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écrire les métiers au genre grammatical masculin et féminin. Quelles influences sur les sentiments d’efficacité personnelle et les intérêts des élèves de 3ème ?


par Justine LefàƒÂ¨vre
INETOP-CNAM - Diplôme d'état de Conseiller d'Orientation-Psychologue 2017
  

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3.2.2 Non, le Masculin n'est pas neutre.

Gygax et Gesto (2007) ont testé l'affirmation selon laquelle l'emploi de la forme au féminin dans le langage alourdirait le texte. L'étude consistait à mesurer la vitesse de lecture d'étudiant·e·s qui devaient lire des descriptions de professions de trois formes différentes (féminin ; masculin et « épicènes »4). Les résultats ont montré que la vitesse de lecture entre les formes au féminin, « épicènes» et au masculin ne différait pas. Il semblerait en effet que les lecteurs·rices s'habituent dès la deuxième occurrence dans le texte. L'emploi de la forme dite épicène n'alourdirait donc pas le texte. De plus, Gabriel, Gygax, Sarrasin, Garnham et Oakhill (2008) ont démontré que l'emploi de terme masculin n'est pas neutre. Dans cette étude les

4 Le terme épicène renvoie ici en réalité à l'utilisation conjointe du masculin et du féminin.

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participant·e·s français·e·s, anglais·e·s et allemand·e·s devaient estimer la proportion de femmes et d'hommes de différents métiers qui leurs étaient présenté·e·s soit avec une forme grammaticale au masculin et au féminin soit avec une forme dite neutre (au masculin). Les résultats ont montré que la présentation des versions dites « épicènes» a augmenté la perception de femmes dans le métier, cela signifierait donc que l'utilisation du masculin seul ne serait pas neutre, d'autant que l'augmentation du pourcentage de femmes perçu est avérée essentiellement lorsque le nom de métier au genre grammatical féminin a été présenté avant le nom de métier au genre grammatical masculin. Les études de Gygax, Gabriel, Sarrasin, Oakhill et Garnham (2008), ainsi que celle de Sato, Gygax, et Gabriel (2016) arrivent aux mêmes résultats concernant l'utilisation du genre grammatical masculin comme neutre. En effet, Gygax et al. (2008) ont présenté à des personnes deux phrases, qui incluaient dans la première partie un nom de métier stéréotypé « masculin », « féminin» ou « neutre» (« The social workers were walking through the station »). Dans la seconde, il était fait référence au sexe des personnes exerçant le métier Since sunny weather was forecast several of the women weren't wearing a coat »). Les chercheurs et chercheuses demandaient ensuite aux participant·e·s si la seconde phrase était une suite plausible de la première phrase. Les résultats montrent qu'en français et en allemand (où ils existent des genres grammaticaux féminin et masculin), les participant·e·s ont jugé la deuxième phrase comme moins cohérente avec la première lorsque la phrase faisait référence à une femme, et ce, quel que soit le métier présenté. Alors qu'en anglais (où il n'existe pas de forme grammaticale différente), les réponses sont jugées moins cohérentes, uniquement lors de l'utilisation d'un nom de métier majoritairement exercé par un sexe. Ces résultats signifieraient qu'en français l'utilisation du masculin active une représentation d'homme chez les personnes, et ce même quand le métier est majoritairement exercé par des femmes. Ce résultat est retrouvé par Sato et al. (2016) qui dans une tâche d'amorçage ont demandé à des participant·e·s français·e·s et allemand·e·s si les photos de deux hommes ou d'un homme et une femme, qu'elles et ils voyaient dans une deuxième étape étaient représentatifs du métier qui leur était présenté en amorce (majoritairement exercé par des hommes, des femmes ou mixte). Cette recherche a montré que les noms de métiers présentés au genre grammatical masculin engendrent une plus forte proportion de réponses « oui » lorsque ce sont deux hommes qui sont présentés que lorsqu'il y a un homme et une femme, de plus cet effet est renforcé lorsque le métier associé en amorce est connoté comme étant « masculin ».

Il semblerait donc que le français et l'allemand n'ont pas de masculin à valeur générique et que l'utilisation du masculin renforce les représentations sexuées.

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En France, peu d'études se sont intéressées à la question de l'effet du genre grammatical sur les représentations. Brauer et Landry (2008) se sont intéressés à cette question dans une suite d'études. Ils ont par exemple démontré que la forme grammaticale des noms de métiers pouvait avoir une influence sur les représentations. En effet, les auteurs demandent à des individus de citer des personnes qui pourraient être Premier ministre. La question est rédigée avec l'emploi du terme « candidat » ou « candidat(e)». Les résultats montrent que l'utilisation de la forme « mixte» active trois fois plus de représentation de femme pour le poste de Premier ministre. L'utilisation de noms de métier au masculin activerait donc bien des représentations d'hommes. Dans une autre étude des étudiant·e·s devaient donner une description prototypique (nom, âge, revenu et description complète) d'un « individu » vs « personne » exerçant un métier reconnu comme mixte. On présentait aux personnes également une fiche métier avec les données statistiques concernant les proportions de femmes et d'hommes de la profession présentée. La fiche métier était soit écrite sous la forme grammaticale au masculin (dite neutre) soit sous forme « mixte ». Les résultats montrent que de façon générale, les descriptions d'hommes sont plus nombreuses que les descriptions de femmes. Ces descriptions d'hommes sont encore plus nombreuses dans la condition au genre grammatical masculin par rapport à la condition au genre grammatical masculin et féminin. C'est également le cas dans la condition « individu » par rapport à la condition « personne». « Individu » étant au genre grammatical masculin et « personne » au féminin, cela signifierait que le genre grammatical des mots influe sur la représentation sexuée des métiers, et ce quel que soit le sexe des participant·e·s. Brauer et Landry (2008) ont également présenté un article de journal qui décrivait un congrès de professionnel·le·s à des participant?e?s. Les noms de métiers étaient soit présentés dans le texte sous la forme grammaticale au masculin soit sous forme grammaticale au masculin et au féminin («Informaticien » ou « Informaticien et Informaticienne»). Dans une seconde phase, les participant·e·s devaient répondre à une série de questions où on leur demandait notamment le pourcentage de femme présente au congrès dans le texte qu'elles et ils avaient lu. (Cette information n'était pas donnée dans le texte). Le pourcentage de femme estimé est plus important lorsque le texte était écrit avec les deux formes grammaticales que quand le texte était écrit avec une seule forme grammaticale, et ce, quels que soient le type de professions et le sexe du·de la participant·e.

L'utilisation des noms de professions au genre grammatical masculin induit donc des représentations sexuées. Les décisions d'orientation des personnes pourraient-elles être influencées par ces représentations induites par l'utilisation du genre grammatical masculin ?

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