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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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Conclusion partielle

Quatre facteurs expliquent la défaillance de la planification ; il s'agit :

- du caractère brut des textes d'urbanisme ;

- de leur rigidité qui résulte du fait qu'ils ne prennent pas toujours en compte les réalités socio-financières des ménages ;

- du surcoût qu'aurait engendré leur respect pour un ménage niaméen en plus du prix de plus en plus élevé du foncier et des matériaux de construction ;

- et enfin de la non-installation de certaines structures chargées de leur application.

Dans l'ensemble, la planification urbaine est centrée sur l'accès au foncier et la régulation de son usage. Ce qui implique beaucoup de limites dont les principales résident dans le fait qu'elle présente rarement une dimension sociale et qu'elle n'a pas pour objectif la lutte contre l'étalement de ville.

Il est curieux de constater qu'il y a eu plusieurs reformes des textes d'urbanisme alors même que ceux-ci ne sont pas appliqués. On se demande alors ce qui peut justifier de telles réformes si ce n'est par mimétisme suivant le modèle français ou parce que les commissions mises en place à cette fin constituent une manne financière pour les fonctionnaires du ministère de l'urbanisme. Une réforme s'impose normalement quand la pratique des textes en vigueur révèle des limites. Dans tous les cas de figure, la non application ou la non applicabilité des textes d'urbanisme a ouvert la voie à une mauvaise gestion urbaine qui implique une forte spéculation foncière et un accroissement de l'habitat informel.

Chapitre 6 : Mauvaise gestion urbaine sur fond d'une forte

spéculation

Introduction

L'inobservance des orientations mentionnées dans les plans favorise l'anarchie et le pseudo-urbanisme dans la ville de Niamey soumise à une croissance démographique et spatiale spectaculaire. Il en résulte une spéculation foncière très forte, une faible mise en valeur des parcelles produites. Cela contribue à maintenir le problème de logement  à Niamey et un équipement différentiel des différentes strates de la ville.

6.1. Production du logement ne respectant pas les clauses de mise en valeur des parcelles

La construction du logement à Niamey repose d'abord sur une forte spéculation foncière due au fait que la maison constitue pour les Niaméens en général, un projet personnel dont la finalité est de dire « la place de son propriétaire ». Cela veut dire qu'elle a une signification sociale. De plus, l'immobilier est un secteur stratégique d'accumulation et de reproduction du capital ou tout simplement de sécurisation pour les ménages parmi lesquels avoir son propre « chez-soi » est aussi un indice de citadinité. Dans ce cas, le statut d'occupation du logement est conçu comme partie intégrante de l'identité du citadin.

K.H. Motcho relève en 1996 que la production de l'habitat à Niamey est basée sur une dualité marquée par des constructions urbaines et un habitat populaire à plusieurs variantes. Si les premières incarnent la modernité de la ville, le second est plutôt le produit d'une auto-construction réalisée à travers des filières informelles. Mieux, le même auteur démontre que la répartition de ces types d'habitats est très déterminante dans l'organisation spatiale de la ville, du moment où le cadre de vie reflète le niveau de vie. 

Il faut dire que la production du logement est surtout l'oeuvre des promoteurs privés (particuliers) qui dominent le secteur. Ces sont soit des spéculateurs, soit des chefs de ménage en quête d'une sécurité foncière. Mais, on note de plus en plus des sociétés para-étatiques et services étatiques qui participent à la construction de logements.

La production de l'habitat s'articule autour de plusieurs questions parmi lesquelles on peut citer : le problème de l'accès au sol, le problème de mise en valeur, le problème de financement de l'habitat ainsi, que les problèmes de son accès et de son usage.

6.1.1. Rude compétition pour accéder au sol

Il s'agit pour les promoteurs spéculateurs, de développer des stratégies et des réseaux leur permettant d'accéder à plusieurs parcelles voire construire autant de maisons qu'autorisent leurs capacités financières dans un contexte de non-respect des normes d'aliénation de parcelles.

Ces stratégies favorisent le cumul de propriétés chez les uns et l'absence de propriété chez le plus grand nombre de Niaméens. En effet, les pratiques foncières et les modes d'acquisition de la parcelle sont fonction du rapport de forces entre acteurs. Ainsi, les relations sociales, le revenu, la représentation au sein de l'appareil étatique ou communal et la fonction, sont des atouts pour un individu ou un groupe pour dominer le marché foncier, en grande partie informel. Ce qui fait qu'aujourd'hui, le foncier se trouve entre les mains de spéculateurs incontrôlables à savoir les propriétaires coutumiers, les hauts fonctionnaires et les grands commerçants de plus en plus majoritaires.

Il n'est pas rare de voir des particuliers qui disposent d'une vingtaine (voire plus) de maisons de tous types, villas, habitats de cour en banco ou en dur. Ceux qui ont fait de cette spéculation leur profession sont de véritables promoteurs immobiliers informels, qui en dehors de la vente de parcelles ou maisons s'appliquent à mettre en location un certain nombre de logements dans différents quartiers de la ville (c'est le cas à Dar es-Salaam, Karadjé).

Au tout début, avoir plusieurs maisons était uniquement motivé par le souci de sécuriser ses héritiers, sans quoi, on aurait vécu inutilement. Car dans cette ville, la maison remplace le champ du village pour l'héritage. De ce fait, le prestige d'un chef de famille peut se mesurer par le nombre de maisons dont il dispose.

Mais, cette logique tend à laisser la place à celle d'une pure et simple spéculation du bail encouragée par l'accroissement de la demande de logements. Aujourd'hui, il est facile de constater que des secteurs entiers d'un lotissement appartiennent à une même personne (notamment à Dar es-Salaam et à Karadjé). De plus, les plus riches et plus stratèges de ces spéculateurs sont en train d'investir le centre ville à leur gré.

Il faut dire que cette spéculation est aussi liée au fait que les habitants de Niamey trouvent plus sécurisant d'avoir une parcelle ou une maison bâtie que d'avoir un compte garni dans une banque ou une mutuelle qui peut faire banqueroute (Banque de Développement de la République du Niger , Taïmako, Addache, etc.) ou dont la monnaie peut être dévaluée.

Il convient de préciser que tous les demandeurs de parcelles ou acheteurs de maisons ne sont pas des spéculateurs, car les individus à revenu moyen arrivent aussi, après plusieurs années d'épargne et de privations, à accéder à la propriété. Cette propriété peut non seulement abriter leur famille mais aussi être mise en location d'appoint. A cette catégorie de propriétaires s'ajoutent ceux qui ont hérité ou bénéficié de parcelles ou de maisons. Une fois la parcelle acquise, l'acquéreur se doit de procéder à sa mise en valeur ; ce qui n'est pas sans difficultés.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault