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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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5.4.2.3. Troisième étape : la période de 1990 à 2000

Le processus de démocratisation du pays a été engagé avec la tenue de la conférence nationale qui a duré du 29 juillet à fin octobre 1990. On y note, dans un premier temps, la suspension de la planification du développement urbain au profit des programmes d'ajustement structurel et de réformes économiques privilégiant les mécanismes du marché pour résoudre les problèmes de déséquilibres macro-économiques. Cependant, l'intérêt de la ville apparaît très tôt. Car, désormais, on a conscience que la ville est le moteur du développement économique du pays. D'où la nécessité d'engager des réformes de textes en matière d'urbanisme.

En effet, cette période est particulièrement marquée par des réformes, à la fois sur le plan législatif et réglementaire que sur le plan de la simplification des outils urbanistiques, et de gestion tenant compte de la nouvelle dynamique caractérisée par l'amorce du processus de décentralisation effective. Il s'agit en réalité d'une remise en cause de la logique de généralisation du SDAU. Ces réformes ont prévu l'installation de plusieurs institutions en vue de leur mise en application.

Le premier acte en matière d'urbanisme et d'habitat à cette période, constitue l'élaboration d'un code des baux à loyer institué, sur l'ensemble du territoire, par l'acte n° 29/CN du 31 octobre 1991. En effet, au Niger et plus précisément à Niamey, les particuliers constituent les principaux bailleurs de logements. Ils sont seuls maîtres du marché du logement du fait d'un rapide transfert des ressources foncières en leur faveur et de l'absence d'un contrôle effectif des loyers ; ce qui n'est pas de nature à sécuriser les locataires. C'est l'ordonnance n° 96-016 du 18 avril 1996 portant code des baux à loyer qui en définit les principes généraux et le champ d'application.

Mais, il faut dire que cela n'a jamais été une réalité car l'ordonnance reste encore méconnue des nigériens. De plus, comment réglementer les baux dans une ville où le permis de construire n'est pas respecté et où les contrats, en général, verbaux ne font l'objet d'aucune déclaration ? D'ailleurs et jusqu'à preuve du contraire, le ministère en charge de l'habitat n'a encore installé ni la commission nationale, ni les commissions locales de tarification du loyer.

Pour assurer l'amorce d'un véritable processus de décentralisation du pays, un décret du 4 mai 1995 crée le Haut Commissariat à la Réforme Administrative. Cet organe engage le processus de décentralisation favorisé par l'adoption d'un certain nombre de lois. C'est ainsi qu'on note l'adoption de la loi 96-005 du 6 février 1996, portant création des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales. La loi 96-006 du 6 février 1996 détermine quant à elle, les principes fondamentaux de la libre administration des régions, des départements et des communes ainsi que leurs compétences et leurs ressources. A cet effet, les entités décentralisées sont dotées d'organes délibérants dont les membres sont élus au suffrage universel. La volonté d'appliquer ces lois s'est traduite par l'organisation d'élections municipales le 24 juillet 2004.

Sur le plan de l'élaboration des textes, l'ordonnance 97-005 du 17 janvier 1997 institue les outils d'urbanisme prévisionnel (planification urbaine), d'urbanisme opérationnel (aménagement), ainsi que des outils de contrôle de l'utilisation du sol urbain. Ce texte, qui n'intègre explicitement pas la politique de l'habitat dans les villes Nigériennes, marque en théorie le point de départ d'une véritable politique urbaine cohérente. Il aurait suffi de mettre en application ces textes pour éviter tout développement anarchique des villes du Niger. Car le but visé est d'assurer l'équilibre de l'armature urbaine. Pour ce faire, des décrets d'application de cette réforme ont été adoptés rapidement, il s'agit :

- du Décret n° 97-304 portant création, attribution et organisation des organes consultatifs de l'habitat en matière d'urbanisme et de l'habitat ;

- du Décret n° 97-305 fixant les modalités d'établissement, d'approbation et de mise en vigueur des documents d'urbanisme prévisionnel ;

- du Décret n° 97-306 fixant les modalités d'établissement, d'approbation et de mise en vigueur des plans de lotissement.

Au titre de ce dernier décret, est considérée comme lotissement toute opération de division d'une propriété foncière en vue de l'implantation de bâtiments. Ce décret stipule que toute opération de lotissement est subordonnée à l'obtention préalable d'une autorisation de lotissement délivrée par l'autorité administrative compétente. L'autorisation de lotir est assortie de conditions imposant au lotisseur un cahier des charges en matière d'aménagement et d'équipement des terrains avant toute opération de vente des lots. Mais la réalité est toute autre, car les lotissements sans viabilisation continuent de voir le jour et cela se remarque même au niveau des opérations d'habitat programmé, qui généralement trouvent l'agrément de la commission nationale d'urbanisme et de l'habitat.

Malgré ses bonnes intentions, la réforme des textes de 1997 a aussi buté sur des difficultés de mise en oeuvre comme l'a si bien démontré I. Alkassoum, conseillé technique du ministre de l'urbanisme (2005). Les principales difficultés résultent selon le technicien de :

- l'importance nettement secondaire accordée, pendant longtemps, au rôle des villes dans la promotion du développement socio-économique du Niger ;

- la réalisation de nombreuses études et opérations sans le visa préalable de la direction de l'urbanisme ;

- la non mise en place des commissions régionales et locales d'urbanisme ;

- la méconnaissance des textes par les acteurs ;

- et le non-respect des clauses, de la procédure de l'expropriation foncière pour cause d'utilité publique.

Cependant, le talon d'Achille de cette réforme se trouve dans l'absence d'une réglementation sur l'exercice de la profession et d'une définition de promoteur immobilier en cette ère d'émergence et de développement du secteur privé en la matière.

En 1998, un document cadre de politique nationale de l'habitat, dont la mise en oeuvre devrait permettre de garantir des logements convenables pour tous, a été adopté par l'assemblée nationale à travers la loi n° 98-54 du 29 décembre. Cette politique de l'habitat propose entre autre la création d'un fonds national de l'habitat et la viabilisation des extensions urbaines qui fait cruellement défaut de nos jours. En effet, après avoir souligné l'existence d'un retard considérable en matière d'infrastructures et équipements, le document prévoit de rompre avec l'urbanisme de rattrapage par la réalisation progressive d'un vaste programme d'équipements et d'actions sociales dans les quartiers existants. A cela s'ajoute la dotation préalable des futurs lotissements d'un minimum d'infrastructures et d'équipement avant leur occupation.

Le même texte prévoit la réhabilitation et la restructuration des anciens quartiers et des quartiers spontanés, et préconise la dotation des principaux chefs-lieux de région d'un schéma directeur d'aménagement. Il faut dire que sept ans après, la situation demeurait inchangée à Niamey et que la plupart des points inscrits dans cette politique dite de l'habitat ne sont pas satisfaits. Pire, on a assisté même à des aberrations en matière de gestion urbaine.

Pour la simplification des outils, il s'agissait de concevoir de nouveaux instruments appropriés de gestion urbaine adaptés aux capacités humaines et financières des acteurs étatiques et communaux à les réaliser, les suivre et les évaluer.

Ainsi, le Projet de Réhabilitation des Infrastructures Urbaines (PRIU), prévu par la réforme, a contribué à la mise au point et au test de quelques Plan Urbain de Référence (PUR), Audits Urbains (AU), Audits Organisationnels et Financiers (AOF), au niveau d'un certaines communes. Ces instruments doivent permettre à leur tour aux communes d'élaborer un plan programme urbain, duquel sera tiré un plan communal d'investissement (PCI). Une telle démarche doit aboutir à la conclusion des contrats de ville entre l'Etat et les municipalités. Le contrat de ville fixe contractuellement les engagements réciproques des deux parties.

Il faut reconnaître que toutes les structures devant permettre la mise en oeuvre de cette réforme ne sont pas encore implantées 10 ans après. Ce qui fait qu'en pratique, la situation urbaine est demeurée inchangée jusqu'en 2004. En effet, les premiers PUR, audits urbains, organisationnels et financiers, ont vu le jour après cette date, mais restent à généraliser.

