3.2.3. Localisations des
ménages au cours de leurs trajectoires résidentielles
intra-urbaines
La localisation du lieu d'habitation est importante
puisqu'elle influence beaucoup les pratiques quotidiennes de la ville par les
ménages. Ici, l'analyse met l'accent sur la localisation du logement par
rapport au lieu de travail du chef de ménage. Rappelons que la
trajectoire résidentielle intra-urbaine des ménages
niaméens se compose de huit quartiers dont la localisation varie d'une
étape à l'autre.
Les quartiers de la zone centrale de la ville accueillent le
plus grand nombre des ménages lors de leur installation à Niamey
pour la première fois. Ce nombre qui diminue du centre ville vers la
périphérie comme on peut l'observer sur la figure 41, n'est
guère étonnant car l'âge des quartiers diminue aussi du
centre vers la périphérie. En effet, la strate 1 accueille 33 %
des chefs de ménage contre 32 % dans la strate 2 puis 19 % dans la
strate 3 et seulement 15 % dans la strate 4.
Figure n°3.13 : Localisation du premier quartier
d'habitation des chefs de ménage de la ville de Niamey (en %)
De ce fait, les deux dernières strates de la ville
n'accueillent au total que 34,5 % (soit 1/3) des chefs de ménage
à leur première installation, soit à peu près
l'équivalent de la strate 1 ou de la strate 2. La population se
répartit presque équitablement entre la première, la
deuxième et l'ensemble constitué par les strates 3 et 4. Cela
confirme la théorie de P. Vennetier selon lequel les migrants des villes
africaines se placent d'abord dans les quartiers plus centraux avant
d'évoluer vers les quartiers périphériques au gré
d'une mobilité résidentielle centrifuge.
Notons que l'installation dans le premier quartier
relève quasiment de l'opportunité. En effet, 91% des personnes
enquêtées déclarent s'y être installées par
opportunité. Après son installation, l'enquêté passe
une certaine durée de séjour dans son quartier d'accueil avant de
le quitter pour d'autres secteurs de la ville au fur et à mesure de son
évolution dans l'espace urbain.
On note une certaine concordance entre la localisation du lieu
d'habitation et celle du lieu de travail des chefs de ménage ; dans
le premier quartier d'habitation, la plupart des chefs de ménage
travaillent dans la zone centrale c'est-à-dire dans la strate 1. En
effet, 45 % d'entre eux ont eu leur premier travail dans le centre ville ;
la strate 2 constitue le lieu du premier emploi seulement pour 16 % des chefs
de ménage. On relève que la zone périphérique offre
plus d'emploi que la zone intermédiaire. Cela apparaît clairement
dans les chiffres selon lesquels la strate 4 offre 12 % de premier emploi
contre 9 % pour la strate 3.
Dans le premier quartier d'habitation, les chefs de
ménage n'ont pas forcément besoin d'un moyen de locomotion pour
aller à leur lieu de travail. En effet 10 à 20 minutes suffisent
pour parcourir la distance domicile-lieu de travail. En conséquence,
plus de la moitié des chefs de ménage se déplacent
à pied, soit cinq fois plus que ceux qui se déplacent en taxi et
seuls 14 % ont une voiture à leur arrivée à Niamey et 16 %
une moto. Il faut préciser que 70 % des chefs de ménage ont
quitté leur quartier d'accueil pour s'installer dans un autre quartier
pour des motifs variables parmi lesquels on compte les migrations internes et
internationales.
En ce qui concerne le deuxième quartier d'habitation,
il s'observe le plus souvent dans la strate 2 (zone péricentrale) puis
dans la strate 1. A cette étape, la strate 4 a eu plus d'attrait que la
strate 3 car à l'issue de leur premier déménagement, il y
a eu plus d'installation dans la strate 4 que dans la strate 3. En effet, 1/4
des chefs de ménage se sont directement installés dans un
quartier périphérique contre 1/5 dans la zone
intermédiaire.
