Les sens: l'essence de toutes interactionspar Julia Lazzetta BUC Ressources - Educateur spécialisé 2020 |
VI La suite au prochain épisode ?Je tiens à rappeler qu'Angel a quitté l'établissement. Je préconise que Zadkiel continue à participer à l'activité. Celui-ci l'apprécie et s'est prêté au jeu. En outre, j'ai constaté une évolution du jeune, notamment lors de la dernière séance, j'ai remarqué qu'il émettait des vocalises plus aisément en fin de séance et semblait moins perplexe. Je souligne donc l'importance de la répétition de l'activité. Si l'activité perdure, Zadkiel pourra intégrer de plus en plus d'informations à mesure que sa compréhension de l'histoire s'acquiert. Cette répétition «permet de retrouver des sensations identiques, rassemblées dans la même expérience, de retrouver des traces de déjà vécu, qui constituent autant d'ébauches de représentation mentale et du sentiment continu d'exister. Il s'agit d'activité à penser sur le long terme.»50(*) Je sollicite les professionnels de l'établissement pour continuer à inscrire l'activité au sein de l'établissement. Effectivement, lors de la cinquième session, nous avons effectué une séance d'essai, ainsi deux nouveaux enfants ont accompagné Zadkiel. Nous avons constatés que ces dernières pourraient s'y complaire. Concernant le déroulement de l'activité en elle-même, je préconiserais d'espacer les séances, d'en proposer moins mais de la prolonger afin de favoriser la séparation des stimuli. C'est-à-dire, de commencer par le spectacle, puis d'emmener les éléments de l'histoire aux jeunes tout en rappelant l'histoire et ses caractéristiques. Parler l'histoire permettrait de mieux l'appréhender et de pouvoir amorcer «l'atterrissage». Il faut néanmoins garder certains éléments qui favorisent la compréhension de l'histoire et la participation des jeunes ; tels que la vibration des chaises lorsqu'un des personnages fait trembler le sol, ainsi que toutes les participations des jeunes, à titre d'exemple lorsque les personnages s'approchent des jeunes pour les solliciter dans des actions précises. De plus, je préconise d'effectuer une deuxième séance, le lendemain, si cela est possible. Cet échange serait uniquement dédié à discuter de l'activité car comme nous l'avons vu plus haut, les participants ne sont pas disponibles en fin de séance. Enfin au cours des évaluations, je me suis interrogée sur la fréquence des représentations. A quel moment doit-on proposer une seconde histoire ? Comment repérer si la répétition du premier récit a été bien intégrée ? L'enseignante spécialisée m'a expliqué que les jeunes en situation de polyhandicap peuvent apprendre mais que le temps pour que les apprentissages puissent s'opérer se compte en années. Ainsi, nous ne connaissons pas le nombre de séances qu'il serait préférable d'effectuer pour une histoire. En effet, quel que soit ce que nous proposons aux jeunes, que ce soit un conte sensoriel ou un autre atelier, nous pouvons avoir toutes les idées théoriques, et connaître tous les bénéfices que cela puisse apporter, seul le jeune en question pourra nous indiquer s'il adhère ou non à l'accompagnement proposé. Aucune journée ne se ressemble, d'un jour à un autre, les jeunes peuvent réagir d'une manière très différente. En revanche, les réactions des jeunes me permettent de réguler mon approche. Je pense donc qu'il faut rester ouvert au sujet avec lequel nous travaillons, et qu'il nous dirigera certainement toujours vers la bonne direction, si toutefois nous sommes prêt à rebondir, revoir notre positionnement en fonction de ce qu'il nous montre. Tel que l'affirme si bien Sophie LUTZ, mère d'une jeune polyhandicapée «La première chose que j'ai découvert c'était que j'avais à travailler sur moi parce que c'était moi d'abord qui devait trouver comment me comporter et une des choses qui est venue en premier c'est d'accepter mon impuissance. [...] J'ai découvert que la meilleure manière de m'approcher d'elle c'était d'arriver comme quelqu'un qui va apprendre, non pas comme quelqu'un qui va accompagner l'autre mais qui va se faire accompagner par elle, [...] pour être vraiment adéquate, être vraiment en lien avec elle, d'une manière qui soit respectueuse»51(*). * 50 Camberlein Philippe, Gérard Ponsot, La personne polyhandicapée, La connaître, l'accompagner, la soigner, Paris, Dunod, 2017, page 371 * 51 Alliance VITA, Comment accompagner une personne gravement handicapée ? [Youtube], 2017, consulté sur le lien https://www.youtube.com/watch?v=ME5bexStCCw&t=219s |
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