On remarque que le ministère de l'urbanisme, dans toutes ses démarches essaye d'avoir une main mise sur la planification urbaine au détriment des mairies. Il en résulte des conflits de compétence où chacun développe des stratégies de contournements qui bafouent les règlements de planification. Les textes ont tendances à toujours donner le dernier mot au ministère en témoigne la refonte des textes de 1977. Du coup, on assiste à des difficultés à articuler les différents niveaux de planification. Ce qui entraîne une certaine discordance entre les objectifs de la planification et les réalisations.

5.4.2.4. Quatrième étape : à partir de 2004 

Après l'échec ayant marqué l'étape précédente, il fallait repartir sur de nouvelles bases. Ainsi, la question urbaine est-elle passée d'une préoccupation essentiellement spatiale et urbanistique à celle intégrant des aspects socio-économiques telle que la lutte contre la pauvreté. De plus, la décennie 2000 constitue la période la plus dynamique de l'évolution de la planification urbaine au Niger. En effet, cette dernière période est marquée par l'avènement de la décentralisation effective du 24 juillet 2004.

Ainsi, à partir 2004, le Ministère de l'Urbanisme, de l'Habitat et du Domaine Foncier Public, a élaboré un document de stratégie nationale de développement urbain. Ce document est, comme de tradition, partie intégrante d'un vaste programme national intitulé « la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté », engagé par les autorités de la cinquième république avec l'appui de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.

En effet, après le Programme d'Ajustement Structurel (PAS) de la décennie 1990-2000 qui a d'ailleurs fait l'objet de beaucoup de critiques, ces institutions internationales font désormais de la lutte contre la pauvreté leur credo. Le document élaboré à cette fin, par le Niger constitue alors, le cadre d'orientation de la politique du gouvernement de 2002 à 2015. Il considère le secteur urbain au titre des priorités nationales. De ce fait, c'est seulement en 2002 que le développement urbain est placé véritablement et effectivement parmi les priorités de l'État nigérien à travers ce document qui l'inscrit dans une perspective d'interdépendance avec le monde rural. De plus, ce document confirme la prépondérance du secteur urbain dans l'économie du pays contrairement à ce que pensaient les dirigeants.

A la différence des textes de la réforme d'urbanisme de 1997 qui est partie d'un constat des institutions en charge de la gestion urbaine, le document de stratégie de développement du secteur urbain procède d'abord à un diagnostic rigoureux. A cet effet, il fait le bilan des actions menées en matière de planification et de gestion urbaine avant de ressortir, l'intérêt, le rôle combien prépondérant des villes dans le développement économique national malgré leur poids démographique faible, par rapport au monde rural qui regroupe 80 % de la population. Une telle démonstration est certainement l'un des motifs justifiant l'instauration du développement du secteur urbain, au rang des priorités nationales. En tant que priorité nationale, la stratégie de développement urbain vise ainsi les objectifs suivants :

- promouvoir un meilleur réseau des relations villes-campagnes ;

- assurer une meilleure gestion foncière par la mise en place d'outils simples et appropriés de gestion urbaine adoptés aux capacités des acteurs locaux tels que les audits urbains, les audits organisationnel et financier, etc.  Notons que ces trois outils ont été mis en place à Niamey en 2009 ;

- renforcer le niveau d'équipement des centres urbains ;

- et enfin promouvoir une meilleure intégration socio-économique des groupes pauvres.

Parmi ces objectifs, seul le dernier est une nouveauté, car la lutte contre la pauvreté n'a jamais été perçue aussi clairement comme un enjeu fondamental du développement urbain. Mais toujours est-il qu'il faut compter sur la volonté politique pour veiller à son application, même si le document expose de façon détaillée les éléments constitutifs de la stratégie ainsi que les dispositifs institutionnels nécessaires à sa mise en oeuvre. Aussi, a-t-il été dégagé, dans le document de stratégie du développement urbain (SNDU, 2004), un certain nombre de plans d'actions prioritaires exprimées cette fois-ci par une grande diversité d'acteurs. En effet, on y compte non seulement les ministères techniques et les municipalités jadis considérés comme seuls responsables de la gestion urbaine, mais aussi les partenaires au développement, les organisations de la société civile et le secteur privé dont le rôle est de plus en plus marquant avec le développement de la coopération décentralisée.

