Partie 3 : Réalisation de la recherche.
1. Problématique et Hypothèses :
Dans la continuité des études de Chatard et al.
(2005) et de Steinbrucker et Thiénot (2015) qui ont étudié
l'effet des noms de métiers au masculin et féminin sur les SEP
des élèves, nous nous demandons également si l'utilisation
de la forme grammaticale au féminin associée à la forme
grammaticale au masculin augmentera les SEP pour les métiers, des filles
et des garçons.
Ces deux études se sont intéressées
à l'influence du genre grammatical au féminin sur les SEP.
L'effet du genre grammatical au féminin sur les intérêts
n'a cependant pas été testé. Nous nous demandons donc
également si l'utilisation du genre grammatical féminin pour
qualifier un métier augmente les intérêts des filles et des
garçons pour ces métiers.
Nous émettons donc les hypothèses suivantes :
- Hypothèse 1 : Il existe une
corrélation positive entre les scores d'intérêts et les
scores de SEP des élèves.
- Hypothèse 2 : Lorsque les
métiers sont écrits au masculin seul, les garçons
devraient avoir des SEP et des intérêts significativement plus
importants que les filles. Nous supposons que lorsque les métiers sont
écrits au masculin et au féminin, cette différence ne sera
plus présente (Steinbruckner & Thiénot, 2015).
- Hypothèse 3 : Nous supposons que pour
tous les élèves les SEP et les intérêts augmenteront
lorsque les métiers sont écrits au masculin et au féminin
en comparaison à quand les métiers sont écrits au
masculin. (Chatard et al., 2005).
- 3.1. Plus spécifiquement, en ce qui concerne
les garçons, les scores de SEP et d'intérêts pour tous les
métiers (majoritairement exercé par les femmes, les hommes et
mixtes) devraient être plus élevés lorsque le métier
est écrit au masculin et au féminin par rapport à la
condition où les métiers sont écrits au masculin
seulement. Le genre grammatical féminin devrait activer des
représentations de femmes et ainsi augmenter leur possible
représentation que si une femme est capable de faire le métier,
alors ils le sont également (Chatard et al., 2005).
- 3.2. Pour les filles, nous faisons la même
hypothèse d'augmentation des scores de SEP et d'intérêts
pour tous les métiers (majoritairement exercé par les femmes, les
hommes et mixtes) lorsque le métier est écrit au masculin et au
féminin, par rapport à la condition où les métiers
sont écrits au masculin seulement. La forme grammaticale au
féminin devrait engendrer des représentations de femmes
auxquelles les filles pourront s'identifier. Or, nous savons que
l'identification à un modèle a un effet positif sur les SEP (Betz
& Hackett, 1981).
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- Hypothèse 4.1. Le niveau de prestige ayant une
importance dans les choix d'orientation des élèves (Gottfredson,
1981). Nous nous sommes intéressées à l'influence du genre
grammatical sur les SEP et les intérêts en fonction du niveau de
diplôme des métiers.
Nous nous attendons à ce que pour tous les niveaux de
diplôme des métiers, les scores de SEP et d'intérêts
soient supérieurs lorsque les métiers sont écrits au
masculin et au féminin par rapport à la condition où ils
sont écrits au masculin seulement. Nous nous attendons à cela
pour les filles et les garçons, car que cela soit pour les filles ou les
garçons l'activation de représentation de femmes par la forme
grammaticale au féminin devrait avoir un effet bénéfique,
que cela soit en termes d'identification aux modèles pour les filles ou
en termes de comparaison aux femmes pour les garçons.
- 4.2. En accord avec Chatard et al. (2005) et leur
complètement d'analyse sur l'effet du prestige des métiers. Nous
nous attendons à ce que, quel que soit le ratio-sexe des métiers,
la différence de score de SEP et d'intérêts entre la forme
au masculin et la forme au masculin et au féminin soit plus importante
pour les métiers avec un niveau de diplôme élevé
(niveau I-II) que pour les métiers avec un niveau de diplôme
intermédiaire (niveau III-IV), eux-mêmes ayant une
différence de score plus élevé que les métiers avec
un niveau de diplôme faible (niveau V).
- Hypothèse 5 : Nous émettons aussi
l'hypothèse que, quels que soient le niveau de diplôme et le
ratio-sexe du métier, dans les deux formes ; les garçons
devraient avoir des intérêts et des SEP plus élevés
que les filles pour les métiers de types « Réaliste »,
« Entreprenant» et « Investigateur». Les filles, des
intérêts et des SEP plus élevés que les
garçons pour les métiers de types « Social», «
Artistique », « Conventionnel» (Vrignaud & Bernaud, 2005 ;
Perdrix et al., 2012).
- 5.1. Lorsque les métiers sont écrits
au masculin et au féminin, les intérêts et les SEP des
filles devraient augmenter pour les métiers de types «
Réaliste », « Entrepreneur » et « Investigateur
» par rapport à la condition où les métiers sont
écrits au masculin seulement.
- 5.2. Lorsque les métiers sont écrits au
masculin et au féminin, les intérêts et les SEP des
garçons devraient augmenter pour les métiers de types «
Social», « Artistique » et « Conventionnel » par
rapport à la condition où les métiers sont écrits
au masculin seulement.
- Hypothèse 6.1 : Les données de l'INSEE
(2017) montrent que les PCS comme le sexe ont une influence sur les parcours
d'orientation. Les études de Chatard et al. (2005) et de Steinbruckner
et Thiénot (2015) ne rendent pas compte de l'influence possible de la
PCS sur les SEP. Nous nous attendons donc à ce que, quel que soit le
sexe, plus la catégorie socioprofessionnelle des parents est
élevée, plus les scores de SEP et d'intérêts
augmenteront, en raison du « capital culturel» plus
important que devrait avoir les élèves de PCS
favorisées,
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ce qui les amènerait à être confrontés
à des expériences plus diversifiées que les PCS plus
défavorisées.
- 6.2. Nous nous attendons à ce que pour toutes les PCS,
les scores de SEP et d'intérêts soient supérieurs quand les
métiers sont écrits au masculin et au féminin que quand
les métiers sont au masculin seulement.
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