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L'indépendance du juge constitutionnel dans la construction de l'état de droit en droit positif congolais


par Raphael Kingi Mitimiti
Université de Kinshasa - Licencié en droit public  2022
  

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I. Les faits de la cause

Par sa requêtereçue au greffe de la Cour suprême de justice le 12 décembre 2011, le parti politique dénommé union pour la nation Congolaise « UNC » en sigle, poursuites et diligences de MonsieurVital KAMERHE LWA KANYINGINYI, son président national sollicite l'annulation de la décision de la commission électorale nationale indépendante, CENI en sigle, relative à la proclamation des résultats provisoires de l'élection présidentielle du 28 novembre 2011, en vue de l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle dans le délais de laloi. A l'appui de sa demande, le requérant développe deux griefs à savoir: la violation de la loi électorale et le manque de sincérité des résultats provisoires publiés par la CENI.

A. La violation de la loi électorale

L'article 8 de la loi électorale dispose que la Commission Electorale Indépendante publie la liste des électeurs, par provinces et par circonscription électorale, au plus tard 30 jours avant la date du début de la campagne électorale» la même disposition légale précise que «dans chaque bureau de vote, la liste des électeurs et affichées 30 jours avant la date du scrutin. Elle reprend pour chaque électeur, le nom, le post-nom et prénom, le lieu et la date de naissance, le sexe, l'adresse du domicile ou de la résidence actuelle». Ces dispositions légales n'ont pas été, selon le requérant, respectées par la CENI lors des élections du 28 novembre 2011.

En effet, la CENI a commencé à publier progressivement les listes électorales,' par les provinces de Kinshasa et du Bas-Congo au mépris de la disposition légale précitée. Quant à l'affichage de la liste des électeurs dans chaque bureau de vote, la CENI ne l'a fait que 48 heures avant la date du scrutin, c'est-à-dire, le 26 novembre 2011. Cequi explique le faible taux de participation comme le constate bien lerapport du 10 décembre 2011 du centre Carter, observateur international attiré des élections du 28 décembre 2011 en RDC.

L'article 47 alinéa 3 de la loi électorale dispose que « la CENI publie la liste des bureaux de vote et leur localisation 30 jours avant la date du scrutin». En effet, la cartographie des bureaux de vote devrait être connue au- moment de l'affichage de la liste des électeurs dans chaque bureau de vote, ce qui aurait permis à l'UNC de déployer conséquemment ses témoins dans le délai dans chaque bureau de vote. L'article 38 alinéa 4 dispose que l'absence des témoins n'est pas un motif d'invalidation du scrutin, sauf si elle est provoquée de manière intentionnelle et en violation des dispositions de la présente loi » et, ensuite, l'article 40 alinéa 3 dispose que «le président du bureau de vote invite les témoins à contresigner les procès-verbaux des opérations électorales», et de poursuivre à l'alinéa 4 que «les copies des procès-verbaux sont remis aux témoins» pour conclure à l'alinéa 5 que de président du bureau de vote invite les témoins à accompagner les procès-verbaux des opérations électorales ».

En effet, les procès-verbaux préparés par la CENI et mis à la disposition de chaque bureau de vote n'ont prévu intentionnellement la place des signatures que pour 5 témoins, alors que la loi électorale fait obligation à chaque témoins d'apposer sa signature. Cette manoeuvre a préparé au départ la fraude dans les opérations électorales du 28 novembre 2011. Ainsi, ces procès-verbaux, fondement même des résultats provisoires publiés par la CENI ne sont pas conformes aux prescris de loi électorale, alors qu'ils ont déterminé ces résultats.

Le non-accompagnement du transfert des procès-verbaux des centres de vote aux bureaux de compilation par les témoins de l'UNC, en dépit de leur détermination de respecter la loi, a favorisécomme le souligne le centre Carter dans son rapport, les fraudes massives. Cas des centres de compilation qui étaient installé et organisés à la FIKIN. Comme le souligne encore le Cardinal Lourent MOSENGO PASINYA « à l'analyse des résultats rendu public ce vendredi par la CENI il y a lieu réellement de conclure que ces résultats ne sontpas conformes ni à la vérité ni à la justice... ».

Et que par ailleurs, aucun accès officiel au centre national de traitement n'a été accordé aux témoins de l'UNC et même aux observateurs internationaux comme ceux du centre Carter. Il se dégage que la CENI a violé intentionnellement la loi électorale. Ce qui a provoqué de nombreuses irrégularités ayant entamé les résultats provisoires du 09 décembre 2011. L'article 56 alinéa 1 de la loi électorale dispose que « 48 heures avant le début des opérations de vote, la commission Electorale nationale Indépendante met à la disposition de chaque bureau de vote, des bulletins compatible au nombre d'électeurs enrôlés et attendus ».

Cette disposition a été également violée intentionnellement par la CENI. En effet, l'UNC avait décelé et dénoncé publiquement la circulation illégale et irrégulière des bulletins de vote avant le scrutin du 28 novembre 2011. Davantage, le jour du scrutin, des bulletins de vote déjà cochés en faveur du candidat n°3, Joseph KABILA, ont été retrouvés entre les mains de certains individus. Tel est le cas de l'affaire opposant le ministère public à Néron MBUNGU instruite par devant la Cour. Aussi, UNC a observé dans beaucoup de circonscriptions électorales que les bulletins de vote mis à la disposition des bureaux de vote étaient insuffisants, et ne correspondaient donc pas aux nombres d'électeurs enrôlés et entendus. Ce qui justifie aussi le faible taux de participation. L'article 36 de la loi électorale dispose que « Est interdite, l'utilisation à des fins de propagande électorale, des biens, des finances et du personnel de l'Etat, des établissements et organismes publics etdes sociétés d'économie mixte. L'utilisation des biens, des finances etdu personnel public visée ci-dessus est punie de radiation de candidature ou d'annulation sur la liste du parti politique ou du regroupement politique incriminée.

Toute autorité politico administrative, tout parti politique, toutcandidat ou toutes personnes peut saisir la Commission Electorale Nationale Indépendante ou l'officier du ministère public aux fins d'obtenir l'application les dispositions de l'alinéa ci-dessus. Les juridictions citées à l'article 27 connaissent des cas d'abus des biens publics». Il s'est avéré, de manière constante, que le candidat n'3, Monsieur KABILA KABANGE Joseph, a utilisé, lors de la campagne présidentielle, les biens et les services publics de l'Etat Congolais aux fins de sa campagne électorale. Tels que les avions, les effigies sur les édifices publics, les tracteurs assortis de ses affiches et véhicules de l'Etat.

Cette évidence avait choqué la Commission Electorale Nationale Indépendante (qui} par la voix de son président avait demandé à la majorité présidentielle de procéder illico presto à l'enlèvement des affiches placées illégalement sur les édifices publics dans la ville Code Kinshasa. Cet ordre a été exécuté partiellement à Kinshasa et non dans les provinces cette violation de la loi aurait dû conduire la CENI à la radiation pure et simple du candidat n°3, Monsieur KABILA KABANGE Joseph. La CENI ne l'ayant pas fait, l'UNC demande à la Cour d'appliquer la loi.

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