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La temporalité narrative dans le "crime parfait" d'Adama Amadé Siguire


par Jean Marie OUEDRAOGO
Université Pr Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou - Master 2 2022
  

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III. L'ORDRE TEMPORELLE DU `'LE CRIME PARFAIT `'

Dans cette partie, nous allons analyser les prolepses, les analepses les distorsions temporelles dans le roman.

III.1Les Analepses

Sous quelle manière, les analepses se manifestent-elles dans le romanLe Crime Parfait ?

Le crime parfait s'ouvre sur la mort d'une jeune fille assassinée devant le lycée de la république Bantou. Il faut attendre la fin du règne du président dictateur, et l'instauration de la démocratie par le nouveau président, pour découvrir les antécédents de cette scène initiale mouvementée. Le début in mediasresest suivi de retour en arrière (ou analepse) à fonction explicative.

« Juliette vendait ainsi son charme au ministre à prix d'or. Elle lui livrait son sexe, ses seins et tout le reste de son corps. Ce même sexe et ces mêmes seins étaient offerts à Éric de temps en temps. »(p, 59)

En l'occurrence, cette analepse est complète : elle restitue, ab ovo, la relation entre l'assassinée et les présumé accusés. Laquelle relation qui fait ipso facto soupçonner les deux prétendus amants.

D'un point de vue fonctionnel, on peut ajouter que l'analepse évoquée à l'instant est complétive; elle permet de récupérer une information manquante.

Il en va de même lorsqu'au moment d'introduire un nouveau personnage (ou de retrouver un personnage perdu de vue), le récit propose un résumé de sa biographie.

C'est ainsi que l'auteur revient sur le directeur de l'enseignement secondaire avec ces détails :

« C'est en toute âme et conscience qu'il a déposé ses valises à l'école Normale Supérieure. Deux années plus tard, il sortait de cette école après son succès au Certificat d'Aptitude Professionnelle à l'Enseignement Secondaire, Option philosophie. Il est affecté au lycée Jules ferry. Il a donc choisi d'être éducateur [...] » (p, 20)

Aussi, pour parler du jeune officier qui a eu la charge d'enlever le corps de la jeune fille à la morgue, l'auteur est revenu sur son portrait.

« L'officier Paul Zalo est un jeune Garçon très intelligent. Il a beaucoup appris. Il a lu beaucoup de livres. Il connait l'étymologie du mot police. » (p, 27)

Dans le crime parfait,le narrateur fait un brusque retour en arrière pour nous dresser une image d'Abdoul-Kader Zampou, le ministre incarcéré pour l'assassinat de Juliette.

« Abdoul Kader Zampou était un politicien pragmatique. Il est intelligent. Il proposait des solutions fiables. C'est à vingt-six ans qu'il a soutenu une thèse de doctorat d'État à l'université de Jouventou. Il est élevé au grade de docteur en droit avec mention très honorable et les félicitations des membres du jury. »(p, 140)

Il y aaussi ce retour en arrière pour parler du ministre Abdou Kader Zampou qui avait déjà fait six mois en prison.

« C'est dans une cellule de quatre mètres carrés qu'il a appris la fin du régime de Zami Zama. Ce régime pour lequel il a travaillé pendant plus d'une décennie. Il s'est engagé tôt dans la politique. Il fut recruté professeur d'université alors qu'il n'avait que vingt-huit ans. Il a fréquenté des amphithéâtres de Jouvantou pendant cinq ans avant d'être nomméconseiller politique du président Zami Zama. Trois années plus tard il est nommé ministre de la justice. »(p, 140)

Dans le crime parfait, l'auteur revient également en arrière pour raconter une scène qui eut lieu entre le ministre Abdoul Kader et son épouse.

Un jour, las de supporter les accusations de son épouse, le Ministre chargé du bienêtre social avait eu ce courage de lui dire :

« Tu sais Julienne, je t'aime beaucoup. Cela fait vingt ans que tu es mon épouse. Souviens-toi de notre première rencontre. C'était lors d'une conférence sur le leadership animée par un jeune écrivain très dynamique et pragmatique. » [...]Le ministre avait dit toute la vérité à son épouse.(p, 147)

En définitive, toute l'ossature de cette histoire est érigée d'un va-et-vient (enchaînement alterné) entre le récit et les portraits des personnages. À chaque fois qu'on évoque un personnage, on y revient sur son portrait.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault