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La temporalité narrative dans le "crime parfait" d'Adama Amadé Siguire


par Jean Marie OUEDRAOGO
Université Pr Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou - Master 2 2022
  

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II.3.8 Les indicateurs temporels

Les relations temporelles ne sont pas seulement signifiées par les différentstiroirs verbaux, mais également par des indicateurs temporels - adverbes,locutions adverbiales, compléments circonstanciels, etc.On distingue:

-les expressions déictiquesdu type aujourd'hui, maintenant, demain, la semaine prochaine, qui ne livrent leur référent que par le biais d'un renvoi aux paramètres de la situation d'énonciation. Elles proposent un repérage contextuel;

-les expressions anaphoriquesdu type ce jour-là, à ce moment-là, lelendemain, la semaine suivante, qui prennent pour repère un point du temps fixé au préalable dans le texte ou dans l'énoncé. Elles proposent un repérage contextuel, qui fait référence à un élément apparu précédemment dans la chaîne verbale;

-les dates ou événements historiques notoires (Le 15 septembre 1840,vers six heures du matin; depuis la mort de Louis XIII), qui proposent un ancrage chronologique absolu, à l'inverse des indicateurs précédents, qui sont relatifs à un repère. Il est rare qu'un récit s'en tienne à un seul type de repérage: ainsi, un repérage contextuel initial (Il y a deux semaines) sera souvent suivi d'une série de repérages contextuels secondaires (la veille, le lendemain).

II.3.9. La double référence temporelle des récits

On a vu, dans les sections qui précèdent, comment se pose la question du rapport entre le temps du récit racontant et celui de l'histoire racontée. Il s'agit, à présent, de s'interroger sur les rapports qu'entretiennent le temps de l'histoire racontée et celui de l'acte de narration. Comme le relève Genette(1972 : 228), il est quasiment impossible, pour un narrateur, de ne pas situer [l'histoire qu'il raconte] dans le temps par rapport à [son] acte narratif, puisqu' [il doit] nécessairement la raconter à un temps du présent, du passé, ou du futur.Selon la position temporelle qu'occupe l'acte narratif par rapport à l'histoire racontée, on distinguera les narrations ultérieure, antérieure, simultanée et intercalée.

Un récit peut comporter ainsi une double référence temporelle. Il peut y avoir premièrement une temporalité relative à la diégèse, c'est-à-dire aux actions et événements de l'histoire racontée. Cette temporalité peut se présenter dans son autonomie, comme dans cette phrase: « Dix ans avant cette l'indépendance, le territoire burkinabé n'était pas une République »

Ici, le repérage temporel est d'abord absolu (au début de l'année 1960), puis contextuel (dix ans avant cette époque), mais il n'implique pas de référence explicite à l'acte producteur du récit. Examinons maintenant le cas plus complexe de l'incipit de Notre-Dame de Paris:

« Il y a aujourd'hui trois cent quarante-huit ans, six mois et dix-neuf jours que les Parisiens s'éveillèrent au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la triple enceinte de la Cité, de l'Université et de la Ville. Ce n'est cependant pas un jour dont l'histoire ait gardé le souvenir que le 6janvier 1482. »

S'il offre bien une datation absolue (le 6 janvier 1482), le texte s'ouvrecependant sur un repérage contextuel qui, par le biais de l'adverbe aujourd'hui, implique une référence explicite au moment de la narration. On pourrait, à ce stade, généraliser le propos et dire que tout narrateur laisse, lorsqu'il raconte, des traces de son acte de narration dans le texte. Dans le cadre d'un récit, ces traces ne peuvent s'interpréter que par référence à une situation narrative - c'est-à-dire au fait qu'un narrateur raconte une histoire à un narrataire dans un certain espace-temps. Il estpossible, pour le narrateur, de se déplacer dans cet espace-temps: tel est le cas chaque fois qu'il renvoie à un moment antérieur ou postérieur de son acte de narration, notamment par le biais d'expressions comme `'Nous avons vu il y a peu que... `'Ou encore `'Nous raconterons tout à l'heure comment...''

À la temporalité de l'histoire racontée, il faut donc ajouter une seconde temporalité, relative cette fois à l'énonciation narrative. Un double système de repérage se met en place, l'un qui repose sur l'espace-temps des événements de l'histoire racontée, l'autre sur l'espace-temps de la narration et de la lecture (Molino,Molino-Lafhail, 2003 : 264)

III. LA TEMPORALITÉ DANS UN RÉCIT

La première chose à faire quand on parle de temporalité, c'est de définir celle-ci. C'est tout simple, vraiment. On définit sous le terme « temporalité » tout ce qui relève du caractère du temps et de son écoulement. Dans le cas du récit, on en distingue deux sortes : le temps des événements et le temps du récit.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry