Chapitre II : Effectivité de la protection
internationale et régionale des réfugiés
La notion d'effectivité, de sa dimension
théorique, il faut penser au devoir de la formulation de la norme
à la jouissance du droit par les individus, par quels mécanismes
juridiques ou autres pour assurer l'effectivité du droit139.
Ainsi les droits des réfugiés ressortent aussi bien du droit
interne que du droit international, puisqu'ils se trouvent au confluent du
droit international140créateur de la norme de protection, et
du droit national pour son effectivité ou son application. En
matière d'effectivité des droits de l'homme, MILLIARD (E) montre
que « Ce n'est plus l'existence normative ou l'attribution du droit
qui conditionne son effectivité, mais l'effectivité qui
conditionne l'existence du droit. A défaut d'être effectifs, les
droits de l'homme ne sont pas des droits mais de simples prétentions
141».
L'obligation de fournir une protection internationale aux
réfugiés incombe aux Etats d'accueil et l'office du HCR, selon
les dispositions édictées par la Convention de 1951, la
Convention et instruments régionaux auxquels ils ont engagement, ainsi
que le statut du HCR qui relate ses compétences en la matière. Ce
chapitre élucidera les responsabilités étatiques
d'application de la norme en droit interne. L'importance, la
responsabilité ainsi que les manquements de HCR sur la question des
réfugiés de la région des grands lacs seront
également ciblés.
Section I. La souveraineté de l'Etat et
l'application du droit international aux réfugiés
Dès que le droit international pénètre au
coeur même du sanctuaire de la souveraineté, les rapports de
l'Etat avec ses nationaux, plus généralement entre l'appareil de
l'Etat et la population et particulièrement avec les étrangers,
la souveraineté va désormais se trouver arrêtée par
le droit appartenant à d'autres sujets de droit que les
Etats142. Pour que la conquête continue, des normes de
non-refoulement, des garanties procédurales en cas de renvoi, des
garanties en matière d'égalité et de non-discrimination
ainsi que des principes établis de l'unité familiale et de
l'intérêt supérieur de l'enfant143 permettront
à ce sujet de droit international de jouir de l'existence de ces
droits.
§1. Théorie de la souveraineté nationale
et ses contours conséquents
Selon la déclaration française de 1689 « le
principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la
nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en
émane
139 CHAMPELL-DESPLATS (V), LOCHAK (D), À la recherche
de l'effectivité des droits de l'homme, Presses Universitaires de
Paris 10, 2008.
140 DECAUX (E), Introduction générale au
droit international des droits de l'homme, concepts
généraux, cour audio, M2DIEDF, année
académique 2012-2013.
141 MILLIARD (E), La notion de l'effectivité,
cité par DESPLATS et LOCHAK, op.cit., p. 24.
142 VIRALLY (M), Panorama du droit international contemporain,
p. 1254, Martinus Nijhooff, 1985, cité par BOUZIRI (N), La protection
des droits civils et politiques par l'ONU, l'oeuvre du comité des droits
de l'homme, l'harmattan, 2003, p.11.
143 NAKACHE (D), op.cit., p. 9.
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pas expressément 144». La
souveraineté appartient à la nation personnifiée par
l'Etat qui est la nation juridiquement organisée. La nation forme une
entité distincte de ce qui la compose, ainsi le pouvoir de commandement
lui appartient et non à un individu ou un groupe
d'individus145.
Le contour conséquent de ce principe est ce fait que la
souveraineté est une et inaliénable car la nation est dans
l'impossibilité d'abandonner sa souveraineté au profit d'un
individu, un groupe d'individus, de puissance étrangère, mais
aussi la formule postule l'unité de la nation car la souveraineté
n'appartient pas par partie à chaque citoyen146. Ainsi la
souveraineté s'exerce par l'intermédiaire des
représentants, sa volonté doit s'exprimer par des individus qui
parlent en son nom vu que la nation est abstraite.
C'est pour ce fait qu'en matière de droit international
de la migration, « l'Etat décide qui entre et qui demeure sur
son territoire, comment protéger sa sécurité nationale et
comment veiller sur la composition de sa population pour maintenir un sens
cohérent d'appartenance à la communauté
nationale147» et ce droit fixe des limites aux pouvoirs
exercés par les Etats sur les questions en la matière du fait des
responsabilités et des engagements internationaux qu'ils ont
contractés.
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