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L'effectivité de la répression du détournement de deniers publics au Gabon.


par Junior Arnaud Landry ONDO NDOUTOUMOU
Université de Yaoundé II/Soa - Master professionnel en Droit Contentieux Fiscaux, financiers et des Comptes Publics 2015
  

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CHAPITRE II : SOLUTIONS DANS L'OPTIQUE D'UNE MISE EN OEUVRE PRATIQUE DE LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS.

L'essor de la répression du détournement de deniers publics au Gabon est une question de volonté au tant politique que juridique. Le politique en détient l'essor à travers la possibilité d'assurer l'indépendance de la justice et une meilleure gestion de l'organisation de cette dernière. Le droit quant à lui, se doit d'évoluer à travers une construction nouvelle de la loi en la matière. Comme il est dit « les lois ne sont pas de pures actes de puissance ; ce sont des actes de sagesse »173. Ainsi dans le cadre de ce propos, nous exposerons les voies de solutions qui pourraient permettre de voir la répression du détournement de deniers publics être effectif au Gabon. Pour se faire, nous nous appuierons sur un argumentaire qui promeut l'efficacité des mécanismes de prévention et de gestion du détournement de deniers publics (Section I) et la réforme du cadre légal de la répression du détournement de deniers publics (Section II).

Section I : L'efficacité des mécanismes de prévention et de gestion du détournement de deniers publics

Une prévention accrue du détournement de deniers publics est pour nous un moyen pour de mettre en oeuvre la politique nécessaire pour réduire la violation de loi par le détenteur précaire des avoirs de l'Etat tout en le mettant face au risque à encourir en cas de désobéissance pénale. En vue d'explicité cette partie nous porterons notre attention sur l'efficacité des mécanismes de prévention en matière de détournement de deniers publics (Paragraphe I) et pour finir sur le renouvellement des acteurs en charge de la gestion du détournement de deniers publics (Paragraphe II).

173 J-L. SOURIOUX, Le Bon législateur selon Portalis, in « discours préliminaire au corps législatif du projet de loi relatif à la publication », p. 516. P.A FRENET, Recueil complet des travaux préparatoires du code civil, Tome 9, Paris, 1827, p.359.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 63

LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON

Paragraphe I : L'efficacité des mécanismes de prévention en matière de détournement de deniers publics

Les mécanismes de prévention du détournement de deniers publics sont les méthodes qui consistent à prévenir la commission de ladite infraction. Avant d'entrevoir une répression d'une infraction, il serait utile de mettre en place des mesures qui pourront court-circuiter la commission de l'acte contraire à la loi. Ces mécanismes s'avèreront efficace quand il sera observé une baisse de l'activité criminelle en la matière. Pour ce faire, une politique de prévention efficace doit être mise en place partant d'une permanence des contrôles internes et externes de la gestion des deniers publics (1) et d'une obligation de déclaration des biens pour tout fonctionnaire (2).

1. La permanence des contrôles internes et externes de la gestion des deniers publics

La constitution gabonaise fait de la volonté du peuple le fondement de l'autorité des pouvoirs publics et fait obligation à ces derniers de rendre compte de leur action. Le principe d'un contrôle de l'utilisation des deniers publics est exposé aux articles 14 et 15 de la DDHC de 1789. C'est dans cette optique qu'il est mise en place des contrôle internes et externes de la gestion faite par les administrations et toute entreprise ou collectivité qui jouit d'un apport financier de l'Etat pour son fonctionnement. En effet, dans le cadre du contrôle interne de l'administration publique, il part d'un audit interne diligenté par l'administration elle-même à priori et à postériori. Ce contrôle porte sur la régularité des opérations financières exécuté afin de déceler des irrégularités. Dans l'activité financière du budget alloué aux administrations et collectivités publiques ce contrôle est effectif mais il n'est fait que soit une fois par an parfois pas du tout. Nous avons pour exemple le fait que dans la période de 2002 à 2007, il a fallu le rapport de la Cour des comptes pour que la Direction Générale du Budget et des Finances publique fasse un audit sur l'utilisation des finances débloquées à l'occasion des fêtes tournantes de cette période. Il serait utile que ce contrôle se fasse deux fois dans l'année, c'est- à- dire chaque semestre. En sus, il serait utile d'adjoindre des cellules anti-corruption dans chaque Direction et service dans lesquels sont gérés ou déployés l'argent public aux fins d'amoindrir les probabilités de commission de l'infraction. Les responsables de ces cellules se doivent d'assister aux contrôles internes et doivent avoir accès aux procès-verbaux qui en découle. Il serait opportun d'effectué des audits externes diligenté par des institutions privées à la demande du Ministère des finances pour s'assurer de la sincérité des comptabilités à lui présenter par le contrôle à postériori. D'autre part, un contrôle juridictionnel des opérations

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 64

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budgétaires et comptables de l'ensemble des administrations174 doit être assuré par la Cour des comptes. Le problème de ce contrôle est le fait que la Cour des comptes ne juge que les comptes des comptables publics175 et pas les fonctionnaires. En effet, la Cour des comptes ne met son expertise en oeuvre que pour apurer les gestions des fonctionnaires il ne participe pas de droit dans la découverte des moyens frauduleux utilisés par le délinquant pour atteindre son dessein criminel. D'où l'importance de voir cette institution être doté de nouvelles prérogatives. Accentuer les contrôles de gestion va permettre de faire reculer le désir pour les fonctionnaires de désobéir à la valeur sacrée de l'argent public. Il est aussi d'une importance que le Parlement fasse son travail dans son rôle de procéder au contrôle de la politique de gestion du gouvernement. En effet, plusieurs rapports ont été diffusés par la Cour des comptes mais on s'étonne de la confiance aveugle que la Parlement gabonais accorde aux différents gouvernements qui se sont précédés depuis la fin des années 90. L'argent est un facteur important pour le bien- être d'une société, c'est par lui ou grâce à lui que l'Etat peut assurer les obligations qui lui sont assignées par la Constitution en son article premier. C'est donc un facteur non négligeable à l'existence humaine par ricochet à celle d'une société. En 2010, sur demande du Président de la République la Cour des Comptes à affirmer que les dépenses issus des réalisations publiques effectuées lors des fêtes tournantes de 2009 ont été effectué en dessous des sommes débloquées. Le Parlement ne s'en est pas appuyé pour appeler le gouvernement à mettre en oeuvre ce qui est nécessaire pour recouvrir les fonds ou de mettre les coupables devant les juridictions compétentes. Ceci est étonnant étant donné que c'est le peuple qui en subi les frasques car une route qui est construit en violation des standards de construction en la matière c'est lui qui sera en proie à des accidents de circulation. Le détournement de deniers publics attise la pauvreté et ne peut permettre à l'Etat de procéder à la mise en application de sa politique publique en matière sociale. Le bien public nécessaire au développement de la population se volatilise sous silence. C'est comme le disait Grégoire NGBWA MINTSA176 « le patrimoine qui aurait pu servir à développer le pays et répondre aux besoins quotidiens des Gabonais a été utilisé par un groupuscule (...) au service de la gloire de l'enrichissement personnel ». C'est l'apanage d'un contrôle inefficace et surtout du manque de rigueur de l'Etat à astreindre tout fonctionnaire au respect de l'argent public qui est un bien commun nécessaire au bien -être de tous. Comment concevoir un agent public

174 Art. 157 du décrêt 2016/94 portant règlement général de la Comptabilité publique.

175 Art. 38 de la loi portant organisation, fonctionnement et compétence de la cour des comptes de 1994.

176 Activiste gabonais décédé en 2014. Lauréat du prix de l'intégrité de Transparency International en 2010. L'enquête que Gregory NGBWA MINTSA a aidé à révéler qu'Omar Bongo et sa famille possédaient 39 propriétés en France, 70 comptes bancaires et au moins de 9 véhicules de luxe d'une valeur estimée à presque 1,5 million d'euros.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 65

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dont la valeur des biens doit être connue de l'Etat à son entrée dans la fonction publique, devenir riche en un temps record. On en vient à se demander si les fonctionnaires sont tous astreints à l'obligation de déclaration des biens conformément aux dispositions du Statut de la Fonction publique.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand