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L'effectivité de la répression du détournement de deniers publics au Gabon.


par Junior Arnaud Landry ONDO NDOUTOUMOU
Université de Yaoundé II/Soa - Master professionnel en Droit Contentieux Fiscaux, financiers et des Comptes Publics 2015
  

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Paragraphe II : La dépendance organisationnelle du pouvoir judiciaire

A la suite de ce qui a été dit plus haut, la dépendance au niveau organisationnel du pouvoir judiciaire rend la répression du détournement de deniers publics difficile à mettre en oeuvre sur le plan pratique. Afin d'en découvrir les tenants, cette partie mettra en lumière les conséquences du rôle du Président de la République en tant que chef de l'exécutif du CSM (1) et pour finir celle de la garanti de l'indépendance du pouvoir judicaire (2) qui lui est attribué par la Constitution.

1. Le Président de la République, chef de l'exécutif du Conseil Supérieur de la Magistrature

L'organisation du pouvoir judiciaire trouve par le biais du Conseil Supérieur de la Magistrature l'organe qui consacre son organisation. Le CSM est régi par la loi organique n°2/93 du 14 avril 1993 modifié par la loi n°8/94 du 17 septembre 1994 fixant sa composition, son organisation et son fonctionnement. Le 28 décembre 2010 il connut une modification dans sa composition. Le CSM est l'organe qui veille à la bonne administration de la justice165. Le problème que cette institution pose est le fait que cette dernière est présidée par le Président de la République. En effet, selon l'article 3 de la loi portant composition, organisation et fonctionnement du CSM « Le Conseil Supérieur de la Magistrature est présidé par le Président de la République ». Ce dernier est assisté depuis la modification de ladite loi en 2010 par le Ministre de la Justice en qualité de Vice-président. A la lecture de cette loi on peut aisément comprendre que l'administration de la justice est sous l'égide du pouvoir Exécutif. Ce qui relègue les magistrats qui sont censés être les premiers acteurs de la bonne administration de leur fonction au rang de « sujet » des deux membres du pouvoir Exécutif que sont le président de la République et le Ministre de la Justice Garde des Sceaux166. En

165 Article 2 de la loi n°2/93 du 14 avril 1993 fixant la composition, l'organisation et le fonctionnement de la CSM : « Le conseil supérieur de la magistrature veille à la bonne administration de la justice ».

Il statue de ce fait sur tes intégrations, les nominations, les affectations, les avancements et la discipline des magistrats.

166 Article 70 nouveau de la loi n°1/2018 du 10 janvier 2018 portant révision de la Constitution : « Le Conseil Supérieur de la Magistrature est présidé par le Président de la République.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 59

LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON

d'autres termes, l'organisation de la justice dépend de la politique qui sied à sa hiérarchie. Le fait qui vient d'être exposé plus haut, est l'une des raisons de la stérilité jurisprudentielle en matière de détournement de deniers publics. En effet, les plus concernés aux regards des récentes informations et parodies d'exercice de l'activité judiciaire aux fins de faire justice à la société, sont des anciens ministres, directeurs généraux, etc... proches hier des arcanes du pouvoir qui sont mise en cause. Ayant constitué le sciage politique du pouvoir en place, ces anciennes hautes personnalités de l'Etat peine à faire l'objet de condamnation définitive depuis plusieurs années. Cette situation est la résultante du regard trop accru de l'Exécutif dans le traitement des affaires de détournement de deniers publics. Cet état des faits est troublant étant donné que l'armature juridique en la matière est assez bien fournie. A ce sujet, il nous ait choix de noter que l'article 67 de la constitution que vient corroborer l'article 2 de la loi sur la CSM tant, au travers du regard trop accru de l'Exécutif être l'expression une violation du principe de séparation des pouvoirs. Ceci ne peut donc permettre de rendre justice au peuple gabonais. La séparation des pouvoirs au dessein de Montesquieu promeut une séparation entre les trois pouvoirs qui constituent le point central de l'organisation de l'Etat. Bien qu'il soit reconnu une certaine collaboration entre les différents pouvoirs, néanmoins il est risqué de voir l'organisation d'un organe aussi important que le CSM être présidé par le PR. Ceci est une concentration de pouvoir qui nuit au développement de la justice comme c'est le cas aujourd'hui. Hors, il est admis que « L'indépendance des magistrats, conséquence nécessaire de la séparation des pouvoirs, suppose, d'une part que les décisions des juridictions ne puissent être revues que par les magistrats bénéficiant de la même indépendance, d'une part, que la carrière des juges et les sanctions qu'ils encourent le cas échéant soient protégés de choix arbitraires émanant du pouvoir exécutif, d'autre part »167. A la lecture de ce qui précède il est n'est pas de bonne augure d'entrevoir l'organisation du pouvoir judiciaire sous l'influence d'un autre pouvoir. Au Gabon, on ne l'entend pas de cette oreille étant donné que la Constitution elle-même consacre cette immixtion du Président de la République dans l'organisation du pouvoir judiciaire. Au lieu de préserver l'indépendance des différents pouvoirs d'une influence que pourrait avoir l'un sur l'autre, elle donne corps à un rassemblement de pouvoirs autour du Président de la République. L'intérêt guidant l'agissement humain en général, il n'est donc pas étonnant de

La première Vice-présidence du Conseil Supérieur de la Magistrature est assurée par le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

La deuxième Vice-présidence est assurée de façon rotative par les présidents de la Cour de Cassation, du Conseil d'Etat et de la Cours des Comptes ».

167 Sous la direction d'Alain RENAUT, « Institutions », Hermann, Tome II, Paris, 2008, p.89.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 60

LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON

constater que les arrestations observées jusque -là semble téléguidé par l'exécutif que par un devoir de justice envers le peuple dont doit s'atteler le pouvoir judiciaire. Une institution ne peut se consacrer correctement à la réussite de sa mission s'il est sous influence d'une autre institution. Ceci est un des prémices de la démocratie tel que conçu par les fondateurs de cette gestion politique de la société. Sans nul doute, la mauvaise idée d'un PR à la tête du Conseil Supérieur de la Magistrature est à évincer de la norme suprême gabonaise en prenant pour exemple la modification constitutionnelle en France de 2008 en la même matière. Etant donné que nous comprenons toujours très tard ce que les autres ont compris très tôt, faute à un ?amour viscéral ? et démesuré du pouvoir. Même son de cloche en ce qui concerne de la garanti de l'indépendance du pouvoir judiciaire.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon