Les sens: l'essence de toutes interactionspar Julia Lazzetta BUC Ressources - Educateur spécialisé 2020 |
5. Cadre de l'activitéa. Nombre de participantsPour des raisons techniques et de concentration, j'ai évalué que deux participants aux «contes sensoriels» était le nombre idéal. En effet, le temps consacré à l'acte d'amener les éléments sensoriels à la portée des jeunes est très long, le risque étant que ceux-ci perdent le fil de l'histoire. De plus, être deux permet l'individuation puisque pour s'individuer, il faut se différencier. En soi, le groupe apporte une opportunité de découvrir ses possibilités comme objet de relation à l'autre. En effet, «dans la prise en charge des enfants polyhandicapés, et vu la multiplicité de ses troubles, on donne souvent priorité à la prise en charge individuelle, tout en oubliant l'importance des activités favorisant les interactions avec d'autres enfants.»29(*) b. Moyens matérielsL'activité a lieu dans la salle «audio». Cette salle est consacrée à l'activité, c'est une salle peu investie par l'établissement ; «l'extraction du milieu de vie habituelle apporte le calme nécessaire pour favoriser l'attention»30(*) et permet aux jeunes de se repérer dans l'espace-temps. J'ai estimé que 25 minutes est la durée maximum dédiée à l'activité afin de permettre aux jeunes de soutenir leur attention. Chaque atelier se déroule une fois par semaine, le mercredi à 10h40, il s'agit d'un temps où les jeunes sont disponibles tous les deux. Après chaque séance, un journal de bord accompagné d'un questionnaire est tenu à jour, sa finalité est de suivre l'évolution des séances afin d'adapter ou de réajuster au mieux l'activité lors de la séance suivante. Mon binôme durant l'activité reste en fin de séance pour qu'ensemble nous réalisions une évaluation. Les supports utilisés sont les suivants : - une vieille valise achetée à la brocante et qui a un vécu, dans laquelle je transporte tout mon matériel. Mon choix s'est porté sur ce type de bagage dans le but de poser un cadre théâtral à l'activité. Cette valise a suscité des questions de la part d'Angel, qui me parlera de cette valise à plusieurs reprises lorsqu'elle commentera l'activité. Elle accentue la part mystérieuse de l'histoire (cette drôle de valise marron sent une odeur forte, âcre....) - des boîtes dans lesquelles j'ai placé des odeurs naturelles (cannelle, clous de girofle, menthe etc.). Celles-ci sont utilisées pour éveiller l'odorat ; - un masque de monstre avec des poils, une boule rose très molle en caoutchouc (son aspect est déroutant car flasque), des éléments de la nature (feuilles, bâtons, pierres, plantes etc.). Ces matériaux sont utilisés pour le sens du toucher ; - une perruque blonde, une corde, une cape, une tête de cheval, une couronne, une paire de lunettes à verres de couleur rose. Ces éléments sont utilisés pour le sens de la vue et l'aide à la compréhension de l'histoire ; - une enceinte, afin de stimuler l'audition. J'ai choisi de diffuser des mélodies représentant l'atmosphère des différentes scènes de l'histoire. Je me suis inspirée ici de la musicothérapie, thérapie qui utilise des éléments de la musique ou de la musique en tant que telle afin d'ouvrir des canaux de communication. Je pense qu'associer l'histoire à certaines musiques favorise la compréhension de l'histoire puisqu'elle ajoute un élément d'information supplémentaire et favorise la mémorisation. En effet, «elle mobilise l'attention, engage la mémoire corporelle et sensorielle et le traitement séquentiel des informations.»31(*) * 29 VISSCHER Cécile, TORAS Pere, Activité groupales et découverte du corps avec des enfants polyhandicapés, dans une crèche spécialisée, La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation, n°50, 2010, page 64 * 30 Camberlein Philippe, Gérard Ponsot, La personne polyhandicapée, La connaître, l'accompagner, la soigner, Paris, Dunod, 2017, page 362 * 31Dalla Piazza, S., Godfroid, B., La personne polyhandicapée: son évaluation et son suivi, De Boeck, Bruxelles, 2010, page 119 |
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