S'agissant du lieu de travail, il est davantage
concentré sur la strate 1 pendant que le ménage habite dans le
deuxième quartier qui est surtout observé au sein de la strate
2. On relève dès ici, un certain décalage entre la strate
d'habitation du ménage et de lieu de travail de son chef. En
conséquence, on note une réduction sensible des adeptes de la
marche (à pieds) et une augmentation notable des usagers de motocyclette
et de voiture personnelle. En revanche, la proportion des usagers des taxis
reste presque inchangée.
En somme, 1/5 des chefs de ménage déclarent
avoir quitté le deuxième quartier par contrainte et plus du quart
par choix. Un chef de ménage sur deux a déménagé
pour un troisième quartier. Ce dernier se trouve d'abord dans la strate
2 avec 32 % des ménages enquêtés, puis dans la strate 1 (27
%), la strate 4 (24 %) et enfin la strate 3 (avec seulement 17 %). On remarque
que plus le rang du quartier habité augmente, plus la proportion des
ménages vivant dans le centre ville diminuent. Alors que ceux qui logent
dans la strate 2 ne font qu'augmenter.
Tandis que leur troisième quartier d'habitation se
concentre sur la strate 2, les chefs de ménage voient leurs lieux de
travail se contracter dans la strate 1. Aussi, 53 % d'entre eux travaillent
dans la strate 1 alors que seuls 27 % y habitent. Cela veut dire qu'un sur deux
chefs de ménage qui travaillent au centre ville n'habitent pas à
ce niveau. La strate 4 est le deuxième lieu de travail des chefs de
ménage. Cette strate offre 12 % de travail aux chefs de ménage
contre 9 % pour la strate 2 et 8 % pour la strate 3.
Au niveau du troisième quartier, on note une baisse
sensible des chefs de ménage qui se déplacent à pied par
rapport au quartier précédent. Ainsi, 34 % d'entre eux se
déplacent à pied pour joindre leur lieu de travail à
partir du troisième quartier d'habitation contre 42% à partir du
deuxième quartier. Ceux qui utilisent le bus restent d'une faible
proportion. Quant aux usagers de la moto, leur proportion ne connaît pas
un changement notable depuis le deuxième quartier d'habitation. En
revanche, ceux qui utilisent une voiture personnelle passent de 19 % au
deuxième quartier à 23 % au troisième ; de même
ceux qui louent le service d'un taxi passent de 13 % au deuxième
quartier à 16 %.
La plupart des ménages du troisième quartier
d'habitation ont déménagé pour s'installer dans un autre
lieu de la ville. Ainsi, 92 % des ménages du 3e quartier ont
démangé pour un quatrième quartier. Leur
répartition dans les strates de la ville ne tranche pas d'avec celle
observée dans le troisième quartier et les raisons de
l'installation dans le quatrième lieu d'habitation sont identiques
à celles qui ont motivé l'installation dans le troisième.
Parmi les enquêtés, 17 % n'ont pas d'emploi ou de
lieu de travail fixe au niveau du quatrième quartier d'habitation (dans
certains cas, ils sont des ambulants). Tandis que 53 % des chefs de
ménage qui se sont installés dans un quatrième quartier
travaillent dans la strate 1, les strates 2 et 3 n'en accueillent que 5 % des
emplois chacune. Pour sa part, la strate 4 offre 17 % des emplois aux chefs de
ménage abritant un quatrième quartier, soit 3 fois plus que les
strates 2 et 3.
Ici, le décalage entre lieu de travail et lieu
d'habitation apparaît clairement. Ainsi, un sur deux chefs de
ménage qui travaillent dans la strate 1 n'y réside pas. En
revanche, un chef de ménage sur six qui habitent dans la deuxième
strate n'y travaille pas. Il en est de même pour un ménage sur
trois dans la strate 3. Ce décalage est moins frappant dans la strate 4
où 67 % des chefs de ménage résident en même temps
qu'ils y travaillent.
Dans tous les cas, le fort décalage entre le lieu de
travail et le lieu d'habitation oblige les ménages à adopter, de
plus en plus, le véhicule ou la motocyclette. Ces deux moyens de
locomotion sont idéals pour assurer l'autonomie de transport des
ménages dans une ville où les transports en commun sont peu
organisés et irréguliers. Aussi, pour la première fois, la
proportion des chefs de ménage qui utilisent un véhicule
personnel pour se rendre au travail dépasse celle des piétons. En
effet, 30 % des chefs de ménage qui sont à leur quatrième
quartier d'habitation utilisent un véhicule personnel contre 27 % de
piétons. En revanche, les usagers de taxi baissent sensiblement par
rapport au troisième quartier d'habitation (10 % au quatrième
quartier contre 16 % au troisième).
Il faut dire que beaucoup de ménages se stabilisent
dans le quatrième quartier d'habitation ; ainsi, seuls 32 % des
ménages du quatrième quartier ont déménagé
pour le cinquième. Cela équivaut à 12 % de l'ensemble des
chefs de ménage enquêtés. C'est au niveau du
cinquième quartier que, pour la première fois, la strate 4
accueille le plus grand nombre de ménages. En effet, 31 % des
ménages qui ont fréquenté un cinquième quartier
dans la ville se retrouvent dans la strate 4. Après les quartiers
périphériques, ce sont ceux des strates 1 et 2 qui enregistrent
également la deuxième proportion de ménages à
savoir 24 % dans chacune de ces strates.
Par ailleurs, on constate pour la première fois, au
niveau du cinquième quartier, que les ménages qui se sont
installés dans les deux dernières strates (3 et 4) sont plus
nombreux que ceux des states 1 et 2. En effet, 52 % des ménages se sont
installés dans les zones intermédiaire et
périphérique de la ville.
S'agissant des moyens de locomotion utilisés, on note
une légère baisse de ceux qui se déplacent à pied
pour se rendre au travail. Leur proportion, n'est plus que de 22 % au niveau de
cinquième quartier. Les usagers des taxis se maintiennent et constituent
11 %. Tout comme les cyclistes dont la proportion reste infime, soit 4 %. En
revanche, les usagers de la voiture personnelle qui sont déjà
majoritaires au quatrième quartier augmentent de 14 points pour
atteindre 44 %.
Notons qu'un peu plus de 2/5 des ménages du
cinquième quartier ont poursuivi leurs parcours dans le sixième
lieu de séjour. Ce lieu se localise surtout dans les deux
dernières strates de la ville à savoir : la zone
intermédiaire et la zone périphérique ; c'est le cas
de 58 % des ménages. La zone précentrale ou strate 2 est
désormais la strate la moins accueillante car elle n'a reçu
que 19 % des ménages contre 23 % enregistrés dans la strate 1.
Dans le sixième quartier, 23 % des chefs de
ménage déclarent n'avoir pas de travail. Par conséquent,
ils n'ont pas besoin de se déplacer pour le travail. En revanche, 46 %
travaillent dans la strate 1 et rares sont ceux dont lieu de travail se
localise dans la strate 2. S'agissant du moyen de locomotion, on note une
réduction drastique des usagers de la voiture personnelle au profit des
usagers de la moto. En effet, les premiers baissent de 44 % dans le
cinquième quartier à 35 % dans le sixième, alors que le
second augmente de 15 % à 27 %. Quant à la marche, elle est
encore l'apanage de 23 % des chefs de ménage à ce stade alors que
le taxi comme le bus sont rarement empruntés.
A partir du sixième quartier, rares sont les
ménages qui poursuivent leur mobilité résidentielle
intra-urbaine. En effet, les ménages dont la trajectoire
résidentielle compte six quartiers de Niamey constituent seulement 6 %
de l'ensemble des enquêtés. Par ailleurs, les septième et
huitième quartiers d'habitation ne sont occupés que par deux
ménages.
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