III. L'ORDRE TEMPORELLE DU `'LE CRIME PARFAIT `'
Dans cette partie, nous allons analyser les prolepses, les
analepses les distorsions temporelles dans le roman.
III.1Les Analepses
Sous quelle manière, les analepses se manifestent-elles
dans le romanLe Crime Parfait ?
Le crime parfait s'ouvre sur la mort d'une jeune
fille assassinée devant le lycée de la république Bantou.
Il faut attendre la fin du règne du président dictateur, et
l'instauration de la démocratie par le nouveau président, pour
découvrir les antécédents de cette scène initiale
mouvementée. Le début in mediasresest suivi de retour en
arrière (ou analepse) à fonction explicative.
« Juliette vendait ainsi son charme au ministre
à prix d'or. Elle lui livrait son sexe, ses seins et tout le reste de
son corps. Ce même sexe et ces mêmes seins étaient offerts
à Éric de temps en temps. »(p, 59)
En l'occurrence, cette analepse est complète :
elle restitue, ab ovo, la relation entre l'assassinée et les
présumé accusés. Laquelle relation qui fait ipso facto
soupçonner les deux prétendus amants.
D'un point de vue fonctionnel, on peut ajouter que l'analepse
évoquée à l'instant est complétive; elle
permet de récupérer une information manquante.
Il en va de même lorsqu'au moment d'introduire un
nouveau personnage (ou de retrouver un personnage perdu de vue), le
récit propose un résumé de sa biographie.
C'est ainsi que l'auteur revient sur le directeur de
l'enseignement secondaire avec ces détails :
« C'est en toute âme et conscience qu'il a
déposé ses valises à l'école Normale
Supérieure. Deux années plus tard, il sortait de cette
école après son succès au Certificat d'Aptitude
Professionnelle à l'Enseignement Secondaire, Option philosophie. Il est
affecté au lycée Jules ferry. Il a donc choisi d'être
éducateur [...] » (p, 20)
Aussi, pour parler du jeune officier qui a eu la charge
d'enlever le corps de la jeune fille à la morgue, l'auteur est revenu
sur son portrait.
« L'officier Paul Zalo est un jeune
Garçon très intelligent. Il a beaucoup appris. Il a lu beaucoup
de livres. Il connait l'étymologie du mot police. » (p,
27)
Dans le crime parfait,le narrateur fait un brusque
retour en arrière pour nous dresser une image d'Abdoul-Kader Zampou, le
ministre incarcéré pour l'assassinat de Juliette.
« Abdoul Kader Zampou était un politicien
pragmatique. Il est intelligent. Il proposait des solutions fiables. C'est
à vingt-six ans qu'il a soutenu une thèse de doctorat
d'État à l'université de Jouventou. Il est
élevé au grade de docteur en droit avec mention très
honorable et les félicitations des membres du jury. »(p,
140)
Il y aaussi ce retour en arrière pour parler du
ministre Abdou Kader Zampou qui avait déjà fait six mois en
prison.
« C'est dans une cellule de quatre mètres
carrés qu'il a appris la fin du régime de Zami Zama. Ce
régime pour lequel il a travaillé pendant plus d'une
décennie. Il s'est engagé tôt dans la politique. Il fut
recruté professeur d'université alors qu'il n'avait que
vingt-huit ans. Il a fréquenté des amphithéâtres de
Jouvantou pendant cinq ans avant d'être nomméconseiller politique
du président Zami Zama. Trois années plus tard il est
nommé ministre de la justice. »(p, 140)
Dans le crime parfait, l'auteur revient
également en arrière pour raconter une scène qui eut lieu
entre le ministre Abdoul Kader et son épouse.
Un jour, las de supporter les accusations de son
épouse, le Ministre chargé du bienêtre social avait eu ce
courage de lui dire :
« Tu sais Julienne, je t'aime beaucoup. Cela
fait vingt ans que tu es mon épouse. Souviens-toi de notre
première rencontre. C'était lors d'une conférence sur le
leadership animée par un jeune écrivain très dynamique et
pragmatique. » [...]Le ministre avait dit toute la
vérité à son épouse.(p, 147)
En définitive, toute l'ossature de cette histoire est
érigée d'un va-et-vient (enchaînement alterné) entre
le récit et les portraits des personnages. À chaque fois qu'on
évoque un personnage, on y revient sur son portrait.
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