1.1.2.2. Les médicaments génériques et
leurs médicaments de référence : un regard sur les
écarts de prix
Rappelons qu'en France, la consommation de médicaments
est deux à trois fois supérieure à celle des autres pays
européens. Les Français dépensent chaque année
près de 100 milliards de francs de médicaments. Malgré le
prix relativement bas des produits originaux, les génériques
peuvent être vendus 30 à 50 % moins cher car le laboratoire n'a
pas, pour ces produits, à supporter les frais inhérents à
la création d'un nouveau médicament.
Selon les chiffres publiés par la Caisse nationale
d'assurance-maladie (CNAM) en 2004, les médicaments
génériques, en moyenne 20% à 30% moins chers que le
produit original mais composés de la même molécule, ont
permis d'économiser 380 millions d'euros "pour une qualité de
soin identique. Le taux de générique actuel représente
chaque mois une économie de 550 euros par médecin
généraliste, en dépenses remboursées.
Mieux, pour la CNAM, des progrès sont encore possibles.
"Si le générique avait été utilisé à
chaque fois que cela était possible, une économie
supplémentaire de 420 euros, par mois et par médecin
généraliste, pourrait être réalisée. On peut
donc estimer l'économie potentielle supplémentaire pour
l'assurance-maladie à plus de 300 millions d'euros par an".
D'autant plus que les molécules "nouvellement
généricables entre 2005 et 2007 (...) représentent un
potentiel d'économies de plus de 700 millions d'euros sur cette
période", poursuit la CNAM.
90R. Walker in «Generic medicines : reducing
cost at the expense of quality ?» - Pharmacoeconomics 5/95, 7, 375-7.,
cite comme moyens envisageables pour freiner les dépenses en
médicaments : adopter une liste restreinte de médicaments,
promouvoir la prescription de génériques, permettre la
substitution par des génériques, autoriser la substitution
thérapeutique, augmenter la quote-part du patient, et, en premier lieu,
revoir les indications thérapeutiques.
En 2008, si tous les médicaments actuellement
substituables sont substitués, l'économie serait de 1,2 milliards
d'euros. En fin 2008, l'arrivée de soixante nouveaux groupes
génériques devrait permettre d'économiser au total 5
milliards d'euros
En termes concrets, les écarts de prix entre
médicaments de référence et produits
génériques sont, en moyenne, de l'ordre de 1,5 euro, pour des
conditionnements identiques91. Ces écarts de prix
représentent, en moyenne toujours, une baisse de 20% à 30%
environ par rapport au prix du produit de référence.
La dispersion de ces écarts est cependant importante :
ils peuvent être très faibles, voire nuls quand le prix du produit
de référence a été aligné sur celui d'un
générique pour le rendre compétitif, ou au contraire
importants (supérieurs à 15 euros)92, notamment quand
le produit de référence est d'un prix élevé.
En général, même s'il existe quelques
exceptions, le taux de génériques est surtout important dans deux
situations :
? celle où les prix des produits de
référence sont élevés, mais où les
écarts relatifs avec le prix des génériques
associés sont plus faibles que la moyenne;
? celle où les écarts relatifs de prix avec les
génériques associés peuvent être importants, mais
où les prix des produits de référence sont relativement
faibles.
Le générique contribue à limiter
l'évolution des dépenses de santé sans nuire à la
qualité des soins. Une large prescription de génériques
permettrait de réaliser une économie de 3 à 5 milliards de
francs par an.
Une partie de ces économies pourrait être
réinvestie dans la recherche de molécules innovantes.
Une étude du profil socio-économique des
consommateurs de médicaments innovants et des consommateurs de
génériques nous permettra de mesurer l'impacte possible du
coût de ces différents produits sur l'accès aux soins.
91 Source : CNAM, op. cit.
92 Idem.
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