2) Les conceptions naïves des enfants.
Très tôt, l'enfant explore son environnement
à l'aide de ses sens puis par exploration motrice. Cette exploration lui
permet quand il arrive à l'école d'avoir déjà des
connaissances implicites sur le monde et la façon dont il fonctionne
(Gil-Perez & Carrascosa, 1990). Les conceptions que se font les enfants du
monde qui les entourent sont parfois résistantes à toute forme
d'enseignement. Ces connaissances implicites des enfants sont, en effet reconnu
comme étant « Robustes », car construites sur des
années d'expérience de l'enfant. Ces croyances initiales sont
appelées conceptions « Naïves », «
Alternatives» ou encore « Préconceptions» (Megalakaki
& Labrell, 2009). On parle de théories naïves, car les
justifications des enfants sur les concepts sont associées aux
justifications des scientifiques moyenâgeux (Megalakaki & Labrell,
2009). Les enfants ont de très nombreuses préconceptions en
science dans de nombreux domaines, tels que le mouvement, la force, la
température, la flottabilité, etc. Par exemple, si l'on demande
à des enfants de prédire la course d'une balle d'un fusil dont le
canon est arrondi, alors ceux-ci répondront en grande partie que la
trajectoire sera curviligne (Thouin, 1985). De même, les enfants vont
considérer qu'un objet lancé en l'air subit deux forces, la force
de la terre (la gravité, qui est en réalité l'unique force
émise) et la force de la main (Thouin, 1985). Pour la
température, Erickson (1979) a mis en évidence, à l'aide
d'entretien semi-structuré que pour de nombreux élèves, si
l'on met des glaçons dans un verre d'eau, la température de l'eau
va refroidir, car les glaçons contiennent du froid qui va « s'en
aller dans l'eau ». Le concept de flottabilité a été
également de nombreuses fois étudié. Pour de nombreux
enfants, il y a confusion entre la taille et le poids, mais aussi entre le
poids, le volume et la densité (Hewson & Hewson, 1984).
L'électricité, quant à elle, est perçue comme une
source unique, cette croyance est
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une heuristique fortement soutenue par le langage courant :
« Il ne faut pas gaspiller l'électricité ». Ainsi, un
seul fil électrique suffirait à allumer une lampe. Les adultes
ont d'ailleurs toujours besoin d'inhiber cette conception malgré leurs
connaissances scientifiques (Masson, Potvin, Riopel, & Foisy, 2014). Masson
et Foisy (2012) et Masson et al. (2014) ont en effet montré dans une
étude en IRMf que les étudiants en science (des experts) tout
comme les étudiants d'autres domaines (les novices) utilisent leur
cortex préfrontal inférieur ainsi que leur cortex cingulaire
antérieur pour juger de l'exactitude des circuits électriques
où un seul fil suffit à allumer une lampe. Ces régions
sont toutes deux impliquées dans l'inhibition. (Simon, Lubin,
Houdé & De Neys, 2015). Les théories naïves sont donc
nombreuses et l'enfant arrive à l'école avec des savoirs parfois
erronés sur le monde, qui peuvent entrer en conflit avec les
apprentissages à l'école. Prendre en compte ce conflit dans les
séquences à l'école pourrait être nécessaire
(Thiberghien, Jossem & Barojas, 1998).
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