II-3-2 : MEMORANDUM DE LA METHODE
Notre étude a consisté à l'analyse de
l'efficacité interne de l'enseignement primaire au Burkina Faso.
Rappelons qu'un système éducatif efficace en interne est un
système où :



Les flux d'élèves sont harmonieux (forte
rétention des élèves en cours de cycle et faible
fréquence des redoublements et des abandons) ;
Le niveau moyen des acquisitions des élèves
(cognitives, opérationnelles et fonctionnelles) est élevé
;
Le niveau des disparités entre élèves sur
ces deux plans est réduit.
Plus précisément, nous avons à travers
différents types d'analyses passé en revue le niveau
d'efficacité de ce système, détecté les facteurs
déterminant cette efficacité et analysé l'effet d'un
facteur stratégique sur cette efficacité interne. Ainsi :
Dans une première partie, nous avons à travers
une analyse descriptive, décrit d'une part les flux
d'élèves en détectant les niveaux de promotion, de
redoublement et d'abandon et d'autre part les niveaux d'acquisition des
élèves burkinabé à travers notre
échantillon. Nous avons également décrit l'état des
disparités entre élèves, qui prévalent dans le
sous-système éducatif burkinabé.
Cette analyse nous a permis par la suite d'estimer le gaspillage
de ressources düà l'état d'inefficacité du
sous-système, à travers l'indice d'efficacité interne et
l'indice d'efficacité interne du fait des non-acquis.
Ensuite, nous avons à travers une analyse des
correspondances multiples, déceler les corrélations possibles
entre nos facteurs d'efficacité interne (ici les acquisitions cognitives
et le niveau de redoublement) et les autres variables retenues qui ont
été présentées dans la section
précédente. Cette analyse nous a ainsi permis de spécifier
d'une part les caractéristiques des élèves
possédant ou non de bonnes acquisitions cognitives et d'autre part de
caractériser les élèves
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ayant redoublé ou non, au moins un niveau. En outre,
l'analyse des correspondances multiples a été pour nous un
tremplin pour accéder à une modélisation
économétrique à l'aide des axes factoriels ; En effet les
axes factoriels sont des combinaisons linéaires des modalités des
variables actives et lorsque les modalités qui forment respectivement
les acquisitions cognitives et le niveau de redoublement sont
représentées par un axe factoriel, alors toutes les
modalités qui participent à la formation de cet axe sont des
facteurs à priori explicatifs des acquisitions cognitives,
respectivement du redoublement.
Dans une troisième partie, nous avons à travers
les facteurs explicatifs des acquisitions cognitives et du redoublement
prédit des modèles explicatifs de ces facteurs
d'efficacité interne. Nous avons déterminé à
travers des modèles économétriques, une estimation de la
probabilité pour un élève d'avoir d'une part de bonnes
acquisitions cognitives et d'autre part de n'avoir jamais redoublé un
niveau. Nous avons illustré par ce biais les déterminants
significatifs de nos variables d'intérêt ainsi que les effets
à la marge de ces déterminants qui en découlent.
Dans une dernière partie, nous avons à travers
une analyse causale, déterminer l'effet d'une variable
stratégique en terme de politique éducative (ici le choix a
été porté sur la cantine scolaire) sur le niveau
d'acquisition des élèves d'une part et sur le niveau de
redoublement d'autre part.
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DEUXIEME PARTIE :
ANALYSES STATISTIQUES
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III : ANALYSE DESCRIPTIVE
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III-1 : EVOLUTION DES FLUX D'ELEVES AU BURKINA
FASO III-1-1 : DEFINITIONS DU TAUX DE PROMOTION, DU TAUX DE REDOUBLEMENT
ET DU TAUX D'ABANDON
Taux de promotion : le taux de promotion est
égal à la proportion d'élèves d'un niveau
d'étude donnée qui s'inscrivent dans le niveau supérieur
à l'année suivante.
Taux de redoublement : le taux de
redoublement est égal à la proportion d'élèves d'un
niveau d'étude donnée qui s'inscrivent dans le même niveau
l'année suivante.
Taux d'abandon : le taux d'abandon est
égal à la proportion d'élèves d'un niveau
d'étude donnée qui ne se réinscrivent pas l'année
suivante.
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III-1-2 : DESCRIPTION DE LA PROMOTION, DU
REDOUBLEMENT ET DES ABANDONS SCOLAIRES AU BURKINA
Tableau III-1 : Taux de promotion, de redoublement et
d'abandon exprimés en pourcentage
|
|
CP1
|
CP2
|
CE1
|
CE2
|
CM1
|
CM2
|
|
|
82,38
|
80,62
|
78,81
|
76,35
|
|
TAUX DE PROMOTION
|
84,80
|
TAUX DE REDOUBLEMENT
|
10,51
|
8,91
|
16,16
|
13,64
|
21,01
|
40,27
|
TAUX D'ABANDON
|
4,68
|
8,71
|
3,22
|
7,54
|
2,64
|
|
|
Source : statistiques de l'éducation de base :
DEP/MEBA, Année scolaire 2006/2007
Au vu de ce tableau, nous constatons que d'une manière
générale, le taux de promotion est acceptable au Burkina dans la
mesure où celui-ci excède à tous les niveaux les 70%. Mais
nous devons retenir qu'il décroît en fonction du niveau
d'étude, ce qui montre que plus les élèves évoluent
en niveau, et moins ils arrivent à s'inscrire en classe
supérieure soit parce qu'ils reprennent les classes soit parce qu'ils
ont dû quitter l'école.
En dehors de la classe de CM2 où le taux de
redoublement est exceptionnellement élevé (40,27% des
élèves burkinabé ont redoublé la classe de CM2 en
2007), le taux de redoublement bien que toujours élevé au Burkina
reste en général au dessus de la barre des 22%. Les redoublements
élevés en classe de CM2 illustrent bien les difficultés
qu'ont les élèves à passer avec succès l'examen de
fin de cycle : le certificat d'études primaire (CEP). En outre, on note
que les élèves redoublent plus au début de chaque sous
cycle ; les
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redoublants du CP1 (10,51%) dépassant ceux du CP2
(8,91%) ; les redoublants du CE1 (16,16%) dépassant ceux du CE2 (13,64%)
et les redoublants du CM1 dépassant ceux des niveaux
antérieurs.
Quant aux abandons scolaires, bien que ne dépassant pas
la barre des 10% à tous les niveaux, ils restent relativement
élevés. On note en outre qu'ils sont plus poussés dans les
classes de CP2 et CE2 (plus de 5%). Retenons enfin que le niveau d'étude
qui enregistre le taux d'abandon le plus bas est le CM1. Ce taux relativement
faible traduit l'effort fait autour des élèves qui ont
déjà atteint ce niveau pour qu'ils puissent poursuivre leurs
études, du moins pour qu'ils s'acquièrent au moins le CEP.
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III-2 : DESCRIPTION DES ACQUIS SCOLAIRES III-2-1 :
ACQUIS EN FRANÇAIS Tableau III-2 : Acquis des élèves en
FRANÇAIS exprimés en pourcentage
|
ACQUIS EN FRANÇAIS
|
Domaines
|
|
|
FAIBLE
|
MOYEN
|
BON
|
vocabulaire
|
65.48
|
12.54
|
21.98
|
grammaire
|
60.33
|
16.54
|
23.13
|
|
|
|
|
conjugaison
|
57.70
|
14.37
|
27.93
|
orthographe
|
69.03
|
0.00
|
30.97
|
|
|
|
|
L'étude de texte
|
67.72
|
0.00
|
32.28
|
Habiletés
|
|
|
FAIBLE
|
MOYEN
|
BON
|
connaissance
|
68.57
|
11.39
|
20.03
|
compréhension
|
47.57
|
0.00
|
52.43
|
|
|
|
|
application
|
57.76
|
18.78
|
23.47
|
synthétisation
|
86.66
|
0.00
|
13.34
|
|
|
|
|
analyse
|
70.46
|
14.20
|
15.34
|
TOTAL EN FRANCAIS
|
63.19
|
16.43
|
20.38
|
|
Source : base stata, données Enquête
acquis scolaire 2006 : DEP/MEBA
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Ce tableau illustre que dans la discipline de français
:
Au niveau de la section « domaines », les acquis des
élèves sont faibles ; en effet, que ce soit au niveau du
vocabulaire, au niveau de la grammaire, au niveau de la conjugaison, au niveau
de l'orthographe ou au niveau de l'étude de texte, plus de la
moitié des élèves du Burkina ont une note
inférieure à 50/100.
Ainsi, nous avons seulement 34,52% ; 39,67% ; 42,3% ; 30,97% ;
32,28% des élèves burkinabé qui ont une note
respectivement en vocabulaire, en grammaire, en conjugaison,en orthographe et
en étude de texte supérieure ou égale à 50/100,
c'est-à-dire qui ont de bons acquis.
Au niveau de la section « habileté », les
acquis des élèves sont seulement bons en compréhension ou
52,43% des élèves enquêtés ont une note
supérieure ou égale à 50/100. Le niveau des acquis
enregistrés dans les autres matières est faible en
général. En effet seulement 31,42% ; 42,25% ; 13,34% ; 29,54% des
élèves burkinabé ont une note supérieure ou
égale à 50/100 respectivement en connaissance, en application, en
synthétisation et en analyse.
En conclusion le niveau d'acquisition en français des
élèves burkinabé est faible car environ 63% des
élèves ont une note inférieure à 50/100 et
seulement environ 37% de ces élèves ont une note
supérieure ou égale à 50/100.
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