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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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Première partie 

Cadre de l'étude et analyse du profil migratoire des chefs de ménage de la ville de Niamey

Introduction

Cette partie aborde les cadres théorique et opératoire avant d'examiner le profil migratoire des chefs de ménage de la ville de Niamey. Ce faisant, il est possible de placer la présente étude dans un cadre théorique bien déterminé afin de pouvoir orienter la recherche vers une démarche féconde en matière d'analyse de la mobilité résidentielle.

La démarche utilisée dans cette recherche valorise la variable spatiale de différentiation de la ville à partir d'une approche auréolaire qui consiste à subdiviser l'espace urbain niaméen en quatre strates en vue d'une analyse probante des migrations des chefs de ménage. Cette démarche auréolaire qui a l'avantage d'être novatrice, en ce qui concerne les études urbaines au Niger, est aussi un pari visant à ressortir les spécificités des espaces qui composent la ville à travers la redistribution des ménages.

Cette partie aussi a pour objet de montrer la place des migrations internes et internationales dans les rapports des citadins à leur espace qu'est la ville de Niamey. Aussi, est-il indispensable d'observer les flux de migrations auprès des chefs de ménage afin de voir s'ils ont un impact sur la redistribution spatiale de la population de la ville. Comment le tissu urbain de Niamey se construit-il en intégrant les migrants ? La migration est-elle un facteur discriminant dans le processus d'intégration socio-spatiale de la ville ? Répondre à de telles interrogations nécessite d'analyser le parcours migratoire des chefs de ménage des espaces composant la ville.

Chapitre 1 : Cadres théorique et opératoire

Introduction

Le cadre théorique permet de montrer l'originalité et l'intérêt de la présente étude qui se fait dans une approche qualitative et quantitative. Celle-ci est basée à la fois sur l'usage de statistiques existantes, des enquêtes et sur des entretiens avec des responsables de services urbains et des leaders d'opinion.

Par ailleurs, la démarche processuelle engagée dans l'analyse des données ainsi recueillies, consiste à étudier les étapes successives qui composent la trajectoire résidentielle intra-urbaine et le parcours migratoire des chefs de ménage de Niamey.

1.1. Cadre théorique

Le cadre théorique expose la revue de la littérature qui permet de justifier le choix du sujet d'étude et d'en cerner la problématique afin de dégager des objectifs de recherche. Cela amène à émettre des hypothèses qui permettront de conduire la recherche.

1.1.1. Revue de la littérature

La revue de la littérature examine les travaux existants concernant l'urbanisation, les migrations et la mobilité résidentielle intra-urbaine à Niamey.

- La littérature concernant l'urbanisation à Niamey

Au Niger, il existe une bibliographie florissante surtout en ce qui concerne la question foncière qui est, jusqu'ici, placée au centre des préoccupations des géographes et des sociologues, des urbanistes, etc. En effet, d'innombrables mémoires, thèses, rapports de Commissions Techniques (SONUCI4(*), Crédit du Niger), rapports d'activité des services techniques de la ville de Niamey, des ministères, des institutions internationales, des cabinets privés ..., ont abordé la question foncière même si les portes d'entrée diffèrent selon les objectifs poursuivis.

La porte d'entrée a souvent été les difficultés d'accès au sol ou aux logements, les problèmes d'aménagement et de gestion urbaine, la ségrégation socio-spatiale, les activités économiques informelles, et tout récemment la pauvreté urbaine. Dans tous les cas, la question foncière croisée le plus souvent avec la croissance démographique, a servi de socle aux travaux d'études et de recherches, la plupart du temps.

Il existe aussi une bibliographie abondante et très variée sur l'urbanisation de Niamey. Elle a concerné plusieurs thèmes surtout à partir des années 1980. Ainsi, dès 1980, A.H. Sidikou pose le problème de l'urbanisation à Niamey dans sa thèse intitulée : « Etude de géographie socio-urbaine de Niamey ». Dans ce travail, il aborde tous les aspects de cette urbanisation. Le débat ainsi lancé, laisse entrevoir une certaine évolution dans l'appréciation du développement de la ville que confirment les travaux de M. K. Seybou, K. H. Motcho et de H. Abdou.

Le travail de M. K. Seybou (1995) sur "la planification à Niamey" met en évidence les difficultés de la maîtrise de l'extension urbaine, le faible niveau de réalisation des orientations du Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (SDAU) de 1984, le manque de suivi des actions, les actions hors plan ainsi que la forte sectorisation des administrations étatiques.

