II- LA VENTE DES RUMINANTS
En dehors de l'agriculture, les populations de la
région du Nord que nous avons rencontrées pratiquent le petit
élevage. Cet élevage constitue d'ailleurs plus de 40% des
activités des agriculteurs. En effet, le bétail a
été, dans plusieurs sociétés, un instrument de
capitalisation et d'épargne, dans la mesure où il constitue un
instrument de travail. L'énergie fournie par le bauf, le cheval, le
chameau ou encore l'âne a été ou est d'un apport
considérable pour le développement de l'agriculture. La laine, le
cuir et les peaux de bêtes ont longtemps servi et continuent de servir
à l'habillement et à la confection d'objets. Cependant, la
fonction alimentaire a pris le dessus sur toutes les autres.
Il existe un nombre élevé de
systèmes de production. Ceux-ci dérivent de la diversité
biologique et de celle des milieux naturels et socio-économiques : les
élevages hors-sol (de type intensif et pratiqués dans un milieu
artificiel), les élevages partiellement liés au sol, et ceux qui
sont étroitement liés au sol (système extensif)
&
Dans la région du Nord, en dehors de quelques
grands éleveurs, la grande majorité des populations agricoles
pratiquent un type d'élevage étroitement lié au sol. Dans
ce système, les animaux tirent directement l'essentiel de leur
subsistance du milieu de vie. Cet élevage est surtout bovin
c'est-à-dire qu'il concerne les espèces telles que le bauf, le
buffle, le bison etc. ; bien qu'on rencontre aussi des ovins (brebis, moutons
...), des caprins (chèvres), des équins (cheval), des asins
(âne), des porcins (porcs), des canins (chiens) et de la volaille
(Poulets, canards, pintades ...).
« L'épargne animale », si
nous pouvons appeler ainsi cette pratique, est justement une forme
d'épargne car lorsqu'il y a un peu d'argent pendant la période
d'euphorie post-récolte, les ménages l'investissent en achetant
du petit bétail. D'abord ces animaux sont fortement sollicités
lors de tous les évènements qui se déroulent dans la
communauté (fêtes, cérémonies ...). Ensuite, leur
importance apparaît avec un peu plus de d'ampleur dans un autre contexte.
En effet, lorsque les réserves alimentaires sont diminuées ou
simplement épuisées, ce sont ces animaux qui volent au secours
des agriculteurs propriétaires. Soit ils sont consommés
directement, soit ils sont vendus sur le marché.
Cette vente permet aux ménages d'avoir des
liquidités et de s'acheter de la nourriture. Bien évidemment,
pendant la soudure, les prix ne sont pas pratiqués en toute
équité. Les propriétaires de vivres ou les
commerçants, conscients du caractère critique de la situation
et
sachant pertinemment les besoins des populations en
denrées alimentaires, achètent les animaux à des prix
inférieurs à leur prix normal. Abdou GARBA dénonce cette
pratique car, se souvientil, « Les gens ne sont pas bien. Une fois,
j'ai été forcé de vendre une grosse chèvre à
5.000 frs alors que ça pouvait me produire 25.000 même 30.000 frs.
»
Cet argent permettra d'acheter des vivres afin de
satisfaire les besoins alimentaires de la famille ; mais encore, de
résoudre les problèmes ponctuels de santé ou de
scolarité des enfants. Le véritable problème est que,
malgré les efforts consentis par les uns et les autres, c'est l'homme
qui est presque toujours chargé de s'occuper de cette mission. Il n'est
pas de ce fait tenu à rendre compte de la vente ni de la
répartition ou de la gestion des revenus issus de ladite
vente.
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