CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le rapport au savoir, en tant que fait éducatif, est
l'objet d'étude sur lequel porte notre recherche. Il s'inscrit
simultanément dans trois champs disciplinaires Sociologie :
l'école, la famille et le rapport au savoir. Cet objet, pose un
problème qui constitue la préoccupation majeure de notre
investigation : l'incidence du rapport au savoir sur la
persévérance scolaire (l'influence que peut avoir le sens que
l'on donne à l'école et au fait d'apprendre sur la
persévérance scolaire des élèves Babongo).
L'univers d'enquête que nous avons retenu dans le cadre
de notre étude est le village Matagamatsengue, Situé dans la
province de la NGOUNIE, précisément dans le département de
la LOUETSI-WANO à 36 kilomètres de LEBAMBA (chef-lieu du
département), sur l'axe Malinga-Mourembou.IL est entre le village
Mbelnaltembe et Nzingui, à 144 kilomètres de Mouila : capitale
provinciale
L'objectif est de savoir, en contexte gabonais, dans quelle
mesure le rapport aux savoirs peut rendre compte de manière pertinente
des échecs dans le système éducatif gabonais. Ainsi, la
perspective théorique que nous avons adoptée est celle de Bernard
CHARLOT. Deux hypothèses ont étés émises. Primo,
les élèves issus de la communauté Babongo accordent
véritablement un sens social aux études dans la mesure où
ils développent une persévérance scolaire qui se construit
autour d'un projet familial essentiellement centré autour d'une relative
réussite sociale qui se traduit par un emploi
rémunéré, qui permettra à l'enfant plus tard
d'aider toute la famille. Secundo, Le contexte scolaire en zone rurale
étant défavorable, les élèves Babongo du village
Matagamatsengue accordent un sens épistémique et identitaire
restreint aux études, non pas dans la perspective de sortir de leur
catégorie sociale, tout au plus pour apprendre à lire et à
écrire afin de pouvoir solliciter des tâches subalternes dans la
division sociale du travail moderne.
Les outils de collecte des données que nous avons
utilisés dans l'optique de vérifier ces hypothèses sont
les récits de vie et le guide d'entretien. Les résultats
de cette enquête feront l'objet de la deuxième partie de ce
travail.
Deuxième partie
DE L'EXPERIENCE SCOLAIRE DES PARENTS D'ÉLEVES ET
DU RAPPORT AU SAVOIR CHEZ LES ELEVES BABONGO A L'INADEQUATION ENTRE LA REALITE
SCOLAIRE EN MILIEU RURAL ET LES MISSIONS FONDAMENTALE DES POLITIQUES EDUCATIVES
AU GABON.
Introduction de la deuxième partie
La notion de rapport au savoir met en avant une dialectique
entre intériorité et extériorité,
entre sens et efficacité45, ou encore entre
activité et subjectivité46. Cette
dialectique est fondamentale dans le cadre de notre travail en ce qu'elle
permet d'objectiver les situations observées. Par conséquent, la
question du « sens » est centrale ici car elle nous met en rupture
avec les autres sociologies : sociologie de la reproduction et du handicap
socioculturel, pour lesquelles le sujet n'est pas central. «Se demander
quels sont les mobiles de l'enfant qui travaille à l'école, c'est
s'interroger sur le sens que l'école et le savoir présentent pour
lui. Quel sens cela a-t-il pour l'enfant d'aller à l'école (...)
47» ?
En outre, mettre en évidence l'expérience
scolaire des parents d'élèves ici nous permettra de mieux saisir
la représentation sociale de l'école des familles Babongo de
Matagamatsengue d'une part, et de cerner les relations qu'entretiennent les
élèves issus de ces familles avec l'école d'autre part.
Après avoir mis en évidence l'expérience
scolaire des chefs de famille et le rapport au savoir des élèves
dans le chapitre trois (3) et quatre(4), le cinquième chapitre sera
axé sur les politiques éducatives en milieu rural gabonais en
général et en particulier celui du village Nzingui. Il s'agit ici
d'un regard critique sur les réalités scolaire en milieu rural
gabonais à partir des observations de terrain sur l'offre scolaire et
sur la loi n°21/2011 du 14 février 2012 portant organisation
générale de l'éducation, de la formation et de la
recherche au Gabon.
De ce fait, quel sens les chefs de familles et les
élèves donnent-ils à l'école et au fait d'apprendre
? Et que peut-on dire sur les politiques éducatives en contexte rural
gabonais ? Tel est le fil conducteur de cette deuxième partie.
45Bernard Charlot, (2000). La problématique du
rapport au savoir. In A. Chabchoub (Ed), rapports aux savoirs et
apprentissages des sciences. Tunis : Publications de l'association
Tunisienne des Recherches Didactiques.
46 Rochex, J-Y. (1995). Le sens de
l'expérience scolaire. Paris : PUF.
47 Charlot, B, Bautier ; E. et Rochex, J-Y. (1992).
Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs. Paris : A. Colin
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