1.2. Du discours à la pratique : le gap peut
être grand
L'analyse du tableau III qui rend compte de
l'opinion des fonctionnaires sur la mise en application des valeurs et de
l'éthique dans l'administration permet de dire que sur 38
fonctionnaires, 47,4% estiment qu'elles ne sont jamais mises en application
dans l'administration. Par contre 28,9% d'entre eux pensent qu'elles le sont
parfois. Par ailleurs, pour aucun des interviewés, les valeurs sont
toujours appliquées.
Tableau III : Opinion des fonctionnaires
sur la mise en application des valeurs et de l'éthique dans
l'administration
Niveau de mise en application des valeurs
|
Effectif
|
Fréquence (%)
|
Toujours
|
0
|
0
|
Parfois
|
11
|
28,9
|
Rarement
|
09
|
23,7
|
Jamais
|
18
|
47,4
|
Total
|
38
|
100
|
Source : données de
terrain_2013
Ces statistiques montrent que les valeurs, bien que connues
des fonctionnaires, ne sont pas, pour le moins, mises en application. Cette
situation serait due à la banalisation des comportements éthiques
dans l'administration. Celle-ci se manifeste au travers de plusieurs
comportements contraires aux valeurs administratives.
1.3. Typologie des comportements non éthiques
Sur la question des comportements non éthiques dans
l'administration, les fonctionnaires interviewés ont cité entre
autres la corruption manifeste sous diverses formes, le clientélisme, le
favoritisme, le népotisme et, le trafic d'influence.
1.3.1. La corruption
La corruption est observable dans plusieurs
domaines de la vie sociale et est notamment manifeste à plusieurs
niveaux de l'administration publique. Elle émerge surtout de la
rencontre entre le fonctionnaire et l'usager dans un contexte d'offre et de
demande de service. Pour les usagers enquêtés, ses manifestations
s'étendent sur un large panel impliquant l'escroquerie, la perception
indue d'argent, l'exigence de pots de vins, la création volontaire de
longues files d'attentes ou l'accumulation volontaire des dossiers pour inciter
les plus pressés à corrompre pour se faire servir les premiers.
Cependant, ces formes de corruption soulignées ne
mettent en cause que les fonctionnaires alors que les pratiques de certains
usagers qui offrent volontairement des cadeaux ou autres biens en guise de
reconnaissance pour service rendu sont de nature à encourager la tenue
des conduites corruptives et donc non éthiques dans l'administration.
1.3.2. Le clientélisme
« Le clientélisme décrit des
relations de pouvoir informelles fondées sur l'échange de
ressources entre des individus ou des groupes de statut inégal. Un
personnage qui jouit d'un statut supérieur prend avantage de son
autorité et des ressources dont il dispose pour protéger et
dispenser des bénéfices à un inférieur, qui lui
retourne ses faveurs sous forme de soutien et de services »
(Caciagli, Kawata, 2001). Selon les fonctionnaires, les pratiques
clientélistes « foisonnent à flot »
au MTFPRAI-DS. En effet, les données empiriques collectées
permettent d'avancer que le clientélisme est beaucoup plus
présent dans les domaines de passation des marchés, de nomination
ou encore de promotion des acteurs sociaux. Les propos de Grace, une jeune
femme de 29 ans en sont une illustration.
« Le clientélisme, c'est le commerce qui
marche le plus dans l'administration. Tu te sers de ta position et de ton
pouvoir pour nommer quelqu'un que tu peux contrôler à un poste et,
en retour, il fait tout pour te filer les informations et protéger tes
intérêts. C'est comme un marché gagnant/ gagnant dans
lequel on sacrifie souvent les intérêts des tiers »
[Grace, Femme de 29 ans].
Sur un fond de clientélisme, il n'est pas non plus rare
de voir des agents entrés après d'autres sur des grades
identiques dans l'administration gravir les échelons sans suivre le
processus normal, mettant ainsi à mal le principe
d'égalité entre citoyens. C'est dire que le
clientélisme peut empêcher le fonctionnement du système de
sélection et de promotion du personnel sur la base des qualifications,
de compétence et du mérite, ce qui conduit à une
déprofessionnalisation de la fonction publique.
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