II.2.1. L'innovation ne se
décrète pas.(UNESCO, 2005, p.59)
Dans une économie globale de la connaissance où
la capacité d'innovation sera la pierre de touche de la
compétitivité, encourager une culture de l'innovation revient
à favoriser la diffusion rapide des inventions et idées nouvelles
à l'ensemble d'une société donnée.
Toutefois, l'innovation ne se décrète pas. C'est
précisément parce que l'innovation est devenue largement
imprévisible qu'il importe de mettre l'accent sur les conditions qui
favorisent l'émergence d'un processus innovant : c'est là la
seule dimension sur laquelle il soit en notre pouvoir d'intervenir. Il faut
également veiller au coût humain de ces mutations, en gardant
à l'esprit, comme le rappelait Schumpeter, que l'innovation est bien un
processus de « destruction créatrice » : les mécanismes
destructeurs que l'innovation porte en elles doivent faire l'objet d'une
attention particulière pour en atténuer les conséquences
sociales et culturelles.
Comme toute révolution technologique, celle qui
sous-tend l'essor des sociétés du savoir comporte des risques
élevés de précarisation sociale. Reconnaître cela
revient-il nécessairement à accepter l'idée que des
générations ou des individus puissent se trouver,
sacrifiés sur l'autel du changement ?
Face à cette violence inhérente à nombre
de moments fondateurs, ne peut-on envisager au contraire que la remise en
question des acquis et des connaissances passera par le développement
des capacités individuelles et collectives ? C'est là tout
l'enjeu de sociétés qui devront être des
sociétés à la fois du savoir et de l'innovation, et donc
des sociétés apprenantes. Les emplois de demain consisteront de
plus en plus à produire, échanger et transformer des
connaissances.
Nos sociétés seront tout entières
engagées dans l'assimilation d'un flux continu de savoirs nouveaux. La
demande de connaissance sera plus importante que jamais, mais ses
modalités changeront. Il ne s'agira plus d'être formé
à un type d'activité spécifique, que le progrès
scientifique et technologique risque de rendre rapidement obsolète. Dans
des sociétés de l'innovation, la demande de savoir sera à
la hauteur de besoins de requalification toujours renouvelés. Les
formations professionnelles seront elles-mêmes contraintes
d'évoluer. Aujourd'hui, un diplôme est avant tout une
qualification sociale. La culture de l'innovation imposera que les
diplômes eux-mêmes comportent une date de péremption, afin
de lutter contre l'inertie des compétences cognitives et de
répondre à une demande continue de compétences nouvelles.
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