WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

6.4.2. Prise en compte de la mobilité résidentielle intra-urbaine des ménages dans la lutte contre l'étalement de la ville de Niamey

Les perspectives suggérées par la présente étude, ont pour objet de proposer des actions permettant de résoudre le problème de l'étalement urbain à Niamey, en jouant sur la trajectoire résidentielle des ménages. A cet effet, les propositions faites sont ciblées au niveau de chacune des strates constituant la ville.

Aussi, pour maintenir les ménages dans la strate 1, est-il indispensable de procéder à sa réhabilitation. Ces quartiers sont délaissés par les habitants dont les conditions de vie s'améliorent ; ces derniers se voient obligés de quitter ce quartier pour améliorer leurs conditions de logement. Si leur mouvement continue, le tri qu'il engendre conduira à un problème de ségrégation sociale grave concentrant les plus pauvres dans ces quartiers traditionnels qui deviennent de véritables ghettos voire des « no man land ». Il en résulte alors un problème de sécurité auquel les municipalités et la police auront du mal à faire face. La réhabilitation des quartiers traditionnels du centre ville est d'autant plus justifiée que l'habitat y est vétuste et fait l'objet de mutations foncières qui ne respectent aucune norme d'urbanisme.

Dans les strates 1 et 2, la régulation de la circulation routière passe par la création de parkings payants autour des grands marchés ou des services d'envergure importante à raison de 25 FCFA pour le vélo, 50 pour la moto, 100 pour les petits véhicules, 200 pour les 4×4 et 4000 pour les camions, l'objectif étant de réduire la fréquentation du centre ville par les gros porteurs. Cette proposition relève du fait qu'on ne saurait dissocier la mobilité résidentielle de la mobilité quotidienne. En effet, les ménages qui vivent en ville sont obligés des se déplacer pour tel ou tel service. Si le problème de transport urbain n'est pas pris en compte dans les plans de développement des villes, il se pose également un problème de mobilité résidentielle.

Pour ce faire, les autorités communales se doivent de réglementer ces parkings privés ou publics au centre, ville afin d'éviter leur prolifération informelle. Mieux, elles doivent les intégrer dans le cadre d'un plan de déplacement urbain prévoyant des de pistes cyclables. Dans le même cadre, une taxe doit être mise au point pour sanctionner les stationnements non conformes et non autorisés sur les voies primaires et secondaires à condition que la rupture de charges soit rationalisée. Pour mieux intégrer les circulations piétonne et routière, il est indispensable que ce plan prévoit la construction d'échangeurs au niveau des noeuds les plus fréquentés et où l'on enregistre la plupart des accidents de la route.

En outre, la mise en place de passerelles traversant les grands boulevards encombrés suppose une facilitation de la circulation piétonne. En même temps, ces passerelles de 2 m 50 empêcheront les véhicules gros-porteurs de stationner au centre ville comme on le voit autour des grands marchés actuellement (Katako, Grand marché). A défaut d'une passerelle, il faut intégrer, à certains carrefours, des feux piétons dans en vue de la régulation de la circulation routière au sein des deux premières strates de la ville. Tout cela améliore le cadre de vie du citadin des strates 1 et 2 et limite leur mobilité résidentielle.

En ce qui concerne la promiscuité, les ménages niaméens doivent diminuer leur taille moyenne afin de l'éviter la promiscuité. Pour cela, les autorités communales doivent mettre l'accent sur l'application de la politique de population en vigueur au Niger, en incitant les ménages à pratiquer le planning familial.

La strate 2 est la zone la plus dynamique, mais elle connaît plus de déménagements que d'installation de ménages. De ce fait, il convient d'équilibrer la situation pour qu'il y ait autant de départs que d'installations de ménages. Pour ce faire, il faut trouver un moyen d'y diminuer le prix du loyer qui est le plus élevé de la ville en y faisant la promotion de l'habitat de cour en dur de moyen standing et des HLM (ou habitat à loyer modéré) pour atténuer la prédominance des villas. De plus, cette partie de la ville (la strate 2) doit accueillir davantage d'activités et de service en vue de réduire les problèmes de déplacement pour les piétons et d'encombrement pour les automobilistes. L'extension du centre ville qui en découlerait vaudrait mieux que la mise au point d'une ville polycentrique qui peut accélérer l'étalement urbain au lieu de le ralentir. Dans les quartiers résidentiels de cette zone, il est souhaitable que la collectivité de la ville de Niamey fasse la promotion de l'habitat Haute Qualité Environnementale (HQE). Car, ce sont des quartiers où la consommation d'énergie et d'eau par personne est la plus importante.

S'agissant de la strate 3, elle est la zone la moins dynamique de la ville en matière de mobilité résidentielle. Pour la redynamiser, il convient d'en faire un lieu d'installations de plus de ménages, notamment ceux provenant de la strate 4. Pour ce faire, il paraît indispensable d'y développer le trafic (lignes) de transport en commun, d'y renforcer les VRD afin de la rendre plus attractive. On y note beaucoup de parcelles non ou partiellement mise en valeur ; il serait judicieux de donner la priorité de crédit d'habitat aux propriétaires de cette strate, afin qu'ils construisent, parachèvent ou réalisent des extensions au niveau de leur parcelles. Cela mettra fin au problème de mise en valeur de parcelle et contribuera à enrailler  le problème de logement dont souffre les ménages de Niamey malgré l'étalement présenté comme solution à ce propos.

La question est d'abord celle de logement avant d'être celle de parcelles à bâtir. Mais la réponse proposée a toujours été celle de l'accès à la propriété donc la production de parcelles pour justifier les lotissements et morcellements dont le seul résultat est aujourd'hui l'étalement de la ville. L'enjeu non dit est que les communes considèrent le lotissement comme une manne pour assurer leur fonctionnement. En abandonnant cette pratique qui s'est avérée inefficace, la ville de Niamey et ses cinq arrondissements doivent désormais mettre l'accent sur l'offre de logement notamment sa qualité et son prix, sachant que l'accès à la parcelle n'est pas synonyme d'accès à la propriété. En effet, l'accent longtemps mis sur la production de parcelles n'a fait qu'entraîner une forte spéculation foncière et un épuisement des ressources foncières. En définitive, il faut faire de la strate 3 une zone d'action prioritaire afin de la rendre plus attractive pour les ménages en mouvement.

Quant à la strate 4, elle est par excellence le lieu d'installations des ménages puisqu'elle en pleine construction ; les déménagements vers les strates antérieures sont de ce fait rares. Il faut alors les favoriser tout en évitant de passer par la gentrification qui consacre le retour des classes moyennes au centre et l'expulsion des pauvres à la périphérie suite aux transformations de l'habitat.

S'agissant de la construction des parcelles, une fois que le délai de quatre ans expire, l'autorité municipale devrait songer à mettre en place une taxe progressive sur les parcelles non encore mises en valeur. Cela permettrait d'amener les spéculateurs à privilégier la construction au lieu de laisser les parcelles vacantes.

Toutes ces actions permettront de modifier la trajectoire des ménages qui est le plus souvent centrifuge. Cette modification doit conduire à la rétention des ménages dans les strates antérieures de la ville qui seront davantage densifiées tout en ayant à l'esprit que leur surdensification engendrerait le même surcoût que l'étalement.

Certains praticiens préconisent l'arrêt brusque des lotissements mais cela risquerait de produire l'effet contraire à savoir accélérer l'étalement par le renforcement de la spéculation foncière et déboucherait sur la périurbanisation. Cette dernière se caractérise par une forte dispersion de l'habitat dans des espaces auparavant qualifiés de ruraux où les nouveaux venus importent un mode de vie urbain (Roncayolo, 2001) ; une de ses conséquences a été le développement de l'automobile en Europe, pour faciliter la liaison entre lieux de résidence et lieux de service.

Apporter l'ensemble des équipements et infrastructures dans la strate 4 va ouvrir de nouvelles opportunités résidentielles et conduira à la naissance de nouveaux espaces résidentiels. De ce fait, son équipement doit être évolutif sur une période de 10 ans.

La lutte contre l'étalement doit être perçue comme une priorité pour les autorités de la ville de Niamey, étant donné qu'il pose d'abord un problème de gouvernance urbaine. De ce fait, la première solution au problème de l'étalement urbain ne saurait être que la bonne gouvernance urbaine qui suppose :

- un renforcement des institutions pour lutter contre la corruption ;

- une implication de l'Etat, la société civile et toutes les forces du marché foncier et immobilier dans les processus de décision et d'exécution des projets ; les critères de cette implication doivent être définis au préalable.

- un accroissement de la transparence ;

- et une amélioration de l'efficacité et des capacités des administrations communales pour l'exécution des projets.

De même, la Ville de Niamey et ses cinq Arrondissements doivent disposer d'informations fiables sur l'ampleur des flux d'emménagements et déménagements qui structurent la demande résidentielle. Cela présente l'avantage de permettre une bonne structuration de l'offre en logement et de jouer sur leur localisation dans l'espace urbain. Mais, il leur faut au préalable définir ce qu'est un quartier, en déterminant clairement ses limites administratives. C'est seulement après cela qu'il est possible de relever des données démographiques fiables à l'échelle du quartier qui peut être subdivisé en zones de dénombrement aux limites physiques bien définies.

En outre, la Ville de Niamey et ses cinq Arrondissements doivent trouver d'autres sources de revenu que les lotissements en luttant par exemple contre l'incivisme fiscal, imposant ou en taxant les parcelles non mises en valeur ; cela doit passer par l'institution d'une taxe de non mise en valeur à raison de 190 FCFA/m2.

Elles doivent également veiller à la réduction de la taille moyenne des parcelles qui dépasse 400 m2 dans toutes les strates. Pour y arriver, il leur est indispensable de ramener cette taille moyenne à 250 ou 300 m2 tout en maintenant le prix actuel du mètre carré, car son augmentation entraînerait une croissance fulgurante de zones d'habitat informel (figure 6.2).

Figure n°6.2 : Proposition d'actions pour lutter contre l'étalement de la ville de Niamey

Les zones d'habitat informel en matériau définitif, doivent bénéficier de l'offre de services municipaux dont les projets d'amélioration de l'habitat initiés au niveau de la ville de Niamey. Cependant, les mairies doivent veiller à ce que ce type de quartier ne prolifère pas, car il débouche toujours sur des zones dont la restructuration est trop coûteuse.

Vu la prédominance des locataires parmi les ménages, il est nécessaire de sécuriser le bail immobilier afin que la hantise d'avoir à tout prix son propre « chez soi » cesse. Qui plus est, les locataires seront à l'abri de la frustration provoquée par des propriétaires véreux de maisons.

On a vu que les migrations des chefs de ménage sont essentiellement internes et qu'elles sont polarisées par Niamey du fait de la macrocéphalie de l'armature urbaine du Niger. Il en résulte une rapide croissance démographique de la ville que les municipalités ont du mal à gérer. C'est d'ailleurs pour réduire ces flux vers Niamey que le Niger s'est engagé dans la voie d'une décentralisation depuis 2004. Toutefois, ce contexte tarde à changer la donne.

La promotion de l'écologie urbaine implique la protection des espaces verts et agricoles. Un tel enjeu impose l'établissement d'actes domaniaux pour tous les espaces verts et agricoles. De plus, il s'avère indispensable d'aménager ces espaces pour les rendre plus viables et productifs en y créant des parcs d'agrément, des parcours sportifs, en y développant des activités génératrices de revenu (kermesses, aires de jeux, buvettes, etc.) et en y établissant des sites éducatifs et de recherches scientifiques, sans oublier les services de santé.

En outre, il faut édicter des obligations de réaliser un espace vert à l'occasion d'un aménagement de voirie, d'une opération immobilière, d'un lotissement ou d'une zone d'activité. Cette obligation doit aussi être valable dans le cadre de l'instruction des permis de construire. A cet effet, le plan-masse doit indiquer les plantations maintenues, supprimées ou créées dans la parcelle.

Enfin, l'ensemble de ces propositions doit être contenu dans un plan de développement cohérent des Arrondissements de la ville de Niamey en vue de modifier la trajectoire résidentielle intra-urbaine des ménage et donc de leur localisation.

Dans l'ensemble, le logement doit être perçu comme un enjeu central de l'action des maires. Car le problème qui se pose ne semble pas être celui d'une disponibilité foncière du fait de l'important stock de parcelles produites. Il résulte plutôt du fait que les constructions nouvelles restent largement de l'ordre de l'initiative individuelle, et dépendent donc des moyens des ménages. Aussi, pour résoudre le problème de logement et celui de l'étalement urbain, les autorités de la ville de Niamey doivent participer à la production du logement en construisant des petits immeubles de un à deux étages de 20 à 50 logements de tout type : studio et appartements divers. Ces immeubles doivent être construits dans la strate 3 qui constitue la zone intermédiaire

Un système cadastral exhaustif doit être envisagé en vulgarisant le titre foncier et en réduisant les droits de mutation ou transfert. Pour ce faire, il y a lieu de mettre en place une campagne de régularisation permettant de transformer les permis urbain d'habiter en titre foncier.

Conclusion partielle

Au regard de ce qui précède, on constate que la gestion urbaine à Niamey et plus particulièrement la gestion foncière sont jalonnées d'irrégularités à tous les niveaux. Néanmoins, il convient de préciser que Niamey est une ville à majorité lotie contrairement à la plupart des villes sahéliennes (Bamako, Ouagadougou). Cela fait que l'habitat spontané y reste encore marginal.

Bien que Niamey soit une ville en dominante lotie, force est de reconnaitre que seul un nombre limité de parcelles disposent d'un titre foncier immatriculé du fait notamment du non-respect du permis de construire, rendant difficile le contrôle de la mise en valeur des parcelles. Dans ce contexte d'auto-construction, on assiste souvent à un mélange de fonctions dans la plupart des quartiers de la ville.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery