II.2 LESMOUVEMENTS TEMPORELLES DANS
LE ROMAN
Pour mesurer ces variations de rythme (ou
anisochronies), l'auteur du crime parfait a utilisé
ces quatre formes canoniques : la scène, le
sommaire, la pause et l'ellipse.
II.2.1 La scène
Des scènes, le crime parfait en abonde. Nous
avons ce monologue tenu par le commissaire dans son bureau.
« Quelle République
démocratique ! [...]. On m'ordonne de trouver des preuves dans
soixante-douze heures pour prouver la responsabilité, sinon la
culpabilité d'un ministre dans un crime. Ces preuves, on me demande de
les inventer de toutes pièces. J'en ai déjà fait. C'est
d'ailleurs pour agir ainsi qu'ils m'ont nommé à ce poste
stratégique. Mais pour cette fois-ci, je n'en peux plus. Que Dieu me
pardonne ! Je leur donne ma tête. Qu'ils en usent comme bon leur
semble ». (p, 69)
Le crime parfait déploie également
plusieurs séquences dialogiques entre les personnages.
- Bonjour monsieur le ministre.
- Bonjour monsieur le commissaire. Mais souffrez que je
vous dise que je ne suis plus ministre.
- Mais tout de même professeur, un ministre garde
toujours son titre honorifique, même s'il n'est plus au
gouvernement.
- Vous vous êtes un bon littéraire mon
commissaire. Vous avez bien retenu vos leçons en grammaire.
- Effectivement, monsieur le ministre je suis venu pour
poursuivre l'enquête sur l'assassinat de Juliette Kabèga.
[...](p, 73)
Dans ce passage, la conversation se fait entre le commissaire
chargé de l'enquête sur l'assassinat et le ministre Abdoul Kader
Zampou afin de situer la responsabilité du ministre dans le crime.
On relève aussi, ce passage qui traduit la scène
de conversation entre le professeur Zaki Zaka avec le président du
bureau de vote.
- « Soyez le bienvenu, mon
professeur. »
- « Merci beaucoup
Flaubert. »(p.120)
On peut également relever le dialogue entre le jeune
capitaine Abdoul Hamid Zampou et sa cousine Safoura, la fille du ministre
Abdoul Kader Zampou.
- Comment vas-tu, mon capitaine ?
- Je vais bien, maître Zampou.
- Alors tu viens chez moi sans prévenir. Tu sais
bien que les juges et les avocats ne sont pas de bons amis.
- Et pourtant les juges et les avocats sont les produits
des mêmes facultés de droit.
- Tu sais, mon capitaine, nos points de vue
diffèrent souvent.
- Tu sais ma soeur, je ne suis pas venu pour te faire
rire. Peut-être le contraire. [...] (p, 164).
Dans ces scènes, l'auteur fait parler des personnages.
Ce qui donne l'illusion que le temps de l'histoire reproduit le temps du
récit.
Donc ces scènes narratives mettant sur pied
d'égalité récit et histoire, donnent à penser une
certaine immédiateté des faits, autrement dit le lecteur sent
qu'il y a un certain synchronisme entre les actions étalées et le
moment de leurs narrations.
Dans d'autres scènes, l'auteur raconte en détail
l'action qui se déroule. On peut relever :
« Je suis content de vous souhaiter la
bienvenue, dit-il aux journalistes. Nous tenons à vous informer notre
position par rapport à la situation nationale. Zami Zama est à la
fin de son mandat. Il doit partir. C'est la constitution et la
démocratie qui exigent son départ. C'est la volonté des
enseignants, des infirmiers, des journalistes, des magistrats, des agents des
impôts.» (p, 98)
Ici l'auteur marque une pause pour donner des détails
sur le contenu du discours du leader politique de l'opposition Zaki Zaka
pendant la campagne électorale.
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