2.1.1.2. Les stratégies juridiques « offensives
»
Bien qu'elles puissent s'appuyer sur les marques ou les
formules de présentation pour repousser l'entrée d'un concurrent
ou réduire sa profitabilité125, les firmes
pharmaceutiques privilégient principalement les stratégies de
brevets "sous-marins"126 couvrant des éléments
additionnels du produit. Les médicaments résultant
fréquemment de la conjonction de plusieurs innovations (de plusieurs
molécules par exemple), la stratégie de protection
123 Cette période est passée de 17 années
à, partir de la date de dépôt à 20 années
à partir de la date de demande, occasionnant pour les brevets
déposés avant cette décision une extension de la
durée de protection de trois ans à laquelle n'étaient pas
préparés les concurrents génériqueurs. On peut
également souligner le cas des certificats complémentaires de
protection.
124 Ainsi, une firme implantée dans un pays où
la durée de protection des innovations est plus courte que dans un autre
peut-elle y exporter ses génériques ? L'Union européenne a
pour sa part confirmé la légalité de ces importations
parallèles.
125 Cf. les conflits SmithKline Beecham/Watson (substituts
tabagiques) ou Eli Lilly/Apotex, NovoPharm et NuPharm
(anti-dépresseurs).
126 Le terme de"sous-marin"utilisé dans la Revue
d'économie industrielle, N°99., op. cit. , désigne un
brevet déposé mais non exploité ou un brevet en phase
d'homologation mais non encore publié.
optimale consiste à les breveter par étapes de
manière à s'assurer la protection la plus longue
possible127. Exemple répandu de brevets sous-marins, comme en
témoignent, entre autres, les conflits Eli Lilly/Teva (au sujet des
antidépresseurs) ou Glaxo/Teva (concernant les substituts tabagiques),
les brevets de procédés empêchent les producteurs de
génériques d'utiliser la technologie nécessaire à
l'élaboration du médicament. Pour contourner la protection, ces
entreprises sont donc contraintes de développer leurs propres
méthodes de production.
De leur côté, les fabricants de
médicaments génériques n'hésitent pas à
lancer leurs produits avant l'expiration des brevets de manière à
acquérir une position de leader sur le marché
générique. Les litiges proviennent donc des conflits
d'intérêt entre ces deux catégories d'acteurs et peuvent
alors impliquer les autorités sanitaires ou réglementaires.
Les fabricants de médicaments génériques
ayant intérêt à anticiper la levée de la protection
afin de se garantir une position de leader sur le marché, il est
difficile d'établir si ces accusations sont fondées ou
non128. Quelle qu'en soit l'issue, la multiplication des
procédures juridiques (interdiction provisoire, appel, etc.) parvient
à retarder l'entrée du médicament générique.
Du fait du coût, de l'incertitude et de la longueur de ces
procédures, il s'agit également d'affaiblir la firme adverse afin
de la contraindre à, accepter un accord à l'amiable.
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