Il est prévu que ces acteurs seront organisés au sein d'un Comité National de Pilotage, qui assure la supervision de la mise en oeuvre de la stratégie, et prend les décisions nécessaires à toutes modifications ou réadaptations des orientations et plans d'actions prioritaires. Ce comité présidé par le ministre chargé de l'urbanisme et de l'habitat, doit aussi veiller à l'articulation de la stratégie de développement urbain avec les autres points de la politique nationale de la stratégie de la réduction de la pauvreté, plus particulièrement la stratégie de développement rural ; il est relayé à l'échelle régionale par le comité régional de pilotage (CRP), présidé par le gouverneur et à l'échelle communale par le comité communal de pilotage (CCP) dirigé par le maire. Une cellule dite de coordination devrait être créée au sein du comité national de pilotage en vue de coordonner les actions des différents comités de pilotage et de servir de dispositif de suivi et évaluation permettant de mesurer le niveau de réalisation des orientations et d'appréhender les contraintes sur le terrain. La cellule de coordination élabore des indicateurs à l'aide des rapports annuels que devraient produire les différents comités de pilotage.

Il convient de rappeler que ce n'est pas la première fois que l'on pose la question du suivi et de l'évaluation en matière d'urbanisme au Niger. Néanmoins, on constate, avec regret, l'inexistence de rapports d'activité annuels dans la quasi-totalité des services urbains publics. S'agissant du dispositif de financement, tous les acteurs y seront associés dorénavant en vue de diminuer la mainmise du politique.

Mais, notons qu'à cette date, la Stratégie Nationale de Développement Urbain n'est pas encore opérationnelle parce que son dispositif institutionnel n'est pas mis en place. De plus, elle ne s'est pas appuyée sur des résultats d'enquêtes. Son caractère trop général et son plan d'action restent à repréciser et à hiérarchiser pour les ramener à l'essentiel. Si le plan d'urbanisme sert de cadre d'intervention dans la ville, il manque un cadre de coordination efficace des actions des multiples acteurs. C'est pourquoi, on assiste à des lotissements sans viabilisation. L'une des limites de la SNDU est qu'elle ne place pas Niamey, la ville capitale, dans le contexte régional ouest-africain. En effet, la dimension régionale n'y est pas considérée. Il est pourtant intéressant de trouver un équilibre entre la volonté de réduire la macrocéphalie de l'armature urbaine du Niger et la dimension internationale que doit revêtir Niamey.

La promotion du développement local prônée par la stratégie de développement urbain, impose comme préalable la mise en oeuvre d'une véritable politique d'aménagement du territoire à travers la réalisation de schémas directeurs de développement régionaux (SDDR) auxquels vont se greffer les schémas et plans directeurs locaux (PDL). On constate malheureusement que cette logique n'est pas toujours respectée. En effet, l'obligation de résultat en si peu de temps (4 ans) poussent les maires élus à aller plus vite que l'échelle régionale au moyen, bien sûr, de la coopération décentralisée. Ils sont ainsi lancés dans la course à la planification ; c'est le cas de la Commune de Niamey V qui, avec l'appui du Programme d'Actions Communautaire (PAC), a réalisé son plan de développement communal. On relève d'abord que cette initiative n'a pas concerné le ministère de l'urbanisme alors qu'il est bien question d'un centre urbain et ensuite qu'elle a précédé les audits urbain et organisationnel de la CUN qui devrait aboutir à l'élaboration d'un plan de référence (PUR) pour la CUN et les communes membres.

Malgré quelques divergences, il convient de relever que ces deux plans ont le souci de promouvoir la participation des populations et leur engagement civique pour parer à leur indifférence vis-à-vis de leurs conditions et cadre de vie qui se traduit par la dégradation généralisée des équipements collectifs et de certaines infrastructures techniques. Mais, à la date d'aujourd'hui, la mobilisation des populations reste problématique vu leur attitude passive vis-à-vis de la gestion urbaine.

De ce fait, il est impératif d'éduquer cette population afin qu'elle saisisse le sens de l'intérêt commun, de l'intérêt particulier et de leur articulation. Il faut qu'elle sache quand défendre un intérêt commun ou un intérêt particulier et comment les mettre ensemble. Toutefois, la passivité de la population est souvent, l'expression d'une crise de confiance à l'égard des autorités municipales qui font plutôt le jeu des partis politiques. Dans une telle situation, l'alternative a été l'éclosion des organisations de la société civile favorisée par la constitution du 18 juillet 1999, réaffirmant la reconnaissance des droits à la liberté de pensée, d'opinion, de réunion et de manifestation.

La forte participation des populations aux actions des projets de développement et ONG est l'effet d'une certaine crédibilité et de la disposition de moyens des ces institutions. D'autre part, ces dernières les considèrent comme des partenaires et non comme bénéficiaires tel que le conçoivent le plus souvent les institutions municipales. Il y a aussi le fait que les ONG et projets de développement local ont un champ d'action limité par rapport aux institutions municipales qui se doivent de traiter de tous les aspects de la vie quotidienne.

Cependant, leurs activités doivent cadrer avec les objectifs du PDC ou du PUR qui sont les outils de développement des communes. D'où la nécessité d'associer ces institutions de la société civile dans l'élaboration des plans de développement des communes. Ce qui n'est pas toujours le cas comme on l'a constaté à Niamey lors de l'élaboration des PUR.

En marge du document stratégique de développement urbain, il a été adopté un décret, instituant un programme de rénovation du centre ville de Niamey. Il s'agit du décret n° 2006-188/PRN/MUH/C du 26 mai 2006. Ce programme est déclaré, à l'article 5 dudit décret d'utilité publique. Ce qui suppose que toute construction nouvelle ou modification d'immeuble ainsi que les travaux de réalisation de voiries et réseaux divers dans la zone, doivent être soumis à l'autorisation préalable du ministère de l'urbanisme, de l'habitat et cadastre. En dépit de ce décret, on constate que la transformation anarchique du centre ville se poursuit sous l'effet des mutations foncières qui prennent une allure inquiétante. A cela s'ajoutent les difficultés de financements des communes nouvellement créées. Il s'agit d'une situation qui porte un coup dur sur le fonctionnement des collectivités territoriales qui forment la ville de Niamey ; ces dernières se voient obligées de faire davantage de lotissements pour payer leur agents et assurer le financement de certains services de souveraineté. Pour pallier ce problème, un certain nombre d'initiative ont été prises.

C'est ainsi que dans le cadre de la décentralisation et pour renforcer son processus, un certain nombre d'événements ont vu le jour. En effet, après les élections municipales des 24 et 25 juillet 2004 qui consacrent l'avènement d'une décentralisation effective, le Haut Commissariat à la Modernisation de l'Etat remplace le Haut Commissariat à la Réforme Administrative, depuis 2005. Cette nouvelle institution devrait permettre d'encadrer les régions et les communautés urbaines (devenues villes en 2011) de concert avec le comité interministériel sur la décentralisation, le haut conseil des collectivités territoriales et le ministère de l'aménagement du territoire et de la décentralisation. Mais, d'entrée de jeu les nouvelles communes se heurtent à un problème de financement. Les autorités locales se plaignent que le transfert de compétence ne soit pas accompagné d'un réel transfert de ressources financières. Devant une telle situation, la solution des maires consiste à opérer des lotissements comme moyen de financement du fonctionnement des communes. Cela encourage les lotissements systématiques et la production d'un stock de parcelles exorbitant. En conséquence, on dénote un tissu urbain lâche plus à la périphérie de la ville et une faible densité.

Néanmoins, dans le cadre de la décentralisation, faute d'un réel transfert de ressources financières, les communes peuvent faire recours à l'emprunt. La pratique a démontré qu'en cas d'incapacité de la commune à payer le du, elle utilise la parcelle comme moyen de remboursement ; les collectivités territoriales font recours à trois types d'emprunt qui sont :

o les crédits bancaires ou emprunts octroyés par d'autres organismes financiers ;

o les emprunts publics par émission d'obligations ;

o les emprunts inter-collectivités.

Le recours à l'emprunt est réglementé au Niger par le droit budgétaire. L'emprunt est destiné à l'investissement et doit être sous-entendu par la capacité financière de la collectivité. Mais dans la réalité, cet emprunt ne sert nullement à l'investissement ; il est plutôt utilisé pour payer les salaires et les activités courantes.

Pour les subventions, la loi 2002-17 du 11 juin 2002 déterminant le régime financier des régions, des départements et des communes en prévoit deux types à savoir :

- la subvention pour les travaux d'édilité est accordée aux collectivités territoriales pour soutenir les travaux d'urbanisme programmés par celle-ci ;

- la subvention pour l'investissement.

Dans les faits, ces subventions ne sont pas toujours accordées aux collectivités territoriales. Les investissements qu'elles réalisent sont plutôt soutenus par des fonds externes relevant de projets de développement et de la coopération décentralisée. Toutefois, les communes doivent agir avec prudence afin d'éviter un éventuel surendettement ou suréquipement. Aujourd'hui, les municipalités déploient beaucoup d'initiatives pour le développement de la coopération décentralisée notamment avec des villes ou municipalités du Nord (la ville de Niamey et Paris, le 2ème Arrondissement et Fada N'Gourma).

Quant à la création de l'Association des Municipalités du Niger (AMN), elle vise à améliorer les conditions d'existence, de financement et de gestion des municipalités du Niger afin de promouvoir un développement local durable inscrit dans le cadre global de la lutte contre la pauvreté. Pour cela l'AMN se présente comme une association autonome et apolitique qui a un but non lucratif. Il est ainsi un instrument de formation, d'information, d'animation et de coordination des actions transversales de ses membres qui sont les communes et communautés urbaines du Niger. De ce fait, il apparaît comme un outil efficace dans l'enracinement et le renforcement de l'exercice de la démocratie.

Pour sa part, le Haut Commissariat aux Collectivités Territoriales est un organe consultatif de suivi de la politique de décentralisation et de déconcentration au Niger. Créé par la loi n° 2005-25 de juillet 2005, le HCCT a pour mission principalement d'appuyer la mise en oeuvre de la réforme actuelle de l'Etat à travers la décentralisation et la déconcentration. Les missions assignées au HCCT par la loi sont :
- étudier et donner des avis sur les orientations, sur toutes les questions portant sur la politique de décentralisation ;

- recevoir et apprécier le bilan annuel de l'application des règles de la décentralisation et l'évolution des régions, départements et communes et l'état de la coopération décentralisée ;
- suivre la conduite de la politique de décentralisation et de déconcentration ;

- et faire un rapport périodique à travers le comité interministériel de l'Administration Territoriale créé par décret.

Par ailleurs, l'Assemblée Nationale a adopté une loi portant orientation de l'urbanisme et de l'aménagement foncier, le 25 mars 2008, dans le but de restructurer l'armature urbaine du pays conformément à la loi 2001-032 du 31 décembre 2001, et de maitriser la production des espaces résidentiels en vue d'améliorer le cadre de vie des populations ainsi que les rapports entre acteurs.

En définitive, on note que les quatre étapes de la planification au Niger correspondent certes aux différentes étapes de la vie politique du pays, mais traduisent aussi des modes d'urbanismes différents dans la pratique comme le résume le tableau suivant (cf. tableau n° 5.2).

La lutte contre l'étalement urbain n'est donc généralement pas perçue comme une priorité, même si la maîtrise des formes que prend l'urbanisation de la ville apparaît nécessaire aux yeux du planificateur (l'Etat à travers le ministère chargé de l'urbanisme et les collectivités territoriales). Pourtant, l'étalement urbain doit être de mieux en mieux perçu comme un enjeu important dans une optique de développement durable des territoires urbains au Niger.

Etape

Structures

Acteurs

Outils

Action pour la ville

Développement spatial de la ville de Niamey 

Période coloniale

Administration coloniale

 

Plan d'extension spatiale

Exécution des plans d'Urbanisme

Maîtrise du développement spatial

Indépendance- décennie 90

Ministères ; Crédit du Niger ; SONUCI 

L'Etat du Niger

Plans de développement socio-économique ; le SDAU(1984) pour maîtriser l'extension spatiale des villes.

Début d'un urbanisme de rattrapage pendant la décennie 80.

Urbanisme de rattrapage de 1980 à 1990.

Faible maitrise du développement urbain

Spéculation foncière

Problèmes de logement

Décennie 90-2000 : période de démocratie

Ministère de l'urbanisme ;

Haut commissariat à la réforme administrative 

L'Etat du Niger

Collectivités territoriales

Reforme des Textes d'Urbanisme de 1997 (reformes sans changement)

Elaboration d'une politique de l'habitat.

Urbanisme sans repère 

Urbanisme tous azimuts 

Croissance urbaine anarchique

Problèmes d'équipement

Depuis 2004 : L'ère de la décentralisation

Le ministère chargé de l'urbanisme. (ses directions régionales) ; Ministère du développement communautaire et de l'Aménagement du territoire (ses directions régionales) ; Haut Commissariat à la modernisation de l'administration ; HCCT; AMN ; Communes et communautés urbaines

Etat

Conseil communal

Acteurs privés

Société civile

Partenaires extérieurs

PDC, PUR, Audits urbains 

Retour timide à la planification :

SNDU avec Intégration de la dimension social (lutte contre la pauvreté) à la dimension spatiale ; la LOUAF ; la coopération décentralisée.

Etalement urbain

Constitution d'un stock important de parcelles non mises en valeur

Tableau n° 5.2 : Les étapes de la planification au Niger

Au regard de ce qui précède, on peut dire que la planification urbaine au Niger est d'abord à situer dans une planification globale du pays marquée par des réformes administratives et territoriales, et par des plans de développement socio-économique des différentes localités. On ne relève pas une politique spécifiquement urbaine en tant que telle dans la pratique.

Cependant, des actions ponctuelles de la part des différents acteurs ont été relevées. Il en résulte une dispersion des efforts, des énergies et des acteurs qui ne conçoivent pas la ville comme un système ou sous-système dont les éléments solidaires sont interdépendants.

De plus, comment comprendre qu'alors que les acteurs urbains se diversifient, le processus de planification et sa mise en oeuvre continuent d'être le travail des seuls services publics et municipaux à charge de la gestion urbaine ? L'impact d'une telle situation sur l'étalement de la ville réside dans le fait qu'elle favorise une production informelle d'espaces résidentiels (issus de lotissements informels) de la part des autres acteurs.

En somme, on constate que la question de la gestion de ces flux résidentiels du centre vers la périphérie ne figure pas parmi les différentes planifications urbaines. Pourtant, Vennetier (1989) a bien démontré que :

« Les quartiers péricentraux accueillent le flot issu de l'exode rural ; surpeuplés, très densément bâtis, ils redistribuent sans cesse leurs excédents de population vers les quartiers plus éloignés, où les citadins vont chercher un cadre de vie moins dégradé, et ont une chance plus grande d'accéder à la propriété de leur parcelle et de leur maison. Cette mobilité résidentielle est le moteur principal de la croissance spatiale des villes».

Cela entraîne une consommation d'espace qui se fait essentiellement dans le domaine périurbain que la planification doit permettre de protéger (espaces agricoles, espaces naturels) dans une optique de développement durable de la ville. Dans ce cas, que l'étalement urbain devient clairement comme un enjeu de l'action publique.

Par ailleurs, on peut considérer que planification urbaine a un impact sur l'étalement, puisqu'elle détermine les stratégies des acteurs urbains. Ces derniers s'adonnent à la spéculation foncière et à l'auto-construction face auxquelles les documents d'urbanisme ont eu du mal à assurer le maintien des activités agricoles dans le milieu périurbain.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand