Les sens: l'essence de toutes interactionspar Julia Lazzetta BUC Ressources - Educateur spécialisé 2020 |
Auto-évaluationInitialement ma crainte était de ne pas réussir à trouver un ou une professionnelle pour m'accompagner lors de l'activité, par faute de temps ou de moyens humains. Cependant, avec de l'anticipation et de l'organisation, c'est-à-dire en informant en amont l'unité des jeunes et mon binôme de l'horaire et du cours de l'activité, je n'ai rencontré aucune difficulté à effectuer l'activité en binôme. Je les ai réalisés avec plusieurs professionnels différents, ce qui a permis de faire découvrir les «contes sensoriels» à un maximum de personnes dans la perspective que l'activité se perpétue suite à mon départ. J'ai d'ailleurs pu constater un intérêt des professionnels pour mon activité. Puis, lorsque j'ai changé d'unité, j'ai douté de mon diagnostic énonçant un besoin de stimulations sensorielles. En effet, j'ai accompagné des enfants de 7 à 14 ans qui étaient très fatigables aux diverses sollicitations et cela m'a interpellé sur le fait que trop de stimulations fatiguent les personnes en situation de polyhandicap. Ainsi, j'en ai conclu que malgré ce besoin, il est nécessaire de veiller à ne pas sur-stimuler les résidents mais de séparer les stimuli lors des activités, comme expliqué plus haut, afin de s'adapter au mieux à leur condition. Enfin, j'ai engagé ma réflexion suivante : comment continuer ce travail de prise en compte du besoin d'interactions par les stimulations sensorielles lorsque l'activité cesse ? Comment élargir le travail afin qu'il puisse s'opérer en dehors des séances ? Au fil de mes accompagnements au quotidien, j'ai dirigé mon approche éducative sur les sensations sensorielles afin d'entrer en relation avec les enfants de ma nouvelle unité. A titre d'exemple, j'utilisais leurs jouets ou des bouteilles sensorielles Montessori afin de capter leur attention et engager une interaction. En l'occurrence, il s'agit de bouteilles remplies d'eau, d'huile ou de billes pour stimuler l'éveil des jeunes enfants En outre, lors des moments de soins, j'utilisais l'eau, le toucher des produits ou la mousse pour inviter le jeune à se concentrer sur une sensation et je théâtralisais mes réactions ou mes phrases afin de me faire entendre, de rencontrer la personne là où je peux la trouver, c'est-à-dire de prendre en compte sa manière spécifique d'appréhender et de recevoir les informations de son environnement. En d'autres termes, nous ne sommes pas obligés d'attendre les activités mis en place au sein de l'établissement pour rencontrer le jeune et l'inviter vers quelque chose que l'on considère intéressant pour son bien être. Les moments de soins aussi représentent des occasions de stimulations basales. De plus, tel que le précise Andreas FROLICH, le quotidien doit donner «l'occasion [...] d'intégrer des sensations qui [...] le submerge bien souvent, entraînant stress et réactions de protection et de défense, et l'empêchent de comprendre les situations dans lesquelles il se trouve impliqué.» L'approche bienveillante qui l'invite à re-découvrir ses sensations corporelles l'aide à soutenir sa confrontation à la complexité «des situations sensorielles complexes» de sa vie quotidienne. En effet, «les ressources cognitives de l'enfant ou de l'adulte polyhandicapé ne lui permettent guère de transférer les découvertes vécues en atelier à son vécu dans un autre espace-temps.»52(*) * 52 Camberlein Philippe, Gérard Ponsot, La personne polyhandicapée, La connaître, l'accompagner, la soigner, Paris, Dunod, 2017, page 362 |
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