6.4. Des actions pour
lutter contre l'étalement urbain
Ici, il y a lieu de rappeler les solutions
préconisées pour lutter contre l'étalement des villes dans
le monde et de faire propositions plus adaptées au cas de la ville de
Niamey.
6.4.1. Solutions
préconisées pour lutter contre l'étalement des villes
Les solutions à l'étalement se résument
à deux axes essentiels : le contrôle de l'espace par la
gestion du sol et le contrôle de l'espace par la planification. Le
contrôle de l'espace, prôné dans les deux cas, passe ainsi
par la structuration du territoire autour de pôles d'appui, la
redéfinition des conditions d'ouverture d'offre foncière, une
politique de reconquête urbaine et enfin par la revalorisation du tissu
urbain ancien. Aujourd'hui, la lutte contre l'étalement s'inscrit dans
le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT) qui met en relation
mobilité (transport) et développement de l'espace urbain
notamment dans les villes Françaises (Lyon, Paris, etc.)
En Afrique, l'étalement est considéré
comme une situation d'urgence, et les solutions apportées se
résument à des actions souvent spontanées et rarement
efficaces.
Lors du symposium international sur les « Enjeux
du développement urbain durable au Burkina Faso »
tenue à Ouagadougou à l'occasion de la journée
mondiale de l'habitat 2007 « une ville juste est une ville sûre
», les participants ont suggéré entre autres :
- la prise d'initiatives fortes en vue de densifier les villes
et de maîtriser l'extension urbaine par la création d'une
ceinture verte autour des villes et la mise en place d'une cellule de veille en
vue du respect des périmètres urbains ainsi définis ;
- et la création d'une taxe sur le foncier urbain non
bâti en vue de décourager la spéculation foncière,
inciter à la mise en valeur des parcelles produites et renforcer les
finances locales.
En ce qui concerne Ouagadougou, les actions ont
été envisagées par les acteurs urbains qui ont pour but de
faire face aux projections d'étalement inquiétant de la ville qui
aurait une superficie de 50 000 ha en 2026 pour une population de 2 992 720
habitants. Les actions ainsi engagées porte sur trois axes
prioritaires :
- l'identification des zones d'habitat à densifier,
- le classement de 10% du territoire en espaces naturels et
agricoles,
- et la définition autour des gares routières de
pôles de développement économiques et de densification
urbaine.
Notons que certains urbanistes sont allés
au-delà de simples actions en proposant la ville compacte qui serait
d'après eux, une ville durable. Mais, cette forme de ville suscite
encore un débat entre les chercheurs. Souvent été
présentée comme solution idéale au problème
d'étalement urbain, la ville compacte est avant tout une ville dense,
à l'urbanisation continue. En plus d'être dense, elle se
définit par un degré élevé de mixité
fonctionnelle dans l'usage de sols, permettant de multiplier les
opportunités de déplacement à distance donnée. De
ce fait, les adeptes de la ville compacte pensent jouer sur plusieurs tableaux
pour contrer une tendance spontanée à l'étalement :
limiter l'étalement (rétention urbaine) et rendre les parties
bâties attractives (renouvellement urbain), proposer des alternatives
à l'automobile (réseau de transports en commun et de pistes
cyclables), freiner le déclin du centre au profit de la
périphérie en valorisant le patrimoine urbain, etc.
Face aux avantages que semble présenter la ville
compacte, des critiques portant sur sa faisabilité sont
émises par de nombreux chercheurs qui pensent qu'elle
nécessite un interventionnisme fort des acteurs publics qui ne
garantit pas toujours une certaine efficacité dans le
développement urbain. Par ailleurs, ils estiment que la densification,
tant prônée pour la mise en place de la ville compacte, implique
un fort risque d'accroissement de la congestion. Ce risque, au-delà du
désagrément individuel qu'il procure, rentre d'après eux,
en conflit avec les principes de la durabilité car constituant un
gaspillage d'énergie avéré. Par ailleurs, ils font ajouter
que la congestion génère des coûts, aussi bien individuels
(perte de temps) que collectifs (accroissement des pollutions).
Dans tous les cas, la ville compacte n'est pas actuellement
faisable à Niamey, car les autorités locales ne disposent pas de
moyen conséquent pour sa réalisation. Cependant, elles peuvent
envisager avec les populations, des actions prioritaires pour limiter
l'étalement.
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