Deux ans plus tard, en 1997, K. H. Motcho, évoquant le problème sanitaire, montre clairement que la ville de Niamey fait l'objet d'un développement non maîtrisé. Il ajoute que ce développement pose des problèmes de gestion urbaine notamment en matière d'équipements (eau, électricité, VRD) qui ne suivent pas le rythme d'extension spatiale de la ville. Il conclut que cette situation pèse beaucoup sur la qualité de vie des Niaméens et par conséquent sur leur santé.

Quant à H. Abdou (2003), il va plus loin en utilisant le terme d'urbanisation sauvage de Niamey. Pour cet auteur, cette forme d'urbanisation relève de facteurs physiques, juridiques, historiques, socio-démographiques et des pratiques foncières. Il précise que l'urbanisation rapide et incontrôlée explique en partie la recrudescence de l'insécurité dans la ville. Aussi, fait-il ressortir, en gradation trois positions dans la qualification de l'urbanisation à Niamey passant de l'expression de difficultés de maîtrise de l'extension urbaine à l'affirmation claire et nette d'un développement non maîtrisé de la ville et six ans plus tard à l'aggravation de la situation qui autorise l'usage du terme d'urbanisation sauvage.

Cette croissance effarante de la ville de Niamey est confirmée par le diagnostic du secteur urbain opéré dans le cadre de l'élaboration de la stratégie de développement urbain du Niger. Dans tous les cas présentés, l'appréciation du phénomène urbain se fait à l'échelle locale ou nationale. Il convient, toutefois, de préciser que Niamey n'est pas un cas isolé en Afrique de l'Ouest. La plupart des villes capitales d'Afrique enregistrent une croissance démographique et spatiale inquiétante ; c'est l'exemple de Conakry, capitale de la Guinée, qui a vu sa population multipliée par 60 entre 1950 et 1990 (E. Bonnet, 2009).

En France, G. Pulliat (2007) met en relation étalement urbain et action publique en étudiant l'urbanisation de la Seine-Et-Marne. Dans cette étude, l'auteur montre que l'action publique est à l'origine de l'étalement de cette ville. Dans cette démonstration, il met en exergue le problème de coordination des acteurs aux stratégies variées en matière urbaine

- La littérature concernant les migrations à Niamey

Contrairement à l'urbanisation, la recherche a rarement porté sur les migrations internes et internationales. En effet, les migrations constituent la variable démographique la moins connue au Niger et plus particulièrement à Niamey. Seule l'enquête réalisée en 1992-19935(*) par le CERPOD6(*), dans le cadre du Réseau sur les Migrations et l'Urbanisation en Afrique de l'Ouest, concernant huit pays (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal), les aborde en profondeur. Cette enquête révèle que très peu urbanisé, le Niger est un pays d'émigration dont la plupart des ressortissants se trouvent dans les autres pays d'Afrique, en particulier au Nigeria. En outre, l'enquête indique une prédominance de l'immigration en milieu urbain nigérien consécutive à l'émigration des ménages ruraux.

Selon ces résultats, le taux de migration à Niamey est presque nul puisqu'il n'est que de +0,1 %. Ce taux est le fait des étrangers (maliens, burkinabés, béninois, togolais, etc.) qui s'installent, le plus souvent, dans la capitale. En effet, plus de 3/4 des étrangers choisissent Niamey comme lieu de résidence. En revanche, seuls 13 % des flux de la ville de Niamey sont orientés vers l'extérieur. Notons que la nigérisation des cadres de l'administration engagée au début des années 1980 a certainement ralenti l'arrivée de ces étrangers dans la ville. En effet, il s'agit d'une opération qui a consisté à remplacer les étrangers par des nigériens dans l'administration.

L'enquête précise que la ville capitale gagne des hommes de moins de 30 ans et perd ceux qui ont plus de 30 ans au profit des autres villes du pays et du monde rural. Aujourd'hui, il y a lieu de vérifier si de nouvelles tendances n'ont pas affecté ces migrations pour les orienter de plus en plus de Niamey vers l'extérieur notamment vers l'Occident. La même enquête montre qu'en 1993, 57 % des chefs de ménage migrants sont des locataires à Niamey contre 34 % pour les non migrants alors que la proportion des ménages stables ou sans migrant est de 56 %.

