I.2.1. Type d'innovation
Précisons que, pour qu'il s'agisse d'une innovation,
les changements apportés doivent être significatifs pour
l'entreprise. Ainsi, une activité peut être innovatrice pour une
entreprise, mais pas pour une autre.
L'innovation peut être analysée selon deux axes
: sa nature ; son degré de nouveauté.
a) Selon sa nature
Dans sa 3ème et dernière édition,
datée de 2005, le Manuel d'Oslo cité par (D. SCHAEFER, 2014, p.
9) définit quatre catégories d'innovations :
· Une innovation de produit : correspond à
l'introduction d'un bien ou d'un service nouveau ou sensiblement
amélioré sur le plan de ses caractéristiques ou de l'usage
auquel il est destiné. Cette définition inclut les
améliorations sensibles des spécifications techniques, des
composants et des matières, du logiciel intégré, de la
convivialité ou autres caractéristiques fonctionnelles.
Exemples de nouveaux produits : les premiers
micro-processeurs, les appareils photo numériques, le premier baladeur
numérique MP3.
· Une innovation de procédé : est la
mise en oeuvre d'une méthode de production ou de distribution nouvelle
ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des changements
significatifs dans les techniques, le matériel et/ou le logiciel.
· Une innovation de commercialisation (marketing
innovation) : est la mise en oeuvre (implémentation) d'une nouvelle
méthode de commercialisation ou de rupture impliquant des changements
significatifs de la conception ou du conditionnement, du placement, de la
promotion ou de la tarification d'un produit.
· Une innovation d'organisation : est la mise en
oeuvre d'une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques,
l'organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de la
firme».
b) Selon son degré de nouveauté
Selon (M. Rahmouni et Murat. Y, 2011, p.5-6)
Deux dimensions permettent de définir les
modèles d'innovation: le degré de nouveauté pour le
marché et le degré de nouveauté pour l'entreprise. La
classification des innovations selon le type du changement qui en
résulte et le degré de leur impact sur le marché ou sur la
technologie est aussi importante. Cette distinction englobe principalement deux
types d'innovation : l'innovation radicale et l'innovation
incrémentale.
La première cherche à développer des
sources de valeur que les firmes elles-mêmes ne connaissent pas
complètement. Par opposition, l'innovation incrémentale s'adresse
aux besoins manifestes des procédés de productions actuelles ou
des clients. Ces deux types d'innovation impliquent aussi un équilibre
différent entre les activités d'exploration et d'exploitation
dans la firme.
· Innovation radicale :
L'innovation radicale ne se manifeste pas fréquemment.
Elle correspond à l'introduction d'une technologie
générique qui affecte l'organisation du travail et la
productivité dans un grand nombre d'activités, aussi bien du
point de vue de l'entreprise qui l'a introduit que du point de vue du
marché qui l'a reçu. Ce type d'innovation constitue une richesse
stratégique quant à la croissance à long terme, mais son
développement est plus coûteux et risqué. Elle ne s'adresse
pas nécessairement à une demande bien identifiée, mais
elle crée une demande précédemment non exprimée par
le marché. Cette demande implique souvent une nouvelle structure du
marché et même, l'émergence de nouvelles industries et de
nouveaux concurrents. Elle est perçue, par Schumpeter (1942), comme une
source de destruction créatrice (un changement qualitatif) qui
incessamment révolutionne la donne à l'intérieur de la
structure économique, en détruisant continuellement ses
éléments vieillis et en créant d'autres
éléments neufs.
Elle est aussi à l'origine de l'orientation de
l'industrie au sein d'une nouvelle trajectoire technologique, dans le sens
où elle déplace réellement la frontière des
connaissances techniques s'il s'agit d'innovation de procédé, et
elle élargit radicalement la gamme des produits et services dans le cas
d'innovation de produit. Elle nécessite que l'organisation accorde un
poids plus important aux activités d'exploration, même si elles
sont plus risquées.
· Innovation incrémentale :
L'innovation incrémentale (ou mineure) constitue un
changement progressif découlant d'une innovation radicale qui permet
d'améliorer une technologie afin de l'adapter aux
spécificités des secteurs et des marchés qui vont
l'adopter.
Elle concerne l'introduction par l'entreprise
d'améliorations de produits existants par ailleurs sur le marché
ou bien l'introduction dans l'entreprise d'équipements et de composants
novateurs qu'elle n'aurait pas mis au point elle-même. Ces innovations
sont souvent réalisées par des entreprises qui font relativement
peu de recherche en interne et qui recourent peu aux brevets et aux licences
externes. Elles jouent néanmoins un rôle important dans
l'augmentation du stock de connaissances d'une entreprise et de ses
capacités à développer de nouveaux produits ou
procédés (Cohen et Levinthal 1989) cité par (M. Rahmouni
et Murat. Y, 2011).
Au de-là d'une typologie par définition
très contrastée, la question du degré de changement
révèle que l'innovation se situe en fait sur un continuum dont
l'innovation incrémentale et radicale en seraient les deux
extrêmes (Amara et Landry 2005) cité par (M. Rahmouni et Murat. Y,
2011). Nous pouvons ainsi affiner cette typologie en distinguant trois
critères permettant de qualifier le degré de nouveauté
:
· Perception relative à l'adopteur :
l'innovation peut concerner toutes les pratiques ou produits perçus
comme nouveaux par l'individu ou toute entité qui l'adopte (Zaltman et
al. 1973, Rogers 1983) cité par (M. Rahmouni et Murat. Y, 2011).
· Le degré de nouveauté :
l'innovation peut être définie comme le premier usage d'un
produit, processus ou technique dans un secteur donné ou un contexte
particulier.
· Le changement induit : l'innovation peut
être définie à partir de la nature et l'ampleur du
changement induit. On qualifie un changement comme innovateur à partir
du moment où il a pour effet de répondre aux exigences du
marché ou de transformer la structure ou le processus de production.
Observation : Une innovation peut correspondre à
une nouveauté à différents niveaux, allant d'un
déplacement de la frontière technologique mondiale à une
nouveauté au niveau d'une industrie particulière, voire d'une
firme individuelle.
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