II.3.8 Les indicateurs
temporels
Les relations temporelles ne sont pas seulement
signifiées par les différentstiroirs verbaux, mais
également par des indicateurs temporels - adverbes,locutions
adverbiales, compléments circonstanciels, etc.On distingue:
-les expressions
déictiquesdu type aujourd'hui, maintenant, demain, la
semaine prochaine, qui ne livrent leur référent que par le biais
d'un renvoi aux paramètres de la situation d'énonciation. Elles
proposent un repérage contextuel;
-les expressions anaphoriquesdu type
ce jour-là, à ce moment-là, lelendemain, la semaine
suivante, qui prennent pour repère un point du temps fixé au
préalable dans le texte ou dans l'énoncé. Elles proposent
un repérage contextuel, qui fait référence
à un élément apparu précédemment dans la
chaîne verbale;
-les dates ou événements
historiques notoires (Le 15 septembre 1840,vers six heures du matin;
depuis la mort de Louis XIII), qui proposent un ancrage chronologique
absolu, à l'inverse des indicateurs précédents,
qui sont relatifs à un repère. Il est rare qu'un
récit s'en tienne à un seul type de repérage: ainsi, un
repérage contextuel initial (Il y a deux semaines) sera souvent suivi
d'une série de repérages contextuels secondaires (la veille, le
lendemain).
II.3.9. La double
référence temporelle des récits
On a vu, dans les sections qui précèdent,
comment se pose la question du rapport entre le temps du récit racontant
et celui de l'histoire racontée. Il s'agit, à présent, de
s'interroger sur les rapports qu'entretiennent le temps de l'histoire
racontée et celui de l'acte de narration. Comme le
relève Genette(1972 : 228), il est quasiment impossible, pour un
narrateur, de ne pas situer [l'histoire qu'il raconte] dans le temps par
rapport à [son] acte narratif, puisqu' [il doit] nécessairement
la raconter à un temps du présent, du passé, ou du
futur.Selon la position temporelle qu'occupe l'acte narratif par rapport
à l'histoire racontée, on distinguera les narrations
ultérieure, antérieure, simultanée
et intercalée.
Un récit peut comporter ainsi une double
référence temporelle. Il peut y avoir premièrement
une temporalité relative à la diégèse,
c'est-à-dire aux actions et événements de l'histoire
racontée. Cette temporalité peut se présenter dans son
autonomie, comme dans cette phrase: « Dix ans avant cette
l'indépendance, le territoire burkinabé n'était
pas une République »
Ici, le repérage temporel est d'abord absolu (au
début de l'année 1960), puis contextuel (dix ans avant
cette époque), mais il n'implique pas de référence
explicite à l'acte producteur du récit. Examinons maintenant le
cas plus complexe de l'incipit de Notre-Dame de Paris:
« Il y a aujourd'hui trois cent quarante-huit
ans, six mois et dix-neuf jours que les Parisiens s'éveillèrent
au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la
triple enceinte de la Cité, de l'Université et de la Ville. Ce
n'est cependant pas un jour dont l'histoire ait gardé le souvenir que le
6janvier 1482. »
S'il offre bien une datation absolue (le 6 janvier
1482), le texte s'ouvrecependant sur un repérage contextuel qui,
par le biais de l'adverbe aujourd'hui, implique une
référence explicite au moment de la narration. On pourrait,
à ce stade, généraliser le propos et dire que tout
narrateur laisse, lorsqu'il raconte, des traces de son acte de narration dans
le texte. Dans le cadre d'un récit, ces traces ne peuvent
s'interpréter que par référence à une situation
narrative - c'est-à-dire au fait qu'un narrateur raconte une
histoire à un narrataire dans un certain espace-temps. Il estpossible,
pour le narrateur, de se déplacer dans cet espace-temps: tel est le cas
chaque fois qu'il renvoie à un moment antérieur ou
postérieur de son acte de narration, notamment par le biais
d'expressions comme `'Nous avons vu il y a peu que... `'Ou encore
`'Nous raconterons tout à l'heure comment...''
À la temporalité de l'histoire racontée,
il faut donc ajouter une seconde temporalité, relative cette fois
à l'énonciation narrative. Un double système de
repérage se met en place, l'un qui repose sur l'espace-temps des
événements de l'histoire racontée, l'autre sur
l'espace-temps de la narration et de la lecture (Molino,Molino-Lafhail,
2003 : 264)
III. LA TEMPORALITÉ
DANS UN RÉCIT
La première chose à faire quand on parle de
temporalité, c'est de définir celle-ci. C'est tout simple,
vraiment. On définit sous le terme
« temporalité » tout ce qui relève
du caractère du temps et de son écoulement. Dans le cas du
récit, on en distingue deux sortes : le temps des
événements et le temps du récit.
|