L'enquête-ménages utilisée pour la présente étude a permis de confirmer ces tendances en 2007 ou de relever des changements. Il convient cependant de noter que l'ENMU 1992-1993 non plus, n'avait pas pour objet d'aborder les migrations intra-urbaines.

Par ailleurs, le rapport de l'analyse des résultats définitifs du RGP/H 2001 sur les migrations a retenu un certain nombre d'indicateurs dont entre autres, le statut migratoire de la population résidente, la typologie des migrations récentes issues d'une région, des indices de mobilité et d'attraction résidentielle des régions internes et internationales ainsi que certaines caractéristiques socio-démographiques des migrants.

Ainsi, dans ce rapport, l'importance de la migration se traduit par le nombre de personnes ayant effectué, au moins une fois dans leur vie, un déplacement en dehors de leur lieu de naissance. Il en ressort que sur une population de sédentaire de 10 804 085 personnes au Niger, on dénombre 1 173 711 personnes ayant effectué au moins une fois un déplacement hors de leur lieu de naissance, soit un dixième de la population. Cette migration est essentiellement masculine : le rapport de masculinité de la population migrante est 131,4.

De plus, le rapport précise que la ville de Niamey attire 23 % de la population migrante nigérienne dont plus de la moitié provient de Tillabéry et 2/5 de Dosso. Seule, une migration d'Agadez sur trois est attirée par Niamey. Concernant les migrants internationaux, 35,4 % résident à Niamey. Ces derniers proviennent à 85 % des autres pays de l'Afrique de l'Ouest.

Au regard de ce qui précède, on se rend compte à l'analyse du contenu de ce rapport que de quatre variables seulement ont été retenues pour appréhender les migrations ; il s'agit du lieu de résidence actuelle, du lieu de résidence antérieure, de la durée de séjour dans la résidence actuelle et du lieu de naissance. Or, ces seules variables ne permettent pas de retracer le profil migratoire complet des habitants du Niger puisqu'elles ne donnent qu'à voir le début, l'avant-dernière et la dernière étapes de leur profil.

En outre, elle ne procède pas à l'articulation des migrations intra-urbaines avec les migrations internes et internationales. Ce rapport montre aussi que l'immigration n'est pas très importante au Niger et que la population du pays est peu influencée par les migrations. Il montre enfin la place prépondérante de Niamey dans la migration nigérienne.

Au Cameroun, l'Association de Lutte Contre l'Emigration Clandestine (ALCEC) a élaboré un profil migratoire des jeunes au départ de Yaoundé vers l'Amérique du Nord et vers l'Europe. L'étude effectuée auprès de 100 jeunes révèle que 83 ont l'intention de migrer et qu'il s'agit surtout d'étudiants et de diplômés de l'enseignement supérieur. Le désert du Sahara, Nouadhibou, Ceuta et Melilla etc., sont leurs lieux de transit tandis que l'Afrique du Sud et les Etats-Unis, en Occident, constituent leurs destinations préférées. Il s'agit en majorité de jeunes célibataires de 20 à 25 ans ayant, très souvent, des proches en France. L'enquête précise que 68 % de ces jeunes émigrent pour les études et l'emploi.

Mais, notons que cette analyse qui est intéressante ne vise pas à montrer l'impact de ces migrations sur l'évolution spatiale de ville de Yaoundé ; elle n'élargit pas non plus son champ au profil des chefs de ménage qui peut donner un caractère rétrospectif à l'étude. Néanmoins, une telle étude mérite d'être rapportée à la ville de Niamey pour voir les intentions de migrer des jeunes niaméens.

- La mobilité résidentielle intra-urbaine à Niamey

La mobilité résidentielle intra-urbaine est l'un des domaines de la recherche les moins explorés même par les statistiques nationales. D'où la difficulté de trouver des sources de données satisfaisantes sur la question.

On note, cependant, quelques auteurs qui ont partiellement abordé cette question. Ainsi, A.H. Sidikou (1980), dans le cadre de sa thèse aborde la question de la répartition de la population et de l'occupation de l'espace en donnant les raisons du choix du domicile par les ménages et les densités de populations des différents quartiers de la ville.

Dans un article intitulé: "cadre de vie et reflet de pauvreté", K. H. Motcho (1996) montre quant à lui, la répartition de la population de Niamey selon le type d'habitat. Quant à mon mémoire de maîtrise intitulé "mobilité résidentielle et perception de l'espace dans le quartier Lacouroussou", réalisé en 2004, il n'étend pas l'observation aux autres quartiers de la ville.

