B. Le congé principal
Rendu obligatoire par l'article L. 148 du Code du Travail qui
dispose que le travailleur a droit à 2 jours ouvrables de congé
par mois de travail, à la charge de l'employeur, à condition que
celui-ci totalise au moins 12 mois de travail effectif, correspondant à
la période de référence.
Le caractère saisonnier de l'emploi au
Sénégal qui intéresse 40 % chez les hommes et contre 48 %
chez les femmes,24 rend la prise de congé presque impossible
pour beaucoup. Cependant, l'article L151 du Code du travail prévoit ce
cas de figure avec le versement de l'indemnité compensatrice en lieu et
place du congé. Ces retours périodiques se font surtout à
la veille de l'hivernage pour les besoins de l'agriculture qui se fait de
manière extensive avec une très faible mécanisation ; de
ce fait elle est dévoreuse de main d'oeuvre. D'autres occasions de
retour restent les manifestations culturelles et les fêtes religieuses ou
familiales qui sont des sortes de grand'messes de tous les fils et filles du
terroir. A noter que ces retours, même s'ils subsistent toujours se font
sur des périodes plus longues, deux à trois ans, à cause
notamment de la
23 Mbindaan sans mbindou, mars 1994, annexe 2 p. 44
24 2eme Enquête Sénégalaise
Auprès des Ménages (ESAM) DPS/ 2004
Les employés de maison dans le droit social
présenté par Ibra Ndoye
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dislocation de la filière arachidière et de la
grande volonté de sauvegarder leurs emplois, car comme le disait une
fille : « si on quitte c'est pour après chercher ailleurs, les
patrons n'attendent pas... ».
Par rapport à la prise de congé, elle n'est
effective que chez quelques rares privilégiés au service
d'employeurs expatriés qui font souvent coïncider ces congés
avec leurs vacances. L'écrasante majorité pense même que
les congés payés sont l'apanage des autres travailleurs, «
ceux qui travaillent dans les usines et les bureaux » disent-elles, «
nous ne sommes pas comme vous qui avez des congés et des
permissions. Si on part, personne au niveau de la famille ne fera le travail et
tout de suite on te remplace par une autre ». Ce caractère
incontournable de la travailleuse domestique au sein de nos familles pose la
question de sa véritable place, est-ce qu'elle doit se
substituer totalement à la maîtresse de maison ou
doit-elle effectuer des tâches complémentaires ?
En principe, sauf dans de rares cas, la
complémentarité doit être de rigueur, sinon on risque de
tomber dans les schémas de type « bonnes à tout faire
» corvéables alors que le mode de traitement allant dans le
sens de la reconnaissance de leur apport fait défaut. Ces modes de
traitements qui dépendent du niveau d'intégration peuvent
être de manière décroissante inclusifs, exclusifs,
stigmatisants voire dégradants25.
On peut même se poser la question à savoir si les
complaintes sont fondées car 72,6 % des employeurs considèrent
leurs domestiques comme faisant partie intégrante de la
famille26. Pourtant la situation exprimée lors des
réunions de groupes ne corrobore pas ces dires. Pour la majorité,
les rapports sont de types maître à servante « bonne
à tout faire », (situation reconnue par 17,7 % seulement des
employeurs). Lesquels se traduisent par des traitements discriminatoires dont
les plus courants sont les suivants. Les employeurs refusent de partager le
repas familial avec leurs employées qui mangent dans la cuisine ou dans
une autre pièce, alors que dans beaucoup de cas ce sont
elles-mêmes qui ont cuisiné, les très jeunes domestiques
déplorent le mépris dont elles font l'objet de la part des
enfants de l'employeur confortés par l'attitude des parents qui donnent
souvent raison à leurs enfants, pour celles qui logent chez l'employeur,
la marginalisation se fait sentir le soir, où il ne leur est permis de
regarder la
25 Entretien avec M. Mamadou Ndiaye, Coordonnateur
Enda Graf Golf Sud Dakar.
26 Mbindaan sans mbindou, mars 1994, p. 32
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présenté par Ibra Ndoye
62
télévision. Si la possibilité leur est
accordée, elles doivent prendre garde à se tenir à
l'écart de la famille. Deux autres doléances sont relatives
à l'espace exigu qui leur est attribué, aussi bien pour le repos
que pour le rangement des effets vestimentaires et de manière
générale la manie qu'on les employeurs de les accuser, la plupart
du temps injustement, de vol.
Cependant il existe bel et bien des employeurs qui donnent aux
termes « faisant partie intégrante de la famille » tout son
sens, ce qui se traduit par une prise en charge médicale, des cadeaux en
nature et en espèces. Cette assistance est particulièrement
appréciée en cas de grossesse.
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