Section2 : L'école en milieu rural : « une
école où l'on apprend pour abandonner»
En parlant «d'une école où l'on apprend
pour abandonner », nous voulons dans la même perspective que
celle de nos devanciers sociologues gabonais (M-N SOUMAHO, G NGUEMA ENDAMNE,
R.F QUENTIN DE MONGARYAS), démontrer les limites du système
73 Mesmin-Noël, Soumaho, (1987), Objectif de
l'enseignement primaire et contenu des manuels de lecture. Contribution
à une étude sociologique du curriculum au Gabon,
thèse pour le 3ème cycle en sciences de
l'éducation, Université René Descartes- Paris V (Sciences
humaines, Sorbonne).
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éducatif gabonais. Il s'agit pour nous de ressortir les
carences des politiques éducatives de l'Etat en milieu scolaire rural
(les réalités de l'offre scolaire dans les villages au Gabon et
à Nzingui en particulier).
Contrairement à l'idée d'une école de
qualité qui est véhiculée par la loi
n°21/2011 du 14 février 2012 portant organisation
générale de l'éducation, de la formation et de la
recherche au Gabon, trois (3) éléments fondamentaux nous ont
conduit à qualifier l'école en milieu rural gabonais d'une
école où l'on apprend pour abandonner, c'est-à-dire,
une école ou l'on se rend aujourd'hui pour décrocher demain, ou
à la moindre occasion on abandonne toute activité et où
l'on est conduit à mettre très peu d'entrain à effectuer
une activité proposé (aux élèves) ou demander (aux
enseignants).Notamment :
- l'absence de motivation: chez les enseignants, elle est
liée aux conditions précaires
de travail et pour les élèves à leur rapport
au français,
- un rythme scolaire en dents de scie,
caractérisé par : l'absence des enseignants chaque fin du mois et
l'absence scolaire liée aux travaux champêtres, les moqueries des
camarades et les blâmes des enseignants,
- et la disqualification parentale (liée à leur
faible niveau d'études) ou le désinvestissement de l'Etat (manque
d'établissements pré-primaires, occultation de la langue
vernaculaire, structures vieillissantes, etc.).
2.1. L'absence de motivation
Pour ce qui est des enseignants, celle-ci s'explique par les
conditions de vie précaires (logement) auxquelles ils font face d'une
part et l'absence d'équipement d'enseignement scolaire (manuels,
tableaux défectueux, tables de banc) et structure vieillissantes d'autre
part.
« Comment pouvons-nous travailler dans des telles
réalités ou même le minimum n'existe pas. Je vis dans une
classe de la vieille bâtisse faite en terre battue qui servait
d'école avant et l'on attend quel rendement venant de moi ? »
(Enseignante de la 1ère année).
Or pour les élèves la démotivation
viendrait du rapport conflictuel qu'ils entretiennent avec la langue
légitimée par l'école et l'irrégularité des
enseignants qui entrainent des lourdeurs, de la passivité face à
l'exigence de l'école.
En effet, l'absence de motivation participe donc à la
mort de la volonté d'apprendre et donc de l'école, dans la mesure
où, la motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui
puise ses origines dans la perception qu'ont les différents acteurs (les
élèves, enseignants et parents), d'eux même et de leur
environnement, qui par la suite va les inciter ou non à s'y engager dans
les activités et à persévérer dans l'optique de
leur accomplissement afin d'atteindre les différents objectifs.
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