PARA II : L'INCONSISTANCE DES ELEMENTS CORPORELS DU FONDS
DE COMMERCE DANS LE SECTEUR INFORMEL
S'il est vrai que les marchandises apparaissent comme
l'élément corporel toujours existant dans le secteur informel
(B), il n'en est pas de même avec les autres éléments
corporels tels le matériel et l'outillage qui, à moins
d'être quasiment inexistant, est généralement réduit
et inconsistant. (A)
A - LE MATERIEL ET L'OUTILLAGE
Il s'agit de tous les objets corporels qui servent à
l'exploitation du fonds de commerce notamment les machines et
l'équipement117. L'AU.DCG retient de ces effets mobiliers
servant à l'exploitation du fonds, les installations, les
aménagements et les agencements, le matériel et le mobilier. Il
apparaît ainsi un changement de vocabulaire en la matière qui
traduit la volonté du législateur OHADA de ne pas se comporter en
simple copiste plus ou moins fidèle de son homologue français, et
d'engager de ce fait une nouvelle doctrine 118; car sur la question
la loi du 17 mars 1909 ne parle que du matériel et de l'outillage. Quoi
qu'il en soit et, malgré cet écart de terminologie, il est
certain que dans l'un comme l'autre cas (France et espace OHADA), il s'agit
d'effets mobiliers servant à l'exploitation du fonds.
Dans le secteur informel, ces objets mobiliers existent mais
avec moins d'importance. En effet, l'activité informelle se
caractérisant par son aspect non structuré et
généralement de taille réduite, n'accorde pas grande
importance à ces objets. Alors, contrairement aux commerçants du
secteur formel qui
117 GUYON (Y), op.cit., N° 696, p 710.
118 AKUETE (P) et YADO (J), op.cit., N°345, p.
210.
s'investissent souvent dans le matériel
nécessaire à l'exploitation du fonds, et ceci avec beaucoup de
sérieux, ceux du secteur informel, plus animés par la recherche
immédiate du pain quotidien, se passent grandement de l'implantation de
ces objets mobiliers119, encore moins s'il est question d'un
commerce ambulant et mobile. C'est dire que dans un tel secteur, ces objets
mobiliers existent avec moins d'importance ou de consistance que dans le
secteur formel, car les agents informels s'intéressent habituellement
aux marchandises qu'ils achètent pour revendre.
B - LES MARCHANDISES
Les marchandises sont les meubles corporels destinés
à être vendus, constituant l'objet du commerce. Elles constituent
des stocks qui par hypothèse sont variables et fongibles. Ce que le
langage comptable range dans la rubrique d'actif circulant.
Il faut entendre par marchandises autant les matières
premières destinées à être travaillées, que
les produits destinés à la vente. Il est important de distinguer
les marchandises du matériel car le nantissement du fonds de commerce
peut porter sur le matériel mais non sur les marchandises, en raison de
leur instabilité. Ces dernières pouvant tout de même
être données en gage, ce qui suppose en principe leur transfert
matériel chez le créancier gagiste. Toutefois cette distinction
marchandise et matériel devient difficile lorsque le commerçant
utilise pour l'exploitation de son fonds des objets semblables à ceux
qu'il met en vente120. Cette distinction est davantage plus complexe
lorsqu'il faut prendre en compte les matières premières.
Celles-ci sont incontestablement des marchandises lorsqu'elles sont
destinées à être vendues
119 Certes, ces effets mobiliers existent dans le secteur
informel, mais de façon artisanale et précaire ; c'est ainsi
qu'on peut recenser des paniers servant aux colporteurs dans leurs
activités, des tablettes faites en matériaux non durables servant
aux activités commerciales de certaines femmes dans les abords de
rues.
120 Ainsi une machine de reprographie ou à écrire,
un ordinateur, tous des matériels dans certains cas deviendront des
marchandises si le fonds vend du matériel de bureau.
en l'état ; par contre, elle doivent être
traitées comme de l'outillage ou du matériel si elles servent
à la fabrication de produits proposés à la vente mais sans
entrer dans le processus de transformation de ces derniers121.
Les marchandises sont incontestablement les effets corporels
toujours présents dans le secteur informel, au moins en ce qui concerne
l'économie de la débrouille. L'opérateur y achète
pour revendre, aux fins de survie, des choses corporelles pour la
plupart122.
Le fonds de commerce dans le secteur informel présente
donc en ce qui concerne les éléments corporels une non
consistance qui vient aiguiser de ce fait son caractère particulier,
surtout que le constat affiche en ce qui concerne les éléments
incorporels dudit fonds, une quasi inexistence, du moins une
vulnérabilité certaine.
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