2.3. LES RISQUES DE GESTION FINANCIERE ET LE SYSTEME DE
GESTION
Les risques liés à la gestion financière
représentent un tiers de la vulnérabilité pour les
institutions de micro finance(7). Différent des risques
institutionnel et opérationnel, le risque lié à la gestion
financière est inhérent aux choix de la stratégie et les
procédures employées par l'équipe de gestion de la
structure de micro finance pour optimiser la performance financière.
Les éléments clés qui émergent de
cette stratégie comprennent :
a) Les Risques de Gestion de l'Actif et du Passif ;
b) Les Risques d'Inefficacité ;
c) Les Risques liés à la
Vulnérabilité du Système.
2.3.1. GESTION DE L'ACTIF ET DU PASSIF
Dans le secteur bancaire, la gestion de l'actif et du passif
se base fondamentalement sur la gestion de la marge d'intérêt,
c'est-à-dire la différence positive entre le revenu net sur
actifs circulants et le coût du capital.
La gestion réussie de cette marge exige un contrôle
sur :
§ le risque de taux d'intérêt ;
§ le suivi des fluctuations de devises
étrangères ;
§ la liquidité ;
§ le risque de crédit (voir supra).
Les institutions de Micro finance sont vulnérables
à ces trois risques si elles
présentent une des caractéristiques suivantes
:
- Elles empruntent de l'argent des sources commerciales pour
financer leurs
portefeuilles ;
- Elles approvisionnent leur portefeuille à partir de
l'épargne des clients ;
- Elles fonctionnent dans un environnement fortement
inflationniste ; ou
- Elles ont des passifs libellés dans une devise
étrangère.
(7) Professeur Frederick KALALA(2013), Notes
de cours de Gestion des risques en Microfinance, UPC/,
inédit
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
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2.3.1.1. Le risque de taux
d'intérêt
Le risque de taux d'intérêt est
particulièrement un problème pour les IMF qui opèrent dans
les environnements avec des taux d'inflation élevés. Si le taux
d'inflation augmente, le taux d'intérêt imposé sur le
prêt ne pourra pas suffire pour compenser les effets d'inflation.
L'effort d'une IMF pour ajuster les taux d'intérêt sur ses
prêts est déterminé par le niveau d'utilisation du passif
à court terme pour approvisionner les actifs à long terme dans le
portefeuille.
Si le taux sur les dettes à court terme augmente avant
que l'IMF n'ajuste ses taux d'intérêt aux prêts, la marge
entre le revenu d'intérêts et le paiement d'intérêt
sera insignifiant. En conséquence cela va sérieusement affecter
la marge de profit de l'IMF.
Les IMF devraient suivre le risque de taux
d'intérêt en prenant les mesures suivantes :
§ évaluer le montant à risque quand il y a un
changement dans les taux d'intérêt ; et
§ évaluer les variations périodiques des flux
financiers dans un contexte particulier de changement de taux
d'intérêts.
Pour les IMF qui disposent d'une clientèle à
faible revenu, la sensibilité du taux d'intérêt peut
être d'une importance moindre que de pouvoir réagir à
n'importe quel changement des flux financiers.
La détermination de la différence entre les
actifs sensibles à la variation du taux d'intérêt et les
éléments du passif sensibles à la réduction du taux
d'intérêt, est ce qu'on pourrait appeler analyse du
différentiel de taux, permet de déterminer les mécanismes
d'identification, à temps, de la réduction du flux financier au
sein de l'institution.
Les actifs ou passifs variables sont ceux dont les prix ou
valeurs peuvent fluctuer à la hausse comme à la baisse au cours
des mois à venir.
Un indicateur utile pour le suivi des risques de taux
d'intérêt est la marge financière nette
d'intérêt, généralement appelée
la marge (8).
MFNI = Revenus - Charges financières Total
actif Moyen
|
|
Ce ratio calcule le revenu qui reste dans l'institution
après le paiement d'intérêt sur tout le passif et compare
le résultat avec soit l'actif total, soit le portefeuille de prêts
de l'institution.
(8) Professeur Edgard MAKUNZA KEKE(2014),
Cours d'analyse financière des IMF,
première licence, ISC/GOMBE, inédit.
26
C'est important de comparer ce ratio au ratio des
dépenses opérationnelles
Total dépenses
opérationnelles
RDO =
Total actif Moyen
Pour évaluer si la marge de taux
d'intérêt est assez élevée pour couvrir les charges
opérationnelles.
2.3.1.2. le risque de taux de change
Les risques de change sont fort probables lorsque l'IMF
détient dans son actif ou passif des devises étrangères.
La dévaluation ou la réévaluation de ces actifs ou passifs
a les mêmes effets que le taux d'intérêt et expose les IMF
aux pertes ou bénéfices potentiels. Si le taux de change de la
monnaie locale est inférieur à celui de la devise
étrangère utilisée, l'IMF devra subir la différence
négative de change. Cette différence constitue un taux
d'intérêt additionnel qui doit être
généré par l'institution à travers ses revenus
opérationnels.
