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L'effectivité de la répression du détournement de deniers publics au Gabon.


par Junior Arnaud Landry ONDO NDOUTOUMOU
Université de Yaoundé II/Soa - Master professionnel en Droit Contentieux Fiscaux, financiers et des Comptes Publics 2015
  

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Section II : Le trait spécifique de la loi pénale en matière de détournement de deniers publics

A l'instar de toute norme, la loi pénale possède une identité particulière qui tend à la différencié des autres normes existant au sein de la société dans laquelle elle a été édictée. Il va donc s'agir pour nous de mettre en lumière le particularisme de la loi pénale gabonaise en matière de détournement de deniers publics. Pour se faire, nous prendrons appui sur la sévérité de la loi pénale en matière de détournement de deniers publics (Paragraphe I) et sur la mise en oeuvre de la responsabilité de l'auteur (Paragraphe II).

Paragraphe I : Une loi sévère en matière de répression du détournement de deniers publics

Une loi sévère est considérée comme une règle rigoureuse suite à la commission d'un acte qu'elle réprime. La sévérité de la loi pénale gabonaise repose sur la dureté de la loi pénale applicable en matière de détournement de deniers publics (1) et sur la déchéance dont fera l'objet l'auteur du détournement de deniers publics (2).

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 25

LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON

1. La sévérité de la loi pénale applicable en matière de détournement de deniers publics

Le détournement de deniers publics au Gabon est incriminé par le Code pénal en son article 141. L'alinéa 173 dispose que : « Tout fonctionnaire ou agent de l'Etat ou des collectivités publiques qui aura détourné ou soustrait des deniers publics ou privés, ou effets actifs en tenant lieu, ou des espèces, titres, effets ou objets mobiliers dont il était dépositaire à l'occasion de ses fonctions, sera puni de la réclusion criminelle à perpétuité si les choses détournées ou soustraites sont d'une valeur supérieure à 250.000 francs ». A la lecture de cet article qui montre le caractère sévère de cette loi pénale provient de prime abord de la peine qui découle du détournement de deniers publics.

En effet, l'article 141 prévoit à l'endroit de l'auteur : « la réclusion criminelle à perpétuité ». La réclusion criminelle est une peine criminelle de droit commun, perpétuelle ou temporaire de trente, vingt, quinze ans au plus, dont l'objet est la privatisation de liberté du condamné74. C'est donc une peine privative de liberté de trente ans au plus. Le terme « perpétuité » quant à lui s'entend de ce qui a une durée infinie ou sans limite. En nous appuyant sur les définitions déclinées précédemment nous pouvons considérer la réclusion criminelle à perpétuité comme étant une peine privative de liberté pour une durée sans limite. C'est la peine que retient la loi pénale à l'encontre de l'auteur de détournement de deniers publics. Il nous semble clair que le crime dont il est fait allusion est une violation grave au travers de laquelle peut découler la déstabilisation d'une société tout entière. Une somme d'argent amputée dans le budget d'un hôpital public censé couvrir les besoins de matériaux de pointes de ce dernier peut générer une incapacité pour le personnel soignant de sauver la vie de plusieurs citoyens. Le contrevenant se verra donc punir sévèrement au travers de la disposition susmentionnée. Dans le cas français, le Code pénal français en la même matière puni le délinquant à dix ans de prison et 150.000 euros d'amende75. Comparativement à celle du Gabon cette loi semble moins sévère. La loi pénale gabonaise est d'une sévérité qui semble suivre la pensée d'Albert CAMUS en parlant de l'attitude de la société au 20ème siècle au travers de sa justice au sujet de la peine de mort, « ...Elle brandit la tête pour que les candidats au meurtre y lisent leur avenir et reculent »76 . Cette pensée est l'expression du rôle de la loi pénale qui est d'abord dissuasive. C'est-à-dire au travers de sa sévérité elle diminue

73 Art 141 du C.P al.1 (modifié par les lois n° 16/70 du 17 décembre 1970, 42/87 du 31 décembre 1987, et 19/93 du 27 août 1993).

74 Lexiques des termes juridiques, op. Cit, P.598.

75 Art.432-15 du Code pénal français.

76 A. CAMUS, Réflexions sur la peine capitale (Arthur KOESTHER), Pluriel, 1979.

Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior Arnaud Landry Page 26

LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON

les candidats à sa désobéissance à cause de la peine à encourir. En sus, la loi pénale en cas de violation de sa disposition procède à la répression afin de réparer le préjudice causé à la société. A la suite de ceci, nous notons la sévérité de l'article 141 du Code pénal au regard de la « somme incriminée ». Ainsi, tout fonctionnaire qui se serait rendu coupable de détournement ou de soustraction de deniers publics « sera puni de la réclusion criminelle à perpétuité si les choses détournées ou soustraites sont d'une valeur supérieure à 250.000 francs ». Pour un détournement de biens ou valeurs d'une personne publique supérieure à 250.000 francs, il est retenu une réclusion criminelle à perpétuité. Par cette disposition le code pénal gabonais est le « porte-étendard » d'une sévérité sans faille dans la répression de cette irrégularité néfaste pour le développement d'une nation.

Au regard de cette disposition, nul doute, à travers le Code pénal gabonais, la répression du détournement de deniers publics est effective sur le plan textuel. De ce fait, la société va donc engager la responsabilité du fonctionnaire fautif aux fins de protéger et de faire justice à la personne publique victime de l'irrégularité commise. Il est pensé que « la responsabilité est l'essence même de l'homme libre qui doit assumer les conséquences de ses faits »77. Ne pas punir cette injustice dont la personne publique est la victime à travers son patrimoine spolié serait faire entorse à l'Etat de droit basé sur l'obligation de respect par tous des lois de la cité. Quid de la déchéance qui découle de la désobéissance de l'auteur du détournement de deniers public ?

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