II.2.2 La pause
Dans le passage suivant, l'auteur marque une pause pour faire
intervenir un élève qui s'adresse à l'officier Paul Zalo
pour décrire l'hôpital national Zami Zama :
« Enlever son corps pour l'envoyer dans la
morgue de quel hôpital ? Dites-le-nous ! Là-bas c'est la
merde. C'est le désordre. C'est un bordel. C'est un dépotoir. Les
corps ne sont pas gardés. On les vole même souvent. »
(p, 34)
Quelques lignes après, il ajoute (p, 34) :
« Nous avons appris que là-bas, pour voir
un médecin généraliste le patient débourse quinze
mille francs et si le médecin est spécialiste, le même
patient débourse vingt-cinq mille francs [...] C'est l'hôpital de
la république pourrie. C'est l'hôpital du gaspillage, de la
décadence morale, c'est l'hôpital du `' babiè'', du `'
fafôrô'', du `' mayindga'' et du makindé''
[...] »
Dans ces passages, l'auteur marque une pause pour
décrire l'état de l'hôpital dans lequel le corps de
Juliette sera apporté.
Observons également ce passage:
« Edouard Zampou repartira à
l'université retrouver sa chaire de professeur en linguistique
appliquée. Ça sera une belle leçon pour lui. Il sera
hué par les étudiants dans les amphithéâtres
surchauffés. Ils l'insulteront et se moqueront de lui. Il donnera cours
à plus de mille étudiants qui ne l'écouteront d'ailleurs
même pas et se moqueront de sa présence. [...] Il pourra se
contenter des pauvres étudiantes en linguistique et en lettre moderne.
Elles, elles exigent le minimum. Elles veulent seulement des notes de
complaisance qui leur permettront de ne pas faire les sessions de rattrapage
qu'elles trouvent fatigantes. Aussi, veulent-elles quelques sommes d'argent qui
leur permettront de payer leurs tickets au restaurant universitaire. Et les
notes de complaisance et l'argent des tickets de restauration, un professeur
titulaire peut leur offrir cela. » (p, 58)
Dans ces passages, le fil d'actions est brisé laissant
ainsi place à des descriptions jouant le rôle de pauses narratives
qui donnent un cadre général au tissu événementiel
du roman.Autrement dit on sent que rien ne se passe au niveau de l'histoire
générale du roman.
II.2.3 Le sommaire.
Le roman Le Crime Parfait détient bien de
sommaires où les actions sont réduites en des simples
résumés révélant la substantifique moelle de
l'événement romanesque comme :
Le procès a eu lieu.(p, 78)
Cette phrase résume tout le procès. Un
procès en temps normal dure plusieurs jours. Pourtant ici le temps qu'a
duré le procès a été condensé en une seule
phrase.
« C'est un long procès.
Débuté à huit heures, il a pris fin à quatorze
heures ce jour-là. »(p, 78)
Considérons également ce qui suit :
« Pendant trente-sept ans Zami Zama a tout
donné aux fonctionnaires de la république du Bantou. Il a
payé les salaires et leurs indemnités, il leurs a donné
des voitures. Il les a laissés piller les ressources de la
république. Ils ont volé et détourné les deniers
publiques pour construire des villas, acheter des voitures, entretenir leurs
nombreuses maitresses. » (p, 88)
Ainsi, les actions de Zami Zama pendant trente-sept ans de
règne, sont résumées en quelques lignes.
« Ainsi, la loi est votée ».
(p, 98)
Ces cinq mots résument tout le processus et la
durée du vote de la loi sans détails.
Tous ces exemples sont considérés comme des
sommaires par le fait qu'ils condensent l'information et résument les
actions sans rentrer dans les détails minutieux ; des sommaires qui
donnent l'allure d'une histoire un peu accélérée.
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