En somme, ces études abordent la répartition de la population de Niamey, mais n'ont pas pour objet de retracer la trajectoire résidentielle des ménages.

De tous les travaux sur la ville de Niamey, c'est l'étude d'E. Ravalet (2003) sur les « Différentiations sociales au travers des parcours migratoires » qui semble plus proche de la présente problématique. En effet, même si nos objectifs différent beaucoup, Ravalet y aborde largement la question de la mobilité résidentielle. Il y met en évidence la relation entre migration et pauvreté des Niaméens. Son objectif est de montrer le rôle des migrations dans l'explication du phénomène de la pauvreté qui frappe la plupart des ménages de la ville. Pour ce faire, il a mis en place une typologie basée sur les parcours migratoires des chefs de ménage. Cette typologie fait apparaître des groupes sociaux très contrastés.

Pour cet auteur, l'ancienneté à Niamey, les espaces habités et les types de migrations réalisées sont autant de particularités individuelles qui participent à l'identification sociale de chacun des citadins. Il met aussi en évidence une relation entre les chefs de ménage les plus aisés et ceux sont qui les plus dynamiques du point de vue migratoire. Il conclut que les migrations représentent des atouts pour la réussite économique. Mais, contrairement à l'étude de Ravalet, la présente analyse tente de montrer qu'il existe une relation entre les migrations des Niaméens et l'étalement de la ville.

En définitive, on constate que la bibliographie actuelle ne permet pas d'aborder de façon rétrospective la question des migrations dans l'explication du fait urbain à Niamey. Pourtant, la dynamique résidentielle qui en découle est un phénomène urbain important qui doit se situer au centre de la réflexion sur l'espace urbain. Elle semble être le carrefour des préoccupations urbaines comme le montrent d'innombrables études réalisées ailleurs. Et, c'est à partir de ce carrefour qu'il est possible d'appréhender véritablement le sens de telle ou telle question urbaine. Aussi, en tant que carrefour, la dynamique résidentielle peut-elle être conçue comme le point de départ ou d'aboutissement de toutes les questions urbaines.

Aujourd'hui, il se pose un réel besoin de connaissances de la dynamique résidentielle intra-urbaine à Niamey, car la croissance de la ville est de plus en plus tributaire de la croissance naturelle de la population locale. Selon F. Dureau (2002) « L'approche des mobilités permet un renouvellement de la lecture des dynamiques spatiales en terme de territoires et une reconnaissance de l'habitant comme un acteur à part entière de la production de nouvelles configurations urbaines ». Il s'agit alors d'une approche qui accorde de l'importance à « l'effet de territoires » dans l'analyse urbaine. C'est pourquoi la mobilité résidentielle a fait l'objet de plusieurs études, notamment en France où certains laboratoires de recherche l'ont même placé au centre de leurs préoccupations en matière urbaine, depuis près de deux décennies. C'est le cas de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), du Centre Nationale de la Recherche Scientifique (CNRS), de l'université de Caen, etc.

Laboratoires et chercheurs indépendants ont de ce fait mis au point plusieurs méthodes pour mesurer et analyser la mobilité résidentielle dans toutes ses caractéristiques et sur une diversité de terrains. Ces études ont, en effet, porté sur des villes françaises (Paris, Lyon, etc.), italiennes (Turin), africaines (Bamako, Dakar, la région du Grand Ghana, etc.,) ou d'Amérique du sud (Bogota). Des chercheurs comme M. Bertrand, D. Delauney, J-P. Levy, etc., en ont d'ailleurs fait leur spécialité.

Mais, il faut dire que le thème n'est pas toujours isolé puisqu'il a été, souvent, fortement associé à des notions comme la mobilité sociale ou la mobilité quotidienne dont il est jugé indissociable. La dynamique résidentielle a aussi servi de base pour expliquer le phénomène de périurbanisation, de l'étalement urbain sans manquer de prendre en compte les effets de territoire. La tendance actuelle est à l'implication d'objectifs environnementaux dans cette problématique pour répondre aux attentes d'un développement durable de la ville.

