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Le Samusocial Mali et la prise en charge médico-psycho-sociale des enfants de la rue en situation d'urgence sociale. Quelles problématiques pour quelles prises en charge?

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par Jean Douba KONE
Institut national de formation des travailleurs sociaux - Diplôme supérieur en travail social 2010
  

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Enfants et les jeunes en rupture :

Les enfants et les jeunes de cette catégorie sont bien souvent issus du monde urbain et notamment la périphérie de Bamako, où se situent des quartiers très pauvres. Les ruraux sont minoritaires parmi les enfants en rupture.

Ils symbolisent les profondes mutations de la société malienne et la crise des modes de régulation traditionnelle.

La notion de rupture est au coeur bien souvent de leur histoire personnelle. Elle génère un rapport particulier avec le groupe d'enfant ou le leader du groupe qui s'analyse sous l'angle d'une recherche de liens solidaires et chaleureux.

Ces enfants peuvent parfois s'installer dans des lieux où s'expriment un fort contraste entre richesse et pauvreté cf. : les enfants situés face aux Byblos et au Babemba.

On retrouve dans cette catégorie la situation des filles qui sont victimes de la prostitution.

Enfants et jeunes mendiants :

On peut distinguer deux sous groupe :

Enfants talibés : Il s'agit d'enfants confiés par leurs parents à un maître coranique pour suivre un enseignement coranique. Ces enfants alternent entre mendicité et études. Ces derniers sont parfois victimes de mauvais traitements ce qui les conduit à rompre partiellement ou totalement les liens avec leur maître coranique.

Enfants qui mendient avec leurs familles : il s'agit des enfants des mendiants. Certains enfants sont, parfois « prêtés » par leur famille à un handicapé, pour l'assister dans sa mendicité.

Il peut également s'agir de filles sauf bien évidemment pour la situation spécifique des enfants talibés.

2. La vie sociale des enfants de la rue

La vie des enfants de la rue à Bamako est sociale. La survie dans la rue est conditionnée à l'intégration dans un groupe, dans lequel une forme de solidarité s'exerce. Les enfants isolés sont donc des enfants particulièrement vulnérables car ils ne bénéficient pas de la barrière de protection que peut représenter le groupe.

Ø La notion de « groupe d'enfants de la rue »

La notion de groupes des enfants de la rue ne se définit pas au regard de la notion de bande qui sous-tend une cohésion importante de l'ensemble des membres accompagnée d'une revendication identitaire. La notion de bande renvoie à une référence commune : la défense d'un territoire. Or, pour les enfants de la rue, le sens de l'espace occupé n'est pas une composante importante de l'identité sociale et culturelle du groupe. Une des caractéristiques majeures est en effet, l'absence de territoire attitré et exclusif qu'il faut défendre, ce qui exerce une influence prépondérante sur les rapports des enfants entre eux et notamment l'absence de cohésion importante au sein des groupes. Pour les enfants de la rue, les groupes semblent plutôt structurés autour de la lutte contre les agressions extérieures.

Pour les enfants de la rue, la notion de groupe s'analyse donc, plutôt sous l'angle de l'appartenance à un réseau dans lequel les enfants peuvent « passer» dans différents groupes. Le dénominateur commun de ces enfants étant l'appartenance au grand groupe des « enfants de la rue ».

Néanmoins, certains enfants vont parfois s'intégrer de manière importante dans des groupes, au point de construire leurs identités par rapport à leur intégration dans le groupe c'est notamment la situation des enfants victimes ou des leaders des groupes. Ces enfants, pour lesquels le groupe devient seule référence identitaire sont en danger dés lors que les dynamiques de groupes deviennent pernicieuses et qu'ils ne sont plus en capacité de refuser.

Les enfants victimes se soumettent totalement à l'autorité des plus âgés. Le leader du groupe peut également être en souffrance dans son statut d'enfant de la rue mais il est obligé de taire ses difficultés. C'est par et pour ses compétences qu'il a été amené à être le leader. Il ne peut pas briser le masque.

Ø Les logiques de groupes

Le groupe initie l'enfant à ses nouvelles conditions de vie ; le leader du groupe joue un rôle de protection vis à vis de lui, même si ce dernier va devoir accomplir, en contre partie, des tâches en fonction de sa place dans le groupe (amener le repas..). Parfois la pression du leader est trop forte : le fait se saouler les enfants avec l'inhalation de la colle pour les envoyer voler, de les frapper si ils ne ramènent pas assez d'argent...

La consommation de colle qui entre dans une logique d'initiation représente un danger pour les enfants. Ces derniers doivent consommer la colle pour faire preuve de leur force et de leur capacité à être un membre du groupe. L'enfant se trouve alors enfermé dans une spirale destructrice.

Les groupes sont structurés autour de stratégies de survie. Les règles de chaque groupe varient en fonction de la typologie et de l'âge des enfants qui constituent le groupe ainsi que des activités menées au sein du groupe. On retrouve ainsi des groupes qui bannissent la consommation des solvants et d'autres qui la tolèrent. Néanmoins, une règle générale semble se retrouver dans tous les groupes, elle régit la survie économique des membres : il s'agit du partage d'argent et des biens entre tous les membres du groupe. De plus, le respect des aînés est aussi une composante qui structure la vie sociale. Les enfants ont souvent des rapports d'argent entre eux : dettes, prêts ; ils se vendent ou se prêtent des habits.

Les outils de travail sont mis en commun : essuie glace pour laver les vitres des voitures.

Les liens entretenus avec le monde des adultes sont ténus. D'apparence le contact est facile, les enfants acceptent la présence d'adultes. Mais cela ne signifie pas que le lien est créé et que les enfants vont adhérer pleinement aux programmes d'aide. Les travailleurs sociaux du Samusocial se sont parfois heurtés à des réactions violentes de la part des enfants. Ces derniers signifient ainsi qu'on ne rentre pas comme on veut sur leur territoire.

Beaucoup d'enfants se voient attribués au sein du groupe un surnom qui révèle une caractéristique physique, morale, un événement auquel l'enfant a participé ou son rôle dans le groupe : « Bouacar Kouna » : Bouacar le lépreux qui désigne un enfant dont les doigts ont fondu suite à un incendie ; « djakaridia chièchou » : djakaridia le mangeur de poule morte pour un enfant qui a souvent une attitude violente ; « bozodeni » : petit pécheur pour renvoyer à l'ethnie, X « Baconoba » X le gros ventre...

Parfois, certains parents se rendent dans la rue dans l'espoir de favoriser le retour en famille de leur enfant qui est dans la rue. Les enfants sont solidaires vis-à-vis de ceux ci. Ils vont leurs indiquer l'endroit où le trouver et parfois même le rechercher et l'amener aux parents si ce dernier fuit.

Ø Le langage des enfants de la rue à Bamako/ Mali

On retrouve certains mots de vocabulaire spécifique aux enfants de la rue. Les mots ont pu être regroupés dans différents champs lexicaux : l'appellation enfants de la rue, la nourriture, la violence et les stratégies de survie économique. Ils sont révélateurs des préoccupations des enfants : survie économique, survie identitaire, survie psychologique.

Les membres des équipes mobiles d'aide ont relevé quelques mots de vocabulaires utilisés par les enfants de la rue.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand