2.2. LES RISQUES OPERATIONNELS ET LE SYSTEME DE GESTION
C'est l'ensemble des vulnérabilités auxquelles
est confronté un EMF dans sa gestion quotidienne et qui peuvent
provoquer la destruction de ses actifs. Comme risque principal, le risque
opérationnel est lié à la perte d'argent à travers
:
· les crédits défaillants ;
· les fraudes ;
· et les vols.
A ces trois risques correspondent trois mesures :
Tableau 3 : Types de risques opérationnels
Risques opérationnels
|
Type de perte
|
Les premiers responsables
|
Risque de crédit
|
Perte résultant d'une mauvaise qualité du
portefeuille
|
Les clients
|
Risque de fraude
|
Perte résultant des déceptions
|
Personnel des IMF
|
Risque de sécurité
|
Perte résultat des vols
|
Les personnes extérieures aux IMF
|
|
Source : Cours de gouvernance des IMF, deuxième
licence, Prof MAKUNZA Egard
Pour réduire la vulnérabilité aux
risques opérationnels, les IMF élaborent des politiques et
procédures qui servent de système de contrôle interne
à l'organisation. Ces mesures de contrôles sont préventives
et détectrices.
Les contrôles préventifs empêchent les
résultats indésirables de se produire. Quelques exemples de
mesures préventives :
- Engagez un personnel crédible et compétent
qui peut prendre de bonnes décisions dans l'octroi de crédits
;
- S'assurer que les crédits sont soutenus par des
garanties appropriées ou des substituts de garanties
;
- Bien définir les tâches du personnel pour
éviter des erreurs ou des cumuls de fonctions qui peuvent conduire
à des erreurs qu'elles soient intentionnelles ou non
;
- Demande d'autorisation pour éviter des
irrégularités des dépenses des ressources
financières;
- Développer une procédure d'enregistrement
efficace pour décourager des opérations
irrégulières ;
- Mettre en place assez de mesures de sécurités
comme serrures, gardes, coffres-forts pour protéger l'argent en
espèces et les autres actifs.
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
16
Les contrôles de détection (ou contrôles
défectifs) permettent d'identifier des effets indésirables quand
ceux-ci se produisent. Quelques exemples des mesures de détection
:
- Rapprochement des relevés bancaires avec les
reçus ;
- Suivi systématique du tableau de bord de gestion des
crédits en vue de réduire sensiblement les risques de
compromission du portefeuille.
- Définition et mise en oeuvre des politiques de
gestion de la délinquance pour réduire les risques de
créances irrécouvrables ou de défaillance fatale.
- Suivi et évaluation des performances du personnel
pour s'assurer que les politiques et procédures définies sont
convenablement suivies ;
- Des visites de terrains aux clients pour s'assurer que le
solde de leurs encours de crédit de même que d'épargne
correspondent aux données enregistrées dans les livres comptables
de l`IMF.
Pour arriver à une combinaison appropriée de
mesures de contrôle préventives et détectrices il faut
avoir un sens aigu de jugement. Les mesures de contrôles
préventifs évitent les problèmes potentiels mais les
mesures de contrôle détectrices sont généralement
plus faciles à exécuter. Par exemple, c'est plus facile de
réconcilier des relevés bancaires chaque mois que
d'empêcher les employés d'empocher les remboursements.
2.2.1. LE RISQUE DE CREDIT
Le risque de crédit est le plus connu et constitue la
plus grave des vulnérabilités d'une institution de microfinance.
C'est la détérioration de la qualité du portefeuille
crédit qui cause les pertes et créée des charges
énormes en gestion de la défaillance. Ce risque aussi connu comme
le risque de défaillance, est lié à l'incapacité du
client de respecter les termes du contrat de prêt.
Un seul micro crédit ne pose pas un risque
énorme parce que le pourcentage sur le portefeuille total est
insignifiant. Mais puisque la plupart des micro- crédits ne sont pas
garantis, la défaillance peut facilement s'étendre d'un petit
nombre de crédits à une portion importante du portefeuille. Cet
effet de contamination peut être aggravé par le fait que les
portefeuilles de microfinance se limitent souvent à certains secteurs
d'affaires. Par conséquent, un grand nombre des clients peuvent
être exposés à une menace externe commune un peu comme une
maladie dans un bétail.
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
17
2.2.1.1. Contrôle du risque de crédit
La gestion du risque de crédit peut se
présenter sous deux aspects : Les mesures préventives que les
prêteurs prennent avant l'octroi du crédit et les mesures
d'encouragement après le déboursement pour permettre le
remboursement dans les délais.
Avant d'octroyer un crédit, le créancier peut
réduire le risque de crédit en prenant certaines mesures de
contrôle qui réduisent la défaillance ou la perte
potentielle lors de la conception du crédit, telles que
:
- l'enquête sur l'historique du client,
- l'orientation du client sur les attentes et les
procédures de l'IMF.
Une fois que le crédit est octroyé, la gestion
du risque client transforme les mesures de contrôles qui réduisent
la perte potentielle en mesures de contrôles qui réduisent des
pertes réelles. Par conséquent, les procédures de gestion
de la défaillance sont des composantes clés dans la gestion des
risques de crédit. Cette section traite les quatre mesures clés
de contrôles de risque de crédit :
· la conception du produit,
· le choix du client,
· les comités de crédit,
· et la gestion de la défaillance.
a) La conception d'un produit de
prêt : les IMF ne doivent développer que des produits
qui répondent adéquatement aux besoins des clients (la taille du
crédit, le taux d'intérêt, l'échéancier de
remboursement, les conditions de garantie et toutes autres exigences
spécifiques.
b) L'analyse de l'historique du
client : la volonté et la capacité du client
à rembourser le prêt peuvent être analysées au
travers de la règle des cinq « C » :
· Caractère: est une
indication de la volonté du demandeur à rembourser et sa
capacité à bien gérer une entreprise.
· Capacité : Si oui ou non
les revenus de l'entreprise ou de ménage peuvent couvrir le
remboursement du crédit.
· Capital : actifs et passifs de
l'entreprise et/ou ménage
· Cautionnement : L'accès
à un actif que le demandeur de crédit en cas de non-paiement ou
une garantie d'une personne de bonne moralité (garantie physique)
à rembourser le crédit en cas de défaillance.
· Condition : Un plan d'affaires
qui tient compte de la concurrence, le marché du produit et du service
ainsi que de l'environnement légal et économique.
Blaise CISUAKA Mémoire de fin de
cycle
18
c) L'approbation des comités du
crédit : Etablir un comité de plusieurs personnes
pour la prise de décisions d'octroi des crédits est une mesure
essentielle de contrôle pour réduire le risque de crédit.
S'il revient à un seul individu de prendre des décisions d'octroi
de crédit, d'annulation de crédit ou de
rééchelonnement ou sur les termes d'octroi de crédit, ce
pouvoir peut être facilement abusé. En effet ce comité doit
évaluer objectivement l'efficacité des décisions d'octroi
de crédit.
d) La gestion de la
défaillance : pour bien gérer une défaillance
déjà souvenue les IMF doivent :
- promouvoir la culture institutionnelle de tolérance
zéro,
- y orienter les clients
- pénalités appliquées aux mauvais
payeurs
- primes d'encouragement au personnel
- respecter les termes du contrat
- adopter un rééchelonnement prudent et
approprié.
2.2.1.2. Le suivi du risque de
crédit
Pour le suivi de la qualité du portefeuille, l'UDE de
CARE recommande à la limite qu'une IMF analyse les ratios de
qualité du portefeuille mensuellement. Ceci implique le portefeuille
à risque, le Ratio de perte sur crédit et le Ratio de
réserve. En plus l'IMF doit faire attention au nombre et valeurs de
crédit qui ont été rééchelonnés et
maintenir un rapport sur la balance âgée du portefeuille.
Tableau 4 : Ratio de qualité du
portefeuille
Ratio de qualité du portefeuille
|
Ratio de portefeuille à risque : Ce
ratio
|
Valeur de l'encoursde crédit en
retard
|
doit servir d'indicateur de base pour le suivi de la
qualité du portefeuille
|
Encours de crédit
|
Taux de créances irrécouvrables :
définit
|
Montant des crédits déclassés
|
la proportion de créances irrécouvrables sur la
période précédente
|
Encours moyen de crédit
|
Taux de provisionnement des créances :
|
Provision pour perte de créances
|
indique l'adéquation des provisions constituées
(dotations) par rapport au portefeuille
|
Total Encours de crédits
|
Taux de rééchelonnement de crédits
:
|
Montant des
Prêtsrééchelonnés
|
indique la plus part des crédits
rééchelonnés sur la période
précédente.
|
Encours moyen de crédit
|
Source : Manuel de gestion des risques en microfinance
(CARE)
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
19
|