h.5 Le présent de
narration
On relève dans le roman de nombreux présents
insistant sur la mise en mouvement inaugurant un segment narratif important,
tels que :
« Il est vingt-deux heures, trois coups de feu
viennent de retentir à l'entrée principale du lycée Jules
Ferry de Jouvantou, la capitale démocratique du Bantou. La femme du
gardien fait un saut brusque. Elle repousse la main de son mari qui est sur son
dos. L'étreinte s'arrête là. La femme parle à son
mari. »
Dans cetincipit, le temps dominant, celui qui donnera
le ton à la suite du récit est le présent. Le récit
est conduit au présent et à la troisième personne. Ce qui
estplus étrange, du moins pour un lecteur habitué aux
récits traditionnels: il a la sensation que l'énonciation
narrative est presque parfaitement contemporaine des événements
narrés. Ainsi, l'incipit, avec sa syntaxe
démantelée, semble le fait d'un narrateur soucieux de restituer
au plus justel'immédiateté du vécu.
Considérons également ces passages:
« Le directeur général de
l'enseignement secondaire descend de sa voiture. Il se
dirige calmement vers le groupe d'élèves. Il est
vraiment décidé. Les élèves
peuvent le tuer cette nuit pour se venger s'ils le
désirent. Il ne va pas
reculer. » (p, 20)
« Un autre commandant est nommé à
la tête de la police criminelle. Il promet au ministre
de trouver l'assassin de Juliette en soixante-douze heures. Il se
met au travail. » (p, 78)
Dans ces deux passages, on peut voir nettement la
précellence du présent sur les autres temps de
référence du récit à savoir l'imparfait, le
passé simple et le passé composé. C'est une technique
qui, utilisée dans les constructions romanesques, tend à abolir
la distance temporelle entre le moment de la narration et le moment de
l'histoire racontée. C'est d'ailleurs ce temps qui prédomine dans
le crime parfait.
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