2.3. L'intérêt sociologique de
l'étude
L'intérêt de notre étude se justifie
premièrement par le fait que très peu de travaux de recherche
scientifique au Gabon se sont intéressés à lire la
réalité de l'école en milieu rural,
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et d'autre part parce que nous observons aussi une population
(minorité ethnique) que les recherches sociologiques au Gabon estiment
marginale.
Deuxièmement, dans le but de démontrer que le
rapport aux savoirs des élèves joue un rôle important sur
le rendement scolaire. En outre, le phénomène de la
persévérance scolaire nous permettra d'évaluer si
l'analyse de Bernard Charlot sur le rapport aux savoirs des
élèves peut être applicable en contexte rural. Il s'agit de
lire le rapport aux savoirs non pas en terme d'échec ou d'abandon
scolaire, mais en terme de persévérance scolaire qui s'explique
d'une part par la dimension sociale (la demande familiale) et d'autre part la
dimension épistémique.
En effet, il est question de comprendre dans quelle mesure la
relation qu'entretiennent les élèves avec le fait d'aller
à l'école et d'y apprendre des choses peut-être à
l'origine de la persévérance scolaire.
Des lors, la persévérance scolaire
nécessite d'être traitée avec beaucoup de rigueur en ce
qu'il est un phénomène non quantifiable nonobstant le taux
d'échec scolaire élevé du système éducatif
gabonais.
2.4. Les limites de l'étude
Dans le cadre de notre travail de recherche, plusieurs
difficultés théoriques et méthodologiques ont
jalonné la rédaction de notre mémoire de master.
Cependant, nous vous présentons les limites fondamentales
rencontrées durant la recherche.
- La nécessité d'un
interprète
Nos enquêtés s'expriment pour la majorité
en langue nzébi. Il était donc indispensable de notre part
d'avoir un interprète afin de nous permettre de mieux échanger
avec certains d'entre eux. Seulement deux sur onze (2/11) récits de vie
ont de ce fait été réalisés en français. Et
pour ce qui est des entretiens avec les élèves, ils ont
été quant à eux réalisés en français.
Cependant, il y avait certains élèves qui donnaient de temps
à autre des réponses en nzébi.
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- La réticence et l'indisponibilité des
enquêtés
Ce point constitue l'une des difficultés majeures de
notre travail. La réticence et l'indisponibilité sont la
caractéristique du peuple Babongo de Matagamatsengue. Selon le
chef du village, leur réticence s'explique par le fait pour eux
d'être constamment des victimes de l'arnaque et de fausses promesses
`'des étrangers» qui arrivent chez eux, en particulier des hommes
politiques auxquels nous avons été confondu à cause de
notre arrivée juste après la période électorale
(législatives et locales, octobre 2018). En effet, cet aspect est plus
observable chez les femmes et les jeunes filles. C'est d'ailleurs
l'élément explicatif de la faible présence de points de
vue de ces dernières dans notre travail.
Les travaux champêtres étant la principale
activité du peuple Babongo, nous étions contraint d'attendre
chaque jour leur retour des champs au tour de 16 heure pour certains voire 18
heure pour d'autres afin d'avoir les parents d'élèves en
entretien.
En outre, nous avons eu trois jours d'inactivité due
à un décès dans le village. En effet, lorsqu'une telle
tragédie survient, aucune autre activité ne peut être
menée à tel point que même l'école avait
été aussi fermée durant ce temps de deuil. A ces trois
jours d'inactivité liés au deuil, se greffent ceux liés
à l'absence des enseignants. Lorsqu'arrive la période du 25 du
mois les enseignants se déplacent pour la ville dans le but de toucher
leur salaire mais aussi dans le l'optique de passer du temps en famille.
« La période du 25 ou de la fin du mois est
pour nous non seulement l'occasion de sortir pour nos salaires mais c`est aussi
le temps que nous avons pour voir nos familles afin de répondre à
nos obligations » (enseignante en 1èreannée
à l'école publique de Nzingui).
- Notre lieu de résidence durant le
séjour
N'ayant pas eu une famille d'accueil à Matagamatsengue,
nous vivions donc à trois kilomètres de l'école dans un
village voisin (Mbinambi). Par manque de véhicule, nous nous rendions
chaque matin à pieds à l'école de Nzingui pour les
entretiens avec les élèves et les observations en situation de
cours et les soirs à Matagamatsengue pour les entretiens avec les
parents d'élèves. La durée de notre séjour a
été de 34 jours (du 9 novembre au 12 décembre 2018).
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