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Analyse et gestion des risques au sein d'une institution de microfinance.


par Blaise NKASHAMA CISUAKA
Institut supérieur de commerce de Kinshasa - Licence en Sciences commerciales et financières  2015
  

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2.3. LES RISQUES DE GESTION FINANCIERE ET LE SYSTEME DE GESTION

Les risques liés à la gestion financière représentent un tiers de la vulnérabilité pour les institutions de micro finance(7). Différent des risques institutionnel et opérationnel, le risque lié à la gestion financière est inhérent aux choix de la stratégie et les procédures employées par l'équipe de gestion de la structure de micro finance pour optimiser la performance financière.

Les éléments clés qui émergent de cette stratégie comprennent :

a) Les Risques de Gestion de l'Actif et du Passif ;

b) Les Risques d'Inefficacité ;

c) Les Risques liés à la Vulnérabilité du Système.

2.3.1. GESTION DE L'ACTIF ET DU PASSIF

Dans le secteur bancaire, la gestion de l'actif et du passif se base fondamentalement sur la gestion de la marge d'intérêt, c'est-à-dire la différence positive entre le revenu net sur actifs circulants et le coût du capital.

La gestion réussie de cette marge exige un contrôle sur :

§ le risque de taux d'intérêt ;

§ le suivi des fluctuations de devises étrangères ;

§ la liquidité ;

§ le risque de crédit (voir supra).

Les institutions de Micro finance sont vulnérables à ces trois risques si elles

présentent une des caractéristiques suivantes :

- Elles empruntent de l'argent des sources commerciales pour financer leurs

portefeuilles ;

- Elles approvisionnent leur portefeuille à partir de l'épargne des clients ;

- Elles fonctionnent dans un environnement fortement inflationniste ; ou

- Elles ont des passifs libellés dans une devise étrangère.

(7) Professeur Frederick KALALA(2013), Notes de cours de Gestion des risques en Microfinance, UPC/, inédit

Blaise CISUAKA Mémoire de fin de cycle

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2.3.1.1. Le risque de taux d'intérêt

Le risque de taux d'intérêt est particulièrement un problème pour les IMF qui opèrent dans les environnements avec des taux d'inflation élevés. Si le taux d'inflation augmente, le taux d'intérêt imposé sur le prêt ne pourra pas suffire pour compenser les effets d'inflation. L'effort d'une IMF pour ajuster les taux d'intérêt sur ses prêts est déterminé par le niveau d'utilisation du passif à court terme pour approvisionner les actifs à long terme dans le portefeuille.

Si le taux sur les dettes à court terme augmente avant que l'IMF n'ajuste ses taux d'intérêt aux prêts, la marge entre le revenu d'intérêts et le paiement d'intérêt sera insignifiant. En conséquence cela va sérieusement affecter la marge de profit de l'IMF.

Les IMF devraient suivre le risque de taux d'intérêt en prenant les mesures suivantes :

§ évaluer le montant à risque quand il y a un changement dans les taux d'intérêt ; et

§ évaluer les variations périodiques des flux financiers dans un contexte particulier de changement de taux d'intérêts.

Pour les IMF qui disposent d'une clientèle à faible revenu, la sensibilité du taux d'intérêt peut être d'une importance moindre que de pouvoir réagir à n'importe quel changement des flux financiers.

La détermination de la différence entre les actifs sensibles à la variation du taux d'intérêt et les éléments du passif sensibles à la réduction du taux d'intérêt, est ce qu'on pourrait appeler analyse du différentiel de taux, permet de déterminer les mécanismes d'identification, à temps, de la réduction du flux financier au sein de l'institution.

Les actifs ou passifs variables sont ceux dont les prix ou valeurs peuvent fluctuer à la hausse comme à la baisse au cours des mois à venir.

Un indicateur utile pour le suivi des risques de taux d'intérêt est la marge financière nette d'intérêt, généralement appelée la marge (8).

MFNI = Revenus - Charges financières Total actif Moyen

 

Ce ratio calcule le revenu qui reste dans l'institution après le paiement d'intérêt sur tout le passif et compare le résultat avec soit l'actif total, soit le portefeuille de prêts de l'institution.

(8) Professeur Edgard MAKUNZA KEKE(2014), Cours d'analyse financière des IMF, première licence, ISC/GOMBE, inédit.

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C'est important de comparer ce ratio au ratio des dépenses opérationnelles

Total dépenses opérationnelles

RDO =

Total actif Moyen

Pour évaluer si la marge de taux d'intérêt est assez élevée pour couvrir les charges opérationnelles.

2.3.1.2. le risque de taux de change

Les risques de change sont fort probables lorsque l'IMF détient dans son actif ou passif des devises étrangères. La dévaluation ou la réévaluation de ces actifs ou passifs a les mêmes effets que le taux d'intérêt et expose les IMF aux pertes ou bénéfices potentiels. Si le taux de change de la monnaie locale est inférieur à celui de la devise étrangère utilisée, l'IMF devra subir la différence négative de change. Cette différence constitue un taux d'intérêt additionnel qui doit être généré par l'institution à travers ses revenus opérationnels.

De la même manière, si c'est au contraire la valeur de la monnaie locale qui est plus cotée en bourse que celle de la devise étrangère, l'IMF bénéficiera d'un gain financier potentiel.

Les IMF sont en premier lieu préoccupées par les risques liés aux devises étrangères quand elles ont des créances libellées en devises étrangères et convertissent ces créances pour assumer des crédits en monnaie locale.

Bien que ce cas soit rare pour les IMF congolaises, il n'est pas superflu de savoir comment se calcule le ratio de risque de change :

RRC =

Actifs circulants

Actif en devise - Passif en devise

Blaise CISUAKA Mémoire de fin de cycle

2.3.1.3. Le risque de liquidité

La liquidité s'adresse à la capacité d'une IMF de trouver immédiatement de l'argent pour faire face aux déboursements des prêts, au paiement des factures et au remboursement des dettes. Le risque de la liquidité se pose quand une IMF est incapable de couvrir un déficit de liquidité.

Compte tenu de la nature unique de la micro finance, un besoin temporaire en fonds de crédit peut se révéler très sérieux.

Un défaut de liquidité temporaire du fonds de crédit peut engendrer une dégénérescence sérieuse de la qualité.

Blaise CISUAKA Mémoire de fin de cycle

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La gestion efficace de la liquidité exige aux IMF d'obtenir un équilibre entre le maintien de liquidité suffisante pour faire face aux besoins de trésorerie et d'obtenir des revenus par les investissements à long terme.

Une mesure clé pour la minimisation des risques de liquidité se réfère à la gestion même de la trésorerie. Cette gestion suppose la mise en place d'un plan de trésorerie, qui permet de s'assurer que le montant des encaissements est, en tout temps, égal ou supérieur au montant des décaissements.

En raison de la nature cyclique de demande de crédit dans plusieurs pays et la tendance d'une expansion rapide des jeunes IMF dès le début des années 90, une IMF peut être envahie par de fortes demandes de prêts. Pour faire face à ce flot de demande, le responsable financier doit établir un programme efficace de gestion des flux financiers.

Ce programme doit s'assurer que:

§ Les besoins en liquidité sont planifiés sur une base d'hypothèses pessimistes en vue de minimiser les crises probables de liquidité.

§ Une politique de plafonnement des niveaux de liquidité est élaborée (plafond et plancher de l'encaisse).

§ Les besoins en liquidité (plan de décaissement) sont prévus et planifiés ;

§ Les plans d'encaissement sont constamment mis à jour ;

§ Les surplus de liquidité sont investis ou octroyés en crédit ;

§ Une politique de liquidité minimale pour assurer la couverture des retraits de fonds des épargnants, et l'octroi de prêts aux membres ou à la clientèle.

Les IMF ayant prouvé leur crédibilité négocient, le plus souvent, des lignes de crédit auprès de banques locales. En cas de forte demande de crédits, elles peuvent avoir recours à ces lignes de crédits. Ceci permet à l'IMF de ne supporter des charges financières que sur les fonds effectivement utilisés.

En dehors des prévisions de trésorerie, l'indicateur de liquidité le plus approprié pour une institution dépend de sa typologie institutionnelle. Si l'institution mobilise des épargnes volontaires par exemple, elle doit s'assurer qu'elle dispose d'une liquidité assez suffisante pour satisfaire les demandes de décaissement des clients en utilisant un indicateur comme le ratio de liquidité immédiate.

RLI =

Dette à court terme

Actif liquide

Le numérateur du ratio de liquidité immédiate doit exclure n'importe quel actif circulant dont l'utilisation est limitée par les bailleurs, étant donné qu'ils ne pourraient pas satisfaire les besoins de retrait des épargnes.

Blaise CISUAKA Mémoire de fin de cycle

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Les IMF peuvent davantage suivre le total de flux financiers en utilisant le ratio de liquidité. Le ratio de liquidité aide les institutions à déterminer s'il y a assez d'espèces (trésorerie) disponibles pour les déboursements et aussi s'il y a de la trésorerie improductive en trop.

RLG =

Trésorerie disponible + Flux d'entrée prévisionnel sur la période Flux de sortie de fonds anticipé sur la période

Ce ratio devra toujours dépasser 1. Le flux d'entrée et de sortie d'argent devrait être revu sur une base mensuelle et doit inclure seulement l'argent disponible. La dépréciation, les prévisions pour les pertes sur crédits ou l'ajustement de subvention et inflation n'ont pas d'effet sur les flux financiers.

Le ratio de trésorerie improductive mesure la part des fonds qui ne génèrent pas de revenus (espèces en caisse et quasi-espèces) et les fonds générant des revenus (mais faiblement). Les quasi-espèces font référence aux dépôts à terme (3 mois ou moins) qui génèrent des revenus très faibles. Pour des raisons de liquidité, un certain montant de trésorerie improductive est nécessaire. Cependant, si le montant est très élevé, cela réduirait le rendement des actifs de l'IMF.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille