1.2.2. Les problèmes liés au
développement des génériques
Les médicaments génériques qui suscitent
tant d'intérêt et d'espoir non seulement pour les patients mais
aussi et surtout pour l'Etat (l'assurance maladie), qui entend réaliser
des économies, génèrent d'abondants débats.
Plusieurs obstacles empêchent d'ailleurs leur essor.
Nous étudierons successivement les obstacles de fait et
les obstacles de droit.
1.2.2.1. Des obstacles de fait
Nous verrons comme obstacles de fait : l'intérêt
du consommateur et la réaction des laboratoires pharmaceutiques
1.2.2.1.1. L'intérêt du consommateur et du
prescripteur
Le système français d'assurance maladie n'incite
pas les patients, ni les médecins à se tourner vers les
médicaments génériques. C'est la principale raison du
retard des génériques en France. D'abord, contrairement à
ce qui se passe dans les autres pays, la substitution d'un médicament
princeps par un générique ne peut se faire en France que si le
médicament figure dans le répertoire de l'Agence française
de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Or
ce répertoire ne couvre que 15% en valeur du marché des
médicaments remboursables, soit 2,3 milliards d'euros sur un total de
15,2. Ce que l'on appelle " l'assiette de substitution " est donc trop
étroite. Et comme au sein de cette assiette
le taux de substitution génériques/princeps
n'est encore que de 35% - bien qu'en hausse -, le résultat final nous
donne 5% de génériques en France. Il faut donc élargir
cette assiette.
Par ailleurs seulement 35% des médicaments princeps
potentiellement substituables par un générique donnent
effectivement lieu à une substitution. Comment expliquer la faiblesse de
ce chiffre ?
Le consommateur, tout d'abord, n'a aucun intérêt
à demander un générique, sauf à adopter un
comportement citoyen. Quand il va à la pharmacie il ne débourse
pas un centime, grâce au mécanisme du tiers payant et à sa
mutuelle. Il oublie qu'il paie des cotisations sociales et pense que le
médicament est gratuit. Pire, il imagine que le générique
n'est qu'une pâle copie du princeps, alors que les contrôles de
qualité, et souvent même la matière première, sont
identiques.
Le médecin, ensuite, reçoit en
tête-à-tête les représentants des laboratoires, qui
ont intérêt à défendre leur marque face aux
génériques. La loi 2002 de financement de la
Sécurité sociale autorise bien le médecin à
prescrire en Dénomination commune internationale (DCI) : sur
l'ordonnance il peut désormais indiquer le nom de la molécule, et
non celui de la marque. Alors, le pharmacien choisit le générique
qui correspond à la DCI. Mais pour qu'un tel système fonctionne
il faudrait soutenir la formation continue des médecins. Et changer la
formation pharmacologique dans les facultés de médecine,
où déjà, les enseignants emploient le nom de la marque
plutôt que celui de la molécule.
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