De la même manière, si c'est au contraire la
valeur de la monnaie locale qui est plus cotée en bourse que celle de la
devise étrangère, l'IMF bénéficiera d'un gain
financier potentiel.
Les IMF sont en premier lieu préoccupées par
les risques liés aux devises étrangères quand elles ont
des créances libellées en devises étrangères et
convertissent ces créances pour assumer des crédits en monnaie
locale.
Bien que ce cas soit rare pour les IMF congolaises, il n'est
pas superflu de savoir comment se calcule le ratio de risque de change :
RRC =
Actifs circulants
Actif en devise - Passif en devise
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
2.3.1.3. Le risque de liquidité
La liquidité s'adresse à la capacité
d'une IMF de trouver immédiatement de l'argent pour faire face aux
déboursements des prêts, au paiement des factures et au
remboursement des dettes. Le risque de la liquidité se pose quand une
IMF est incapable de couvrir un déficit de liquidité.
Compte tenu de la nature unique de la micro finance, un
besoin temporaire en fonds de crédit peut se révéler
très sérieux.
Un défaut de liquidité temporaire du fonds de
crédit peut engendrer une dégénérescence
sérieuse de la qualité.
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
27
La gestion efficace de la liquidité exige aux IMF
d'obtenir un équilibre entre le maintien de liquidité suffisante
pour faire face aux besoins de trésorerie et d'obtenir des revenus par
les investissements à long terme.
Une mesure clé pour la minimisation des risques de
liquidité se réfère à la gestion même de la
trésorerie. Cette gestion suppose la mise en place d'un plan de
trésorerie, qui permet de s'assurer que le montant des encaissements
est, en tout temps, égal ou supérieur au montant des
décaissements.
En raison de la nature cyclique de demande de crédit
dans plusieurs pays et la tendance d'une expansion rapide des jeunes IMF
dès le début des années 90, une IMF peut être
envahie par de fortes demandes de prêts. Pour faire face à ce flot
de demande, le responsable financier doit établir un programme efficace
de gestion des flux financiers.
Ce programme doit s'assurer que:
§ Les besoins en liquidité sont planifiés
sur une base d'hypothèses pessimistes en vue de minimiser les crises
probables de liquidité.
§ Une politique de plafonnement des niveaux de
liquidité est élaborée (plafond et plancher de
l'encaisse).
§ Les besoins en liquidité (plan de
décaissement) sont prévus et planifiés ;
§ Les plans d'encaissement sont constamment mis à
jour ;
§ Les surplus de liquidité sont investis ou
octroyés en crédit ;
§ Une politique de liquidité minimale pour
assurer la couverture des retraits de fonds des épargnants, et l'octroi
de prêts aux membres ou à la clientèle.
Les IMF ayant prouvé leur crédibilité
négocient, le plus souvent, des lignes de crédit auprès de
banques locales. En cas de forte demande de crédits, elles peuvent avoir
recours à ces lignes de crédits. Ceci permet à l'IMF de ne
supporter des charges financières que sur les fonds effectivement
utilisés.
En dehors des prévisions de trésorerie,
l'indicateur de liquidité le plus approprié pour une institution
dépend de sa typologie institutionnelle. Si l'institution mobilise des
épargnes volontaires par exemple, elle doit s'assurer qu'elle dispose
d'une liquidité assez suffisante pour satisfaire les demandes de
décaissement des clients en utilisant un indicateur comme le
ratio de liquidité immédiate.
RLI =
Dette à court terme
Actif liquide
Le numérateur du ratio de liquidité
immédiate doit exclure n'importe quel actif circulant dont l'utilisation
est limitée par les bailleurs, étant donné qu'ils ne
pourraient pas satisfaire les besoins de retrait des épargnes.
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
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Les IMF peuvent davantage suivre le total de flux financiers
en utilisant le ratio de liquidité. Le ratio de liquidité
aide les institutions à déterminer s'il y a assez
d'espèces (trésorerie) disponibles pour les déboursements
et aussi s'il y a de la trésorerie improductive en trop.
RLG =
Trésorerie disponible + Flux
d'entrée prévisionnel sur la période Flux de
sortie de fonds anticipé sur la période
Ce ratio devra toujours dépasser 1. Le flux
d'entrée et de sortie d'argent devrait être revu sur une base
mensuelle et doit inclure seulement l'argent disponible. La
dépréciation, les prévisions pour les pertes sur
crédits ou l'ajustement de subvention et inflation n'ont pas d'effet sur
les flux financiers.
Le ratio de trésorerie improductive mesure la part des
fonds qui ne génèrent pas de revenus (espèces en caisse et
quasi-espèces) et les fonds générant des revenus (mais
faiblement). Les quasi-espèces font référence aux
dépôts à terme (3 mois ou moins) qui génèrent
des revenus très faibles. Pour des raisons de liquidité, un
certain montant de trésorerie improductive est nécessaire.
Cependant, si le montant est très élevé, cela
réduirait le rendement des actifs de l'IMF.
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