1.3.3. Le favoritisme
La majorité des fonctionnaires enquêtés
font également état de l'existence du favoritisme dans
l'administration. De fait, en milieu de travail, cette notion évoque le
fait que quelqu'un semble être mieux traité que d'autres et pas
nécessairement pour des raisons liées au rendement
supérieur. Ceci est d'autant plus vrai que nombre de responsables
rencontrés admettent avoir au moins un agent favoris à qui
accorder divers avantages liés au poste occupé. C'est dire qu'on
accorde souvent des privilèges (promotions, récompenses,
missions, diverses formations de renforcement de capacités, etc.)
à certains fonctionnaires vis-à-vis desquels on manifeste une
préférence particulière pour des raisons parfois
subjectives. Les propos d'Angèle, Cadre de 45 ans, cadrent bien avec
cette analyse.
« [...] Vous savez ?, quel que soit le
service, les dirigeants ont toujours des hommes de main. C'est psychologique.
On a toujours une préférence par rapport à certains agents
à qui on accorde certains privilèges indépendamment
des règles qui y sont associées. Vous n'allez pas me dire le
contraire. Un père de famille ne peut pas traiter ses enfants de la
même manière. C'est pourquoi je vous disais au départ que
ce comportement est psychologique » [Angèle, Cadre de 45
ans].
A lire ces propos, il va sans dire que l'existence du
favoritisme dans l'administration tire son essor de dispositions psychologiques
des acteurs qui le pratiquent. De plus, on préfère toujours
favoriser un proche, un ami, un parent, etc. dont les compétences
peuvent être insuffisantes que de promouvoir des agents
« qu'on ne maîtrise pas » et qui pourtant
mérite d'être promus. Dans ces circonstances, le favoritisme, en
règle générale, peut mener à de mauvaises
décisions de promotion. L'expérience d'Agbétou vient
corroborer cet état de chose.
« Hum ! [...] Depuis un an, je devais
être promu à un poste à l'international. Je me suis
tellement battu pour ça. D'ailleurs, tout le monde savait que c'est moi
qui remplissais les critères pour être promu à ce poste.
Tenez vous bien, je n'ai pas eu le poste jusqu'à ce jour. Le comble,
c'est qu'une dame, soit disant parente d'une autorité politique qui est
venue récemment qui a été envoyée à ma
place. Ce qui me fait mal et me frustre beaucoup, est que c'est moi qui l'ai
formée. Et bien, on vient de lui donner ma place. [...] Ma foi, je n'ai
pas digéré cette situation que je considère comme une
offense à mon égard et qui m'a presque mis dans un état
dépressif. Qu'est-ce que je peux faire ? Je laisse tout au Bon
Dieu ! Je le charge simplement de rendre justice »
[Agbétou, Cadre de 38 ans].
Il va sans dire que si le favoritisme semble
aller de paire avec le fonctionnement de l'administration, il peut avoir des
conséquences désagréables pour les agents qui en sont
victimes. Dans bien des cas comme celui d'Agbétou, il s'apparente au
népotisme.
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