WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'indemnisation des préjudices résultant de la contrefaçon

( Télécharger le fichier original )
par Alexandre BLONDIEAU
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 Propriété Industrielle et Artistique 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.Nouvelles mesures d'indemnisation introduites dans le système français

La transposition de la directive du 29 avril 2004 a eu pour conséquence d'introduire des mesures inconnues jusque là en France mais déjà pratiquées à l'étranger. Il sera question ici des deux principales innovations en cette matière, une appréciation du préjudice prenant en compte notamment les bénéfices réalisés par le contrefacteur (A) alternant avec une évaluation forfaitaire imposant a minima le prix d'une redevance indemnitaire (B).

117 B. May, « Améliorer l'indemnisation de la contrefaçon : la loi ne suffira pas », préc, p. 9.

A.La prise en compte des bénéfices du contrefacteur

1.Les modèles étrangers

Un certaine nombre de législations permettent à la victime de contrefaçons de se faire attribuer les bénéfices réalisés par le contrefacteur118.

Aux Etats Unis, la loi de 1909 énonçait que toute personne reconnue responsable d'une infraction à un copyright devrait rembourser à son propriétaire les dommages que celui-ci pouvait avoir subi du fait de cette atteinte, ainsi que les bénéfices retirés de cette exploitation illicite. La loi semblait donc permettre un cumul de ces modes d'indemnisation alors que l'intention du Congrès était d'accorder alternativement l'un ou l'autre type de dommages et intérêts. La jurisprudence fut contradictoire sur ce point jusqu' à la loi de 1976. Ce texte vint préciser que « l'allocation des bénéfices du contrefacteur à la victime s'ajoute au remboursement du préjudice subi par celle-ci, si ces profits ne sont pas pris en compte dans le calcul du préjudice »119. De plus, cette loi a précisé que le titulaire du copyright était tenu de présenter des preuves relatives uniquement au revenu brut du contrevenant, et que ce dernier devait apporter la preuve de ses frais déductibles et des éléments de bénéfices imputables à des facteurs autres que l'oeuvre protégée.

Un système similaire s'applique en droit des marques. Le demandeur pourra démontrer quel a été le chiffre d'affaires réalisé par le contrefacteur, notamment grâce à la mesure de la discovery qui lui permet d'obliger le contrefacteur à lui soumettre certains documents. Ce dernier aura alors la charge de démontrer l'étendue des frais qu'il a engagé. Les juges pourront ainsi apprécier dans une certaine mesure les bénéfices effectivement réalisé par le contrefacteur et en attribuer le montant au demandeur.

En revanche, le droit des brevets américains n'indemnise pas la victime de la contrefaçon par la remise des bénéfices du contrefacteur mais connaît une possibilité pour le juge d'augmenter les dommages et intérêts jusqu' à trois fois leur montant120.

En Allemagne le titulaire de droit de propriété intellectuelle victime de contrefaçons, au lieu de tenter de démontrer son gain manqué, pourra demander une redevance raisonnable ou bien l'attribution des profits réalisés par le contrefacteur. Cette possibilité est expressément prévue dans les lois sur le droit d'auteur et sur les dessins et modèles. En revanche, en droit des

118 Selon M. Véron, la France a également connu un tel système en matière de brevets d'invention, jusqu'à un revirement de jurisprudence de la Cour de cassation intervenu en 1963. M. Béhar-Touchais, « Comment indemniser la victime de la contrefaçon de façon satisfaisante » ?, préc.

119 A-J. Kevorkian, préc. p. 83.

120 Paragraphe 2 de la section 284 du Titre 35 du USC.

brevets, cette solution est jurisprudentielle depuis une décision de la Cour d'appel commerciale impériale allemande de 1874, régulièrement reprise par les juridictions depuis. Un auteur explique à ce propos que « le contrefacteur est assimilé à une personne qui aurait agi pour le compte du breveté »121. Opter pour la remise des bénéfices réalisés par le contrefacteur n'était pas nécessairement la solution la plus intéressante pour le titulaire de droits. En effet, d'une part la loi allemande ne connaissait pas de mesure pour obliger le contrefacteur à remettre certains documents au demandeur et d'autre part les tribunaux permettaient au contrefacteur de déduire une large part de ses frais : coûts fixes et coûts variables, réduisant souvent les bénéfices à un chiffre dérisoire. Mais depuis une décision du Bundesgerichtshof de 2001122 interdisant au contrefacteur la déduction de ses coûts fixes, l'attribution des bénéfices est devenue une option financièrement intéressante pour la victime de la contrefaçon.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe