Conclusion partielle
On relève une prédominance du banco dans les
quartiers spontanés, les villages urbains et les quartiers traditionnels
des strates 1 et 2. On note une inexistence de cases et de baraques dans la
strate 1. L'électricité semble être la ressource la mieux
partagée parmi les quartiers de la ville de Niamey alors que
l'accès à l'eau potable reste encore problématique. Seuls
les ménages des quartiers résidentiels comme Cité
Fayçal, Kouara Kano, Terminus échappent à la
promiscuité. Ailleurs, il y a plus de deux personnes par pièce.
Mais, il faut préciser que cette promiscuité n'est pas ressentie
de la même manière au niveau des quartiers. Ainsi, dans les
quartiers traditionnels du centre ville et de la zone d'habitat
péricentrale, la promiscuité est doublement ressentie tant au
sein du logement qu'à l'échelle des parcelles. Cela oblige les
ménages à occuper la rue pour certaines activités. Dans
les quartiers mixtes ou traditionnels plus périphériques, la
promiscuité est seulement ressentie au niveau du logement, car la maison
qui est évolutive peut encore recevoir d'autres logements.
Dans la strate 1, faute de moyen financier, tous les
ménages n'ont accès pas aux réseaux d'eau courante et
d'électricité pourtant présents au sein de tous les
quartiers. Au total, 58 % des maisons de cette strate sont occupées par
leurs propriétaires.
Le loyer est plus cher dans la strate 2 qui regroupe les plus
grandes zones résidentielles (quartiers riches). C'est, d'ailleurs, la
seule strate dans laquelle prédominent les villas même si le banco
et le semi-dur forment une proportion importante des maisons. Rares sont les
maisons n'y ayant pas d'électricité ; celle qui ne
disposent pas d'eau courante forment seulement 1/10 des maisons
enquêtées dans cette strate. Une telle situation
résidentielle fait de la strate 2 celle qui est la mieux
équipée. Le niveau d'équipement, le type d'habitat et la
localisation contribuent fortement dans la détermination du prix du
loyer. Ainsi, les plus bas prix de loyer de la ville s'observent dans la strate
3 est qui dominée à la fois par l'habitat de cour en dur et en
banco. Quant à la strate 4, elle est le lieu par excellence de l'habitat
de cour en dur. Elle est également la strate la moins
équipée de la ville du fait de l'étalement rapide de la
ville. Devenir propriétaire de son logement est un parcours du
combattant comme en témoignent l'âge moyen des
propriétaires qui est de 56 ans et la faible proportion de
propriétaires parmi les chefs de ménage de la ville. L'analyse a
montré que la mobilité résidentielle intra-urbaine
à Niamey est plutôt une machine à intégrer qui
produit surtout des locataires. Cependant, la succession des
déménagements qui traduit la trajectoire résidentielle des
ménages aboutit, le plus souvent, à une amélioration des
conditions de logement. Les conditions de vie des ménages se trouvent
néanmoins compromises par le faible niveau d'équipements dans les
deux dernières strates traduisant clairement les difficultés des
services municipaux et autres sociétés concessionnaires à
suivre le rythme d'étalement de la ville.
Conclusion de la
partie
L'observation de la trajectoire résidentielle met en
évidence le mouvement centrifuge des ménages niaméens
à travers l'espace urbain. En effet, le processus d'intégration
socio-spatiale des ménages se fait des zones plus centraux vers la
périphérie qui à tendance à s'étendre
démesurément sur les espaces périurbains en l'occurrence
les espaces agricoles. Aussi, plus de 3/5 des ménages de la
périphérie proviennent de zones plus centrales notamment de la
zone péricentrale.
Dans les échanges entre espaces résidentiels, la
strate 2 est actuellement la zone la plus dynamique de la ville avec un
rôle principal de diffuseur de flux vers les autres strates contrairement
à la strate 4, qui est le deuxième espace plus dynamique mais
avec un rôle principal de récepteur de flux provenant des autres
strates. Il en résulte une trajectoire résidentielle centrifuge
qui ne traduit pas toujours une mobilité résidentielle
ascensionnelle, tant les conditions d'accès à la
propriété sont difficiles. De même, cette trajectoire
correspond rarement aux transformations du ménage qui peuvent
s'agrandir ou diminuer. Ce qui laisse dire que la plupart du temps, le
ménage est confronté à une mobilité
résidentielle illustrant des contraintes dans la décision de
« migrer » à l'intérieur de la
ville. De ce fait, les ménages choisissent rarement leur quartier
d'accueil après un déménagement ; ils s'installent
plutôt en fonction des opportunités de logement qui leur sont
offertes.
Au regard de ce qui précède, il est bien
évident que la situation résidentielle des ménages soit
peu reluisante à l'échelle de la ville de Niamey. Toutefois, les
difficultés rencontrées dépendant de la localisation du
logement du ménage, car chaque quartier ou strate présente des
caractéristiques spécifiques qui influencent les conditions de
vie des habitants. Il convient de rappeler que cette trajectoire
résidentielle intra-urbaine des ménages est entrecoupée
par des migrations internes et internationales. Ainsi, les migrations
constituent avec les mauvaises conditions de logements les premières
causes de déménagements et Niamey apparaît comme une plaque
tournante dans l'articulation des migrations et de la mobilité
résidentielle intra-urbaine des chefs de ménage
enquêtés. Si bien qu'il peut se demander s'il convient de parler
de trajectoire résidentielle intra-urbaine ou plutôt de
trajectoire résidentielle tout court. Notons enfin que dans l'ensemble,
l'analyse de cette trajectoire a largement contribué à
démontrer combien la mobilité résidentielle participe au
processus d'étalement à l'oeuvre dans la ville de Niamey.
Ce processus d'étalement qui implique une situation
résidentielle peu reluisante des ménages de Niamey, mérite
bien des égards.
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