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L'effectivité de la répression du détournement de deniers publics au Gabon.


par Junior Arnaud Landry ONDO NDOUTOUMOU
Université de Yaoundé II/Soa - Master professionnel en Droit Contentieux Fiscaux, financiers et des Comptes Publics 2015
  

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Section II: La réforme du cadre légal de la répression du détournement de deniers publics

L'effectivité ou l'efficacité de la répression d'une infraction aussi grave que le détournement de deniers publics est étroitement lié à la politique criminelle instauré à travers la loi pénale qui en est le testament. En effet, il est notable, dans le cas de la répression de cette infraction au Gabon que la loi pénale semble avoir pris un coup de vieillesse. Il serait donc important afin de mieux lui permettre de répondre aux nouveaux problèmes que pose la répression du détournement de deniers publics de revoir son cadre légal. Pour ce faire, dans le cadre de cette partie à venir, nous formulerons le souhait d'une modification de la loi pénale. Elle partirait d'éléments qui nécessitent une modification de la loi pénale (Paragraphe I) avant de l'achever par une réorganisation de la justice gabonaise (Paragraphe II).

Paragraphe I: La modification de la loi pénale en matière de détournement de deniers publics

La répression du détournement de deniers publics au Gabon ne pourra connaitre une effectivité si l'on ne débute pas par lui donner un cuire de jouvence. Ce toilettage concerne la loi pénale sur laquelle s'appuie le juge pour condamner un individu. En effet, pour nous, il serait fort important d'entrevoir le débat du prolongement du délai de prescription en matière de détournement de deniers publics (1) et l'encadrement du remboursement des avoirs incriminés (2).

1. Le prolongement du délai de prescription en matière de détournement de deniers publics

Selon Portalis « une loi est un acte de souveraineté, une décision n'est qu'un acte de judicature ou de magistrature »187. C'est-à-dire que la loi doit permettre d'assurer une sécurité juridique à la personne inculpée mais aussi à toute la société. En effet, « Il appartient au

187 J. HAUSER, le juge et la loi, le Seuil du / Pouvoirs, 2005, n °114, p.141.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 71

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pouvoir législatif de définir les comportements qu'il juge antisociaux, et d'organiser l'identification, l'appréhension, la poursuite et le jugement de leurs auteurs, le tout selon des modalités bien précise »188. La modalité précise est la procédure à entrevoir en matière de poursuite de l'auteur d'une infraction. Le code de procédure pénal gabonais qui encadre la procédure a adoptée en matière pénale dispose qu' : « En matière de crime, sauf en ce qui concerne ceux déclarés imprescriptibles par la loi, la prescription de l'action publique est de vingt années révolues à compter du jour où le crime a été commis, si dans cet intervalle il n'a été fait aucun acte d'instruction ou de poursuite »189. C'est dire qu'un crime perpétré à une date X s'il n'a pas fait l'objet d'acte d'instruction ni de poursuite en l'espace de vingt ans, l'auteur ne pourra plus être poursuivi par une juridiction pénale. Dans le cas du Gabon, c'est une grande porte ouverte à l'impunité de ceux qui sont proches du pouvoir quand on se refaire à la longévité du pouvoir qui est en moyenne de 19 ans pour le moment. En effet, il reconnut la possibilité pour le Chef de l'Exécutif de se représenter aux élections présidentielles autant de foi qu'il lui sera possible190. Cette impunité est plausible étant donné que l'indépendance de la justice est un débat houleux dans notre pays. Nous en avons pour preuve le rappelle fait par le Président de la République en sa qualité de président du Conseil Supérieur de la Magistrature en ses mots « le magistrat doit être un homme libre au service du droit et de l'Etat »191. Si les hommes chargés de rendre justice ne sont pas libres d'exercer leur fonction est-ce la répression de l'auteur de détournement qui n'est qu'une tâche qu'ils sont à accomplir qui sera empreint de liberté ? Nous ne pensons pas. En moyenne, sur les trois présidents qui se sont succédé au pouvoir, hormis le tout premier qui a pris le pouvoir trop vieux donc l'a laissé très tôt192. Ces successeurs l'ont acquis très jeune d'où la longévité du second193 soit 42 ans et la possibilité de voir une imitation de celui qui est à la magistrature suprême en ce moment194. Le problème avec la longévité du pouvoir en Afrique est l'aspect pervers de l'abus de ce pouvoir par ceux qui en ont la charge. Tant que le Président au pouvoir sert de bouclier pour certain homme politique ils ne seront jamais inquiétés. Les exemples commencent à être légion en la pratique au Gabon. Pour nous, au fin de ne point voir l'impunité « des Barons » aux pouvoirs depuis 2009 coupable de la gestion calamiteuse

188 F. DESPORTES et L. LAZERGES « Traité de procédure pénale », Economica, 2009, p.1.

189 Art 4 du code de procédure pénal du 25 novembre 2010.

190 Article 9 de la Constitution de 1991(L.13/2003 du 19 Août 2003) : « Le Président de la République est élu pour sept (7) ans, au suffrage universel direct. Il est rééligible ».

191 Allocution du Président Ali BONGO le 7 septembre 2017 lors de la session du Conseil Supérieur de la Magistrature qu'il préside.

192 Léon MBA premier président de la République gabonaise de 1960-1967.

193 Omar BONGO ONDIMBA président de la République gabonaise de 1960-2009.

194 Ali BONGO ONDIMBA président de la République gabonaise depuis 2009.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 72

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du Gabon actuel, qui n'ont pas encore fait l'objet d'instruction ou poursuite pour détournement de deniers publics. Pendant que les fortunes de ces derniers ne cessent de rivaliser avec le Milliards. Ils peuvent s'en sortir grâce à la prescription du crime de détournement de deniers publics qui s'achèvera au crépuscule de 2029 si le crime a été commis en 2009 sans qu'il est connu une instruction . L'une des solutions idoines seraient de fixer la prescription du détournement de deniers publics à 30 ans au moins. En effet, les données démocratiques en Afrique et au Gabon en particulier connaissent depuis quelques années un vent de changement, il serait peu évident de voir un Président resté au pouvoir plus de 30 ans. C'est-à-dire pendant plus de quatre législatures de quatre fois sept ans dans le cas du Gabon. A l'état actuel du statut réservé au magistrat, il serait mieux de contourner son manque d'indépendance actuel par un prolongement de la prescription en la matière. Ceci ne serait utile que si des mécanismes fort et accrus étaient utilisés pour obliger la répression du détournement de deniers publics dans un pays comme le Gabon ou malheureusement les accointances politiques font encore la loi. D'autre part, le détournement de deniers publics doit être perçu comme un véritable crime contre le développement et l'épanouissement de l'homme dans la société. Il ne serait pas redondant de rappeler que les dispositions constitutionnelles protègent l'accès pour la population à un emploi, l'instruction aux soins de santé. Comment assurer tout cela à sa population quand on croupit sous le poids de la dette à cause des multiples détournements de deniers publics décrier ci et là. Plus grave ces milliards détournés feront le bonheur du patrimoine de ces hommes vicieux qu'hériteront leur progéniture pendant que la grande majorité du peuple et leurs enfants à venir souffriront des frasques de la crise économique. Si la justice ne s'éveil pas c'est toute la société qui sombrera dans les querelles ethniques et politiques à un moment ou à un autre. Ce sera les riches contre ceux qui revendiqueront une justice sociale car comme on le dit en Afrique « ventre affamé n'a point d'oreille ». Chaque jour un peu plus la crise économique depuis 2009 ne cesse de s'accroitre. Les victimes de cette dernière demeure les plus pauvres pendant que pour d'autres ne cessent de s'enrichir. Il est tant pour la justice d'embrasser le problème à bras le corps aux fins de rétablir la prestance et la confiance du peuple en la justice. Le contexte économique actuel et le développement de la pensée pénale pose la réflexion de la prééminence du remboursement des deniers publics incriminés. Ceci permettra d'éviter un sureffectif carcéral inutile pour cause d'emprisonnement aux bénéfices des générations avenirs comme autre voie de solution.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 73

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus