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Pétrole et jeu des acteurs dans la fabrication des politiques publiques des hydrocarbures au cameroun

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par Yves Patrick MBANGUE NKOMBA
Yaounde II Soa - DEA 2006
  

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Paragraphe II : L'opacité comme élément de fragilisation

L'opacité a pour opposé la transparence. Est opaque tout ce qui ne se laisse pas apercevoir d'une manière claire, à la limite, qui est flou. Ainsi l'opacité est l'un des éléments déterminant de la fragilité de la logique administrative dans le secteur pétrolier comme dans les secteurs de l'éducation, de la santé ou des relations diplomatiques, on est en droit de voir les fruits de cette politique de manière à établir une traçablité de la chaîne d'action comme c'est le cas de plus en plus au niveau de la santé publique avec les prises en charge des programmes des maladies endémiques et au niveau de l'éducation dont les politiques ont été presque réussit de l'enseignement de base jusqu'à l'enseignement supérieur en passant par les formations professionnelles.

L'opacité comme élément de fragilisation de la mono rationalité administrative est causée par la non budgétisation des recettes pétrolières dès le départ (A) et le fruit de la gestion du secteur pétrolier par un système centralisé (B).

A- La non budgétisation des recettes issues des produits pétroliers dès le départ

La controverse des auteurs faite autour de la date de l'exploitation du pétrole au Cameroun ne change en rien les marques indélébiles que cette ressource aurait pu avoir sous son inscription dans les lois de finance au début de son exploitation. Même si l'exploration des sites et des zones pétrolières au Cameroun remonte bien avant les années 1970, plus précisément dans les années 1950 avec la société française SEREPCA, par l'entremise du Bureau de Recherche Pétrolière (BRP : structure française), nous constatons là qu'il pourrait avoir un contrat mis sur pied par l'Etat camerounais. Du temps de gestion des autorités camerounaises engagées dans le contrôle étatique même si le Cameroun était sous protectorat, la signature du contrat d'exploitation n'a fait aucune sorte de validation par les voies représentantes de la population ; ce qui ouvre déjà l'accès à une sorte de mise en oeuvres des capacités et des opportunités qu'offre le sol et le sous-sol Cameroun. Cet état de non budgétisation dès le départ pourrait être analysé comme un moyen d'exploitation au gré à gré entre les autorités camerounaises ( beaucoup plus les responsables politiques) et le gouvernement français ; car à la lecture géopolitique de l'époque, pendant les années 1950, les Etats-Unis d'Amérique ont une main mise sur le pétrole du Moyen Orient, et que l'Etat français connaissant une farouche opposition sur sa domination en Algérie, pays principal fournissant plus de la moitié de leur énergie, voudrait garantir sa sécurité énergétique en explorant ses colonies de la bande côtière allant de la Côte d'Ivoire jusqu'en Angola, dont le Cameroun fait partie.

Le Cameroun dès le départ de l'exploitation pétrolière travaille avec la multinationale française Elf créée par le Général De Gaule à l'initiative de Pierre Guillaumat, le patron des services secret français, qui trouve donc des stratagèmes pour pervertir la gestion de cette ressource pour les Etats d'Afrique Équatoriale dont une grande campagne avait été initiée dans le but de révéler aux dirigeants des nouveaux Etats indépendants des trésors de leur sous-sol.

En toute rationalité les auteurs s'accordent à dire que le Cameroun deviendra producteur de pétrole en 1977, ceci sur la base des indices de vente d'une quantité minime de "brut" camerounais ; entre 1980 et 1986, il atteint des pics de production avec une moyenne de 182 000 barils par jour53(*). Certains auteurs comme Jean Claude Walleme parle alors de la consécration de l'hydrocarbure comme "clé de voûte de l'économie camerounaise", Owona Nguini quant à lui voit le pétrole comme "la ressource clé" pour l'Etat Entrepreneur qu'est le Cameroun. Il faudrait tout de même faire la remarque que le pétrole vient mettre au second plan une ressource prise en compte par les lois de finance à savoir la ressource agricole qui jusqu'à cette période (années 1980) rapportait près de 3/4 de recettes d'exploitation. Alors même que les recettes et les ressources pétrolières croissent et que celles du secteur agricole décroissent, mais il n'y a toujours pas l'inscription dans le budget des ressources pétrolières. Dès l'origine donc les recettes pétrolières ne seront jamais complètement budgétisées ; un compte hors budget (CHB) fut ouvert à travers lequel seront canalisées les ressources tirées du partage de la production pétrolière. Ce compte va centraliser une part des ressources considérable de ressources constituant une « institution » tout à fait exorbitante de droit qui encaisse et dépense une grande partie des recettes du pétrole sans contrôle parlementaire encore moins de publicité d'aucune sorte dès le départ. La mise sur pied dès le départ d'un compte hors budget dans le secteur pétrolier pose ainsi les bases d'une centralisation du système dans la gestion de ce secteur.

* 53 J.R. Nkonlack : « Industries extractives : la marche du Cameroun vers la transparence une histoire de trois ans »

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams