I.6. L'EFFET DE L'ALCOOL SUR LE
PANCREAS
Les écrits de LOLY et al renseignent que
l'alcool exerce de multiples effets toxiques pancréatiques. D'une part,
il inactive la lithostatine et la glycoprotéine 2, deux enzymes
pancréatiques qui inhibent la précipitation du HCO3- en cristaux
de CaCO3 au sein des canalicules pancréatiques ; ce
phénomène entraîne l'apparition de calculs
pancréatiques responsables d'érosions ou d'obstructions
canalaires, et de cicatrices fibreuses. D'autre part, l'alcool active les
cellules dendritiques pancréatiques, entraînant la
libération de cytokines pro-inflammatoires. Enfin, l'alcool est
dégradé en métabolites tels que
l'acétaldéhyde avec un effet toxique direct, mais qui
entraînent également une instabilité des granules
zymogènes. Ceux-ci isolent les enzymes pancréatiques,
destinées à être sécrétées dans la
lumière intestinale, du contenu pancréatique intracellulaire.
Dès lors, leur dysfonction cause une libération intracellulaire
des enzymes digestives et, rapidement, une réaction inflammatoire avec
nécrose cellulaire. Ce mécanisme est communément
utilisé pour expliquer la première étape de la
pancréatite aiguë. Cependant, il nécessite probablement la
présence de cofacteurs encore inconnus, car il n'y a que très peu
de consommateurs chroniques d'alcool qui développent une
pancréatite aiguë. (Loly et al, 2019)
La cause majeure de la pancréatite chronique est
l'intoxication alcoolique chronique qui est responsable de la maladie dans plus
de 80 % des cas. (Loly et al, 2019)
En 2012, bien que la consommation d'alcool ait
été reconnue comme un agent cancérigène de type 1
par la monographie du CIRC, les preuves d'une association entre la consommation
d'alcool et le risque de cancer du pancréas sont
considérées comme suggestives et limitées par les groupes
d'experts internationaux. (Loly et al, 2019)
Depuis, des études ont monté que la consommation
excessive d'alcool est un facteur de risque de pancréatite chronique,
cette condition est impliquée dans les mécanismes sous-jacents du
cancer du pancréas. Sur la base de ces études, des
méta-analyses récentes confirment que la consommation d'alcool
augmente le risque de cancer du pancréas d'au moins 15 % chez les
buveurs consommant plus de 25 g/jour par rapport aux buveurs légers dont
la consommation d'alcool est inférieure à 12 g/jour.
Plus récemment, l'étude de Gaudin et al
ont observés une augmentation modérée mais statistiquement
significative du risque de cancer du pancréas en cas de consommation
élevée d'alcool, quelle que soit la période de
consommation dans la vie, et plus particulièrement la bière et
les spiritueux. Ces résultats fournissent des preuves
épidémiologiques du rôle de la consommation d'alcool en
tant que carcinogène potentiel du pancréas. (Gaudin et al,
2019)
|