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Rapport au savoir chez les enfants Ba-Bongo du village Matagamatsegue. Enquête sociologique en milieu rural au Gabon.


par Guy Laroche Mombo
Université Omar Bongo - Master II en sociologie 2019
  

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2.1.2. Que pensent les universitaires gabonais ?

Quelques travaux de recherche universitaire ont fait l'objet

* Axel Eric AUGE25, dans son mémoire de maitrise intitulé Evaluation du paradigme de la reproduction sociale au milieu universitaire au Gabon pour une lecture de l'école reproductrice, tente de vérifier le paradigme de la reproduction sociale de Bourdieu qui

24 Rolland Viau. Rolland (1994), La Motivation en contexte scolaire, Paris, Bruxelles. De Boeck et Lacier S. a.

25 Axel Eric Augé, Evaluation du paradigme de la reproduction sociale en milieu universitaire au Gabon, pour une lecture de l'école reproductrice, mémoire de maitrise en sociologie, Libreville, FLSH, UOB, Septembre 1997.

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postule que l'origine sociale conditionne le destin social. Il va ainsi constater que l'origine sociale modeste est une source de motivation pour les étudiants de familles populaires. Il démontre par la suite que, si pour Bourdieu l'origine sociale modeste condamne les étudiants au sein des sociétés capitalistes comme la France, l'effet n'est pas le même au Gabon.

Cette approche est aussi très intéressante ; mais au fond, elle n'explique pas pourquoi la capacité d'auto organisation et d'auto développement du savoir varie en fonction d'un élève à un autre, dans la mesure où le principe d'autonomie26 conduit l'acteur à ne pas se voir comme une victime mais comme un acteur capable de donner un sens à ce qui lui arrive.

*Hermine MATARI27, quant à elle, en s'appuyant sur le paradigme Bourdieusien, tente de montrer que la structure familiale a pour fonction la reproduction sociale, biologique et scolaire. Ceci en tentant de maintenir, et si possible d'améliorer, la position de la famille dans l'espace social. Ces travaux tentent de comprendre et d'expliquer la nature des rapports que les familles Gabonaise entretiennent avec l'institution scolaire.

Cette approche ne fait pas suffisamment place aux cas marginaux et ne nous permet pas elle aussi de comprendre la persévérance scolaire individuelle d'individu appartenant aux mêmes catégories sociales. Elle rejoint ainsi, peu ou prou, la position de Pierre BOURDIEU et Jean-Claude PASSERON sur la variable de l'origine sociale pour expliquer la réussite scolaire.

* Mesmin-Noël SOUMAHO28, dans sa thèse de doctorat démontre que l'héritage peu modifié de la colonisation, ce que l'on désigne généralement sous le vocable « système éducatif gabonais », n'est que la transposition d'un modèle déjà périmé en France. C'est-à-

26 François Dubet, Op.cit, p 18

27 Hermine, Matari, Trajectoire scolaire dans l'enseignement primaire et famille au Gabon. Pour une étude du rendement à partir de l'origine sociale des élèves. Mémoire de maitrise en sociologie, Libreville, FLSH, UOB, Octobre 1999.

28 Mesmin-Noël Soumaho, Objectifs de l'enseignement primaire et contenu des manuels de lecture. Contribution à une étude sociologique du curriculum au Gabon, 2tomes, thèse de Doctorat 3e cycle en sciences de l'éducation. Paris, université René Descartes-Paris V, 1987.

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dire qu'il ne prend pas en compte les réalités socioculturelles en ce que l'enseignement dispensé à l'école primaire au Gabon est inadapté, parce que n'intégrant pas une réalité culturelle fondamentale dans l'éducation : la langue maternelle. De ce fait, dès que l'enfant arrive à l'école, il perd toute spontanéité et adopte une attitude passive. « C'est que l'enfant est brusquement soumis à la nécessité de se plier à une discipline dont la valeur n'est pas comprise, il doit travailler seul au lieu d'agir au sein d'un groupe. La tâche demandée lui est étrangère sans rapport avec la vie et enseignée dans une langue inconnue ». Et par conséquent, ces savoirs inculqués à l'école sortent l'enfant de son milieu et le rend très inutile à ce milieu.

L'aspect de transposition spontanée d'un modèle sans un effort de contextualisation qu'aborde Mesmin-Noël SOUMAHO sur la question du système éducatif gabonais est très pertinent pour notre étude en ce qu'il touche la question du « rapport à la langue ». Le français est la langue légitimée à l'école au Gabon ; or en milieu rural gabonais (à Matagamatsengue en particulier), la langue vernaculaire est la plus utilisée dans l'espace privé ainsi que dans l'espace public. Cet écart entre socialisations familiale et scolaire a nécessairement une incidence dans le rapport.

* Gilbert NGUEMA ENDAMNE29 , dans l'école pour échouer fait un point des avatars d'une ouverture précoce de l'école à toutes les couches sociales. Il montre qu'en zone rurale, les directeurs d'écoles sont appelés à faire les arbitrages entre la loi et la pression villageoise. Les conditions de vie précaire des directeurs et enseignants (certains sont nourris et logés par les villageois) réduisent leur autonomie. En outre, cette volonté d'instruire tous les enfants en âge scolarisable va se heurter à des difficultés économique et financière qui ne permettent pas de répondre à l'exigence d'une éducation de qualité, susceptible d'atteindre les finalités qui lui ont étés assignées.

Tout comme dans la thèse doctorale de Mesmin-Noël SOUMAHO, cet aspect nous ait aussi pertinent en ce qu'il met en avant les limites d'une ouverture de l'école pour tous, en

29Gilbert, Nguema Endamne. (2011) L'Ecole pour échouer. Une école en danger. Crise du système d'enseignement gabonais. Paris, Publibook

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notant toutefois l'effet de contexte scolaire rural pour montrer l'échec d'un système éducatif qui favorise à son tour l'échec scolaire.

* Romaric Franck QUENTIN DE MONGARYAS30, quant à lui, s'intéresse au rapport à la lecture des étudiants de sociologie (licence 3 et Master 1) à Libreville. Il montre à l'aide de la théorie du rapport au savoir développée par Bernard Charlot, que chez ces étudiants gabonais de l'Université Omar Bongo, il y a une absence de culture sociologique, une faible construction intellectuelle et scientifique qui s'explique par leurs comportements paradoxaux en matière de lecture dans la mesure où ils ne parviennent pas à développer une compétence lectrice qui est nécessaire à tout étudiant qui souhaite poursuivre des études supérieures. En d'autres termes, ces étudiants n'ont pas un habitus lectoral ou encore n'entretiennent pas des habitudes ou des comportements qui favorisent le goût du livre ou de la lecture.

Tout comme les précédentes analyses, celle-ci nous paraît intéressante en ce qu'elle parvient à montrer l'importance d'un habitus lectoral dans le cadre de la construction d'une culture sociologique nécessaire à la poursuite des études universitaires, tout en mettant au centre le sujet lui-même.

Au terme de ce retour sur ces quelques travaux de nos prédécesseurs, et après avoir élucidé leurs problématiques, nous passons à la seconde phase dans le but de nous donner une problématique qui sied à notre questionnement de départ. Il s'agit de savoir en contexte gabonais, dans quelle mesure le rapport au savoir peut expliquer la motivation des élèves à persévérer dans la poursuite des études.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry