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L'effectivité de la répression du détournement de deniers publics au Gabon.


par Junior Arnaud Landry ONDO NDOUTOUMOU
Université de Yaoundé II/Soa - Master professionnel en Droit Contentieux Fiscaux, financiers et des Comptes Publics 2015
  

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2. La Haute Cour de Justice : une juridiction sans magistrats

La constitution gabonaise du 26 mars de 1991 érige HCJ en juridiction pénale d'exception aux fins de ventiler l'activité judiciaire. Malgré cela, cette activité semble comporter des imperfections qui laissent la répression du détournement de deniers publics stagné aux voeux textuels. « Si le droit se réclame laïc, ce n'est pas seulement pour avouer ses imperfections que la pratique judiciaire doit autant que faire se peut, tenter de corriger125 ». En effet, la justice gabonaise est vouée à plusieurs imperfections parmi lesquelles la crédibilité ou la lenteur de la justice qui se doit d'être résorbée pour une meilleure gestion de l'activité judiciaire. En parlant de la crédibilité du pouvoir judiciaire, comment concevoir qu'une juridiction inscrite dans l'environnement judiciaire depuis 1991 pour ne citer que la constitution de 1991, soit encore en manque de magistrat. Etonnant ! C'est le moins qu'on puisse dire au vue de la réalité gabonaise. La Haute Cour de Justice est juridiction intronisée par la Constitution gabonaise du 26 mars 1991, vingt-six (26) ans plus tard aucun magistrat n'est désigné par les autorités compétentes malgré les actes de détournement de deniers publics enregistrés ci et là. Selon l'article 81 de la constitution « Les règles de fonctionnement de la Haute Cour de justice, la procédure applicable devant elle et la définition des crimes reprochés au Président de la République sont fixés par une loi organique ». Cette loi organique est la loi n°49/2010 du 25 septembre 2011 qui détermine la composition et le fonctionnement de la Haute Cour de Justice. Malgré l'existence de cette loi aucun magistrat n'est nommé en son sein et cette dernière « n'offre aucune disposition supplétive, permettant à titre transitoire, de recourir à un juge d'appui pour connaitre du contentieux relevant des missions de cette juridiction. Il s'en suit une impasse intolérable, qui couvre du sceau de

124 Actuelle Présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon.

125 A. ONDO MVE, le code gabonais intégré des procédures civiles et présentation générale de l'acte uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement, Multipress, 2000, p.3.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 42

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l'impunité, tous les membres du régime au Pouvoir »126. La conséquence de ce « manque de volonté » des autorités compétentes de mettre en place cette juridiction qui permettra de punir les hauts fonctionnaires de l'administration qui se feront coupable de détournement de deniers publics et d'autres crimes contre le bien public est le sentiment d'impunité dont parle le Monsieur MOUKAGNI plus haut.

En effet, depuis plusieurs années les crimes financiers, parmi lesquels le détournement de deniers défrait la chronique au Gabon. Des « arrestations et interpellations à répétition suscitent la curiosité...on parle de 500 milliards pour le seul Magloire NGAMBIA 127». Malgré ces interpellations aucune mise en cause de responsable devant ladite Cour car il n'existe aucun magistrat pour procéder au jugement des personnes qui incriminées. Des mises en examens à n'en point finir sont observés c'est le cas avec Magloire NGAMBIA (ancien ministre de l'Economie, du Commerce, de la Promotion de l'Investissement) le 10 janvier 2017. Celui de Désiré GUEDON 128 et Etienne NGOUBOU129. A la suite de telles interpellations comment comprendre le fait que cette Haute Cour de Justice censé juger les membres du gouvernement qu'ils étaient au moment de commission des faits reprochés, responsables du non-respect des règles de finances publiques plus précisément de détournement de deniers publics. Règles qui préconisent une gestion efficiente et transparente des deniers publics. Les avoirs de l'Etat étant une propriété de tous, il serait incongru que certains citoyens en usent comme leur patrimoine personnel. De ce fait, il semble raisonnable que la pensée populaire se résigne à croire à l'existence d'une connivence entre la justice et les autorités publiques dans leurs malversations financières quoiqu'elles portent atteinte à la personne publique. Ce sentiment d'impunité semble être relayé par le magistrat MOUKAGNI-IWANGOU quand il dit que « le fait que cette juridiction ne soit pas effective

126J-D-D. MOUKAGNI-IWANGOU, Magistrat hors- catégorie dans sa correspondance adressée à Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République, Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, ayant pour objet la nomination des Magistrats devant siéger au sein de la Haute Cour de Justice, en date du 20 juin 2016, publiée dans l'hebdomadaire l'aube.

127 R. BOUENGUIDI, in politique, 13 février 2017, diffusé par Gabonreview.

128 Ancien ministre de l'énergie « Il avait la lourde charge de faire construire des infrastructures hydroélectriques dans de nombreuses localités du pays. Entre autres projets, la construction à Ntoum d'usine de production d'eau potable pour la ville de Libreville ; la construction d'une microcentrale hydroélectrique de 1,40 MW à Malinga ; la construction d'une microcentrale de 0,450 MW) à Iboundji... en somme, près de six marchés pour un montant global de 58.215.496.745 FCFA... preuve que le financement de décaissé par l'Etat gabonais n'a jamais été utilisé à ces fins. Le 22 mai 2014, Désiré GUEDON, dans une correspondance adressée au secrétariat d'Etat au Commerce du royaume d'Espagne, sollicite à nouveau des financements pour les projets précités ». Les Colonnes du journal L'Union et de la Loupe du 3 janvier 2017, relayé par Gabon Média Time du 4 janvier 2017 à 0h29mn.

129 Ancien ministre de l'énergie écroué au sujet du problème d'adduction d'eau pour ravitailler Libreville, Ntoum et autres de plus de 110 milliards de francs ont été décaissés du temps de GUEDON et Etienne NGOUBOU. S'ils ont échoué, c'est à eux, ainsi que les autres ministres financiers de l'époque de rendre comptes », LEMBET (H), Gabon Média Time du 4 janvier 2017.

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est une impasse intolérable, qui couvre du sceau de l'impunité, tous les membres du régime au Pouvoir, en commençant par vous-mêmes, qui êtes les principaux justiciables de cette juridiction »130. Ce serait d'une utilité indéniable de tenir des discours ou de créer des lois nouvelles dans l'optique de décourager tout citoyen de se rendre coupable de détournement de deniers publics une fois « aux affaires » si le respect de la loi n'est pas un sacerdoce venant des plus hauts décideurs, qu'ils ventilent à la plus petite catégorie d'agent de l'administration gabonaise. Ceci laisse entrevoir une certaine fragilité dans l'échelle des valeurs sociales où certains individus semblent en effet se situer au-dessus de l'Etat en s'appropriant indûment la chose publique. Il devient donc impératif d'envisager une justice qui se respecte, ?digne de foi ? pour les populations et capable de faire respecter la loi face à tout citoyen. Si rien n'est fait dans ce sens on risque de voir naitre ?des rancoeurs cancérogènes ? néfaste pour la cohésion sociale. Pour ce faire, il serait judicieux de mettre hors d'état de nuire l'ivresse du pouvoir et l'odeur de connivence qui semble s'échappé des relations entre la justice et les autorités publiques aux regards de l'impunité dans laquelle beigne certains hauts fonctionnaires de l'Etat. Aux risques de voir le peuple perdre confiance en la justice qui doit être le garant du respect de la loi par tout assujetti au sein de la société. Cette situation laissée en l'état peut laisser cours à l'exercice de la justice populaire venant de ceux qui souffrent à l'endroit de milliardaires spontanés après quelques mois seulement passés à la tête ou à un poste influent au sein de l'administration publique.

130 MOUKAGNI-IWANGOU Jean De Dieu, Ibid.

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CONCLUSION PARTIELLE

Le droit gabonais consacre la répression du détournement de deniers publics à travers sa nomenclature juridique. Cette nomenclature juridique constituée par les recommandations internationales à part entière, permet la répression de ce crime à la lecture de la loi pénale corroboré par d'autres lois comme celles qui encadrent l'exercice de la fonction publique. Au travers de ce qui a été dit dans le développement de cette partie, la sévérité de la loi pénale N°21/63 du 31 mai 1963 est témoin de la répression sans faille au Gabon du détournement de deniers publics. L'érection de juridiction spécialisée est un autre exemple qui consacre l'effectivité de la répression de ce crime sur le plan textuel. Au regard de tout ceci, nul doute que le droit gabonais est bien armé sur le plan textuel pour combattre et procéder à la répression de toute infraction encadré par la loi en particulier du détournement de deniers publics. Mais ceci semble peu suffisant pour caractériser l'effectivité la répression d'un tel crime.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius