II. La durée du travail
L'une des plaintes les plus courantes des employés de
maison reste l'importante charge de travail qui dépend de l'humeur de la
patronne. Cela est accentué par la subordination à l'ensemble des
membres de la famille qui ne se prive pas pour demander des services et la
taille des familles même si le nombre de familles mononucléaires
augmente. Les recherches menées à cet égard
présentent un tableau peu reluisant.
A. Des « bonnes » à tout faire ?
Les tâches quotidiennes des domestiques sont diverses et
variées. Certains ménages, compte tenu de leur taille (la moyenne
nationale étant de 8,7 personnes par ménage20 ont
plusieurs employées à leur service, entre les lesquelles les
tâches sont réparties.
Les horaires sont dans l'ensemble supérieurs aux normes
édictées dans les textes réglementant le travail des
enfants : chez les 15-18 ans, 51,9 % effectuent entre 9 et 11 heures de travail
par jour et 17,2 % en font plus de 12 heures ; seuls 15,6 % font entre 6 et 8
heures. Celles qui passent la nuit débutent leur journée entre 5h
30 et 6 h du matin et finissent souvent au coucher des
employeurs.21
Quant aux plus de 18 ans, 47 % font tous les travaux, 22,7 %
tout sauf la cuisine et 16,7 % s'occupent des enfants. Le matin, les horaires
ne sont toujours respectés par celles qui ne logent pas chez
l'employeur. De même que les employeurs respectent rarement les horaires
légaux. Dans la journée, très peu sont celles qui ont
droit à un moment de repos, ne serait-ce qu'une petite pause comme le
font tous les autres travailleurs. Beaucoup ne voient pas d'un bon oeil que
leur employé fasse la sieste, ce qui est le comble de la paresse aux
yeux des patronnes. Lors de l'entretien beaucoup ont regretté le fait
que certaines dames ne lèvent pas le petit doigt dans la maison,
même pour boire elles se font servir.
Celles qui passent la nuit peuvent être
sollicitées à tout moment de la nuit, c'est ce qu'a
déploré
20 Direction de la Statistique du
Sénégal : enquête sur la situation des enfants
travailleurs, enquête des ménages, 1993
21 Mbindaan sans mbindou, mars 1994, p. 28
Les employés de maison dans le droit social
présenté par Ibra Ndoye
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une jeune fille qui travaillait pour une Béninoise aux
Parcelles Assainies et qui a fini par quitter car ne pouvant plus supporter les
caprices de son employeuse : « Ma patronne avait pris la
fâcheuse habitude de me réveiller la nuit au-delà de 22
heures, lorsqu'elle revenait de ses cours, pour que je lui épluche des
oignons alors que je dormais puisqu'elle ne m'autorisait pas à regarder
la télé. C'était juste un prétexte pour me
créer des histoires car comme lui avait suggéré son mari,
elle pouvait préparer son omelette toute seule ». Par rapport
au début de la journée de travail, elle ajoute : « la
journée commence souvent à 6h du matin pour ne finir
qu'au-delà du diner. Durant la pénurie de gaz, on me
réveillait bien avant 6h pour chauffer de l'eau de bain de la petite
avec un fourneau... », dit-elle avec résignation.
Face aux nombreuses plaintes de surcharge de travail, il
serait intéressant de voir comment se présente la situation par
rapport aux dispositions relatives à la rémunération en
général et aux heures supplémentaires en particulier.
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