B. Les difficultés de protection des
réfugiés
Les difficultés qui tiennent essentiellement à
la modicité des moyens des institutions africaines et de pratiques
attentatoires mettent à rude épreuve l'exécution l'action
humanitaire en faveur de protection des réfugiés.
1. Modicité de moyens
Ce dont il ne faut pas douter, les pays de la CEPGL
connaissent des déplacements massifs des populations rurales
complètement démunies, celles-ci viennent se joindre à
celles des pays d'accueil frontalières qui elles-mêmes ne
disposent que de très maigres ressources. Dans ces situations, l'urgence
absolue pour elles est de leur trouver abri et nourriture et soins
médicaux, besoins que ces pays ne sont pas en mesure de couvrir
malgré les sacrifices consentis. La protection des
réfugiés se révèle plus théorique que
pratique, déjà en 1985 le manque de ressources financières
et de structures d'accueil face au nombre de réfugiés en
augmentation croissante des exodes rwandais et burundais est
alarmante272. Cette situation de manque ou de besoin est encore
aggravée par la lassitude des donateurs occidentaux dont « les
ressources financières et matérielles sont soit réduites
soit tardives ou encore purement et simplement
refusées273».
2. Les pratiques attentatoires
Les moyens limités devant lesquels l'afflux massif des
réfugiés fait face, sont les pratiques que certains Etats
africains adoptent à faire l'assistance, lesquelles sont en l'encontre
des principes fondamentaux de protection consacrés par les instruments
internationaux : des refoulements et des rapatriements forcés des
réfugiés, nous aurons l'occasion de donner les détails
dans la section suivante.
271 LANTERO (C), les droits des réfugiés, entre
droits de l'homme et gestion de l'immigration, op.cit., p. 254.
272 Séminaire sur la situation des
réfugiés en Afrique centrale, de Yaoundé/Cameroun,18-22
juillet 1985, HCR, Genève, p. 74, les pays participants étaient :
Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale,
République Centre Africaine, Rwanda , Sao Tomé et Principe, Tchad
et Zaïre, séminaire 1985, p. 20.
273 L'assistance économique énoncée par
la table ronde organisée par le PNUD à Genève le 18-19
janvier 1995 destinée à la reconstruction de l'Etat rwandais et
l'assistance aux réfugiés au Zaïre est retardée, Il
en est de même de l'échec du projet de l'opération de
maintien de la paix dans les camps de réfugiés rwandais au
Zaïre., voir Rapport, Voit rapport, Rapporteur spécial sur la
situation des droits de l'homme au Rwanda, doc, E/C/N.4/1996/7, 28 juin 1995,
p. 15, repris par DEGNI-SEGUI (R), Droits d'asile et des
réfugiés, op.cit., p.243.
274 Article 3 de la Convention des Nations Unies de 1984
contre la torture, l'article 7 du pacte international relatif aux droits civils
et politiques de 1966, article 2 alinéa 3 de la Convention de l'OUA.
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A côté du HCR, bien sûr en collaboration
avec lui, L'OUA et les autres institutions africaines, voient que la question
des réfugiés des grands lacs devient un problème
transnational, la Convention de1951 et la Convention de l'OUA ne couvrent plus,
face à cette crise, dès 1969 l'OUA se tourne vers la
prévention de migration forcée « de maintien de la paix
». A nos yeux, c'est une mesure aléatoire, l'analyse demanderait
une grande prise de conscience des africains des causes profondes des
fléaux qui minent ce continent, figurez-vous que faute de volonté
politique, aucune action sérieuse concertée n'est encore prise
pour mettre un terme à cette question.
Kéba MBAYE voit le sous développement de ce
continent comme, le mal qui entrave la résolution de la question de
migration forcée et l'essence de la misère sous toutes ses
formes, qui ne peut être levé qu'à l'aide au
développement et en faisant l'effort de réaliser une
société universelle, qui tire toutes les conséquences
légales et pratiques ; ce qui enjoint aux défis de
l'effectivité du statut des réfugiés dans la région
des grands lacs que nous avons posé comme hypothèses.
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