant lorsque les familles n'ont pas la possibilité
de contribuer à l'éducation de leurs enfants dans le sens des
travaux scolaires, le taux d'échec est plus fort. Plusieurs
élèves ne comptent pas sur l'école, du fait qu'ils ne
disposent pas du relais familial de la culture.
Eastman (1988) cité par Jimmy CALIXTE (2007) mentionne
que les parents qui ont des aspirations scolaires réalistes, tendent
à apporter une aide plus substantielle et significative à son
enfant. Ces derniers interagissent mieux avec leurs enfants, les rassurent et
les mettent en confiance. L'auteur souligne que ce type d'aspiration des
parents favorise la réussite de l'enfant.
Borus et Carpenter toujours cité par Jimmy CALIXTE
(2007) en abordant l'influence du niveau socio-économique des parents
sont arrivés à la conclusion que les familles vivant sous le
seuil de la pauvreté éprouvent souvent des difficultés
à offrir leur soutien pour les devoirs et les leçons, cette
incapacité augmente ainsi les risques d'échec et de redoublement
des enfants vivants dans les milieux défavorisés.
2.2.2.3 Echec scolaire et contexte
socioculturel
L'échec scolaire et contexte socioculturel renvoi
à des facteurs sociaux et culturels qui favorisent l'échec
scolaire en général et l'échec aux examens en particulier.
Les facteurs sociaux font allusion à des éléments comme la
scolarisation des parents, l'origine ethnique, la langue parlée à
la maison, la composition familial le nombre d'enfants etc.
Les facteurs culturels quant à eux renvoient à
des éléments comme la différence de culture de race ou
à des phénomènes comme l'immigration etc.
Pour Ouattara Maimouna (2011) dans « la
problématique du maintien des filles dans l'enseignement secondaire au
Burkina Faso : état de lieux et efficacité de la politique
en la matière, cas de la province du Kadiogo », met en
lumière les facteurs principaux de la déperdition qui sont entre
autres :
- La mauvaise gestion de la sexualité, la
pauvreté, la situation précaire des parents ou de la famille.
- Concernant l'accès des filles à l'école
les principaux motifs pour elle restent les pesanteurs socio-culturelles,
l'insuffisance de l'offre éducative et le manque de moyens
financiers.
Quant à Marc PILON dans « confiage scolaire
en Afrique de l'ouest » (2003), fait une importante communication sur les
conditions de scolarisation des filles sous tutorat en ville. La question de
confiage scolaire en Afrique est ambivalente et complexe. Si le confiage est
considéré dans d'autres circonstances comme moyen efficace de
promotion de la scolarisation pour certains élèves, il constitue
pour d'autres une pratique entravante voire annulant les efforts de
scolarisation.
De plus l'école reste la seule et unique voie
d'accès à la culture et cela tout au long de leur parcours ;
elle serait la voie royale de la démocratisation de la culture. Si les
élèves de milieu défavorisé sont peu
réceptifs à cette culture, c'est par souci de protectionnisme
vis-à-vis de cette nouvelle culture aliénante. A ce sujet
Bourdieu est catégorique « pour les fils d'ouvriers,
d'employés ou des petits commerçants, l'acquisition de la culture
scolaire est acculturation » (BOURDIEU, PASSERON, 1964, p37).
Soutenant la thèse du rendement par l'obstacle
linguistique, KI-ZERBO (2010) soutient que l'éducation en Afrique noire
est en inadéquation quantitative mais surcout qualitative par rapport
aux besoins et réalités socio-culturels de l'Afrique. En effet,
l'éducation en Afrique est assimilationniste et vise à faire des
Africains des Européens par la tête vue que le programme
d'enseignement est basé sur celui de la puissance coloniale
De plus l'élève est un acteur principal dans le
processus d'apprentissage et, par ricochet, dans la recherche des causes
pouvant affecter sa performance scolaire. Des recherches démontrent que
les facteurs individuels tels que l'âge, attitudes envers l'école,
les antécédents scolaires et les responsabilités
familiales de l'élève agissent sur ses résultats scolaires
(Ayiga, 1997 ; Diallo, 2000).
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