Pour le cas de Ouagadougou, F. Boyer (2009) à mis en évidence la relation entre mobilité résidentielle et pauvreté des ménages. Son analyse croise croissance urbaine, statut migratoire et choix résidentiels des Ouagalais. Cela lui a permis de déceler un processus de différentiation dans l'espace ouagalais en expansion. Aussi, parle-t-elle d'une insertion urbaine ségrégée à Ouagadougou. Quant à l'étalement de la ville de Ouagadougou, l'auteur démontre qu'il est lié au mode d'habiter et aux politiques de gestion foncière et de lotissement.

Dans tous les cas, l'analyse a permis l'émergence et la valorisation de plusieurs concepts jusque-là non élucidés ; il s'agit, entre autres, de la notion de trajectoire résidentielle, de mobilité choisie ou subie, de cohabitation ou décohabitation, de position résidentielle, de pratique ou stratégie résidentielle, de multi-résidence, de mobilité promotionnelle, de durée de séjour, de probabilité de déménager, etc. La plupart de ces concepts se retrouvent dans la présente analyse qui tout en les appropriant, essaye de les clarifier davantage.

A cet effet, les analyses de la mobilité résidentielle ont connu un réel progrès et se sont affinées au fil du temps avec de nouvelles techniques et méthodes qui supposent, à leur tour, la découverte de nouveaux outils d'investigation. La diversité de ces techniques et outils est le fait de l'intervention de spécialistes de diverses disciplines : on y trouve, en effet, des urbanistes, des sociologues, des géographes, des économistes, etc.

Les outils utilisés sont les données de recensements généraux de la population et de l'habitat, d'enquêtes nationales ou régionales sur l'habitat, d'enquêtes à passages répétés, d'enquêtes-logements, d'enquêtes-ménages, d'enquêtes biographiques, d'enquêtes spécifiques, d'entretiens, etc. Ces outils permettent d'analyser les caractéristiques des personnes et des logements ainsi que les flux. En outre, ils fournissent des informations essentielles sur les raisons de déménagement.

Quant aux techniques utilisées pour l'analyse de ces informations, elles sont nombreuses et on peut citer entre autres :

- les mesures statistiques de mobilité résidentielle basées sur la durée de séjour qui est le temps passé entre deux déménagements, le taux de mobilité résidentielle qui exprime un risque de déménagement calculé d'après la durée de séjour, etc. ;

- l'analyse comparative des statistiques qui met en évidence les différences sociologiques ;

- l'analyse transversale, appelée encore analyse du moment, est l'étude d'une population, de ses structures et de son comportement dans la synchronie comme le définissent C. Bonvalet et J. Brun (2002) ;

- l'analyse longitudinale consiste quant à elle, à suivre une population sur une durée de temps plus ou moins longue, en étudiant un ensemble d'évènements survenant au cours de la période considérée. Elle repose sur des modèles biographiques de l'enquête à passages répétés. La biographie résidentielle s'appuie sur l'inventaire exhaustif de tous les séjours et étapes de logement des enquêtés (M. Bertrand, 2002)

Chacune de ces analyses a permis la mise au point d'un certain nombre de modèles et théories. C'est ainsi que P. Vennetier (1989) a pu démontrer que « la mobilité résidentielle est le moteur principal de la croissance urbaine dans les grandes villes d'Afrique Noire » ; c'est d'ailleurs dans ce cadre théorique que se situe notre analyse.

Quant à C. Bonvalet et J. Brun (2002), ils soulignent que l'analyse de la question des mobilités résidentielles permet de faire ressortir les transformations sociales, démographiques et politiques du monde urbain témoignant alors de son importance dans le développement des villes africaines. C'est d'ailleurs ce qui justifie ainsi les objectifs de la présente étude.

De ce fait, il semble légitime que la présente analyse s'appuie à scruter l'importance des migrations dans les rapports des citadins à leur espace qu'est la ville de Niamey. Pour ce faire, elle doit faire appel aux outils et techniques déjà existant pour élaborer la trajectoire résidentielle intra-urbaine, le profil migratoire ainsi que le parcours migratoire des citadins afin de construire des modèles utiles à l'explication du phénomène d'étalement urbain auquel Niamey est soumis depuis quelques décennies.

* 4 SONUCI: Société Nigérienne d'Urbanisme et de la Construction Immobilière

* 5 Enquête nigérienne sur les migrations et l'urbanisation (ENMU) 1992-1993.

* 6 CERPOD : Centre de recherche appliquée en matière